Hong Kong, un laboratoire crypto à ciel ouvert pour la Chine ? Chainalysis enquête

L’arbre qui cache la forêt. Les auteurs du dernier rapport de Chainalysis se posent ouvertement la question, mais ne peuvent y répondre avec certitude : la Chine utilise-t-elle Hong Kong pour préparer sa future adoption des cryptomonnaies ? En effet, en Asie du sud-est, on assiste à la fois à une diminution globale du volume des transactions dans cette zone du monde, mais aussi à l’émergence d’un nouveau hub crypto très important qu’est Hong Kong. Mais tout ceci n’est pas forcément antinomique si on considère que la Chine a tapé fort ces dernières années sur Bitcoin et les cryptos tout en laissant une grande latitude à sa région administrative spéciale pour expérimenter blockchain, tokenisation et cryptomonnaie à toutes les sauces. Plongée dans les paradoxes de la Chine qui joue (peut-être) à poker menteur avec le reste du monde.

L’Asie de l’Est en légère perte de vitesse par rapport au reste du monde

Dans le dernier extrait de la géographie des cryptomonnaies publié par Chainalysis qui concerne l’Asie de l’Est, la première chose qui frappe est la différence entre cette sous-région et le reste du continent asiatique qui montre, lui, une forte augmentation de l’utilisation de la cryptomonnaie. En effet, la zone dite Asie centrale, Asie du Sud et Océanie fait partie des moteurs de l’adoption avec des pays comme l’Inde, l’Afghanistan ou encore le Pakistan. Mais si on resserre vers le sud-est pour se concentrer autour de la Chine, les chiffres sont différents.

En 2019, lors de la publication de ce même rapport, la Chine caracolait en tête des classements avec notamment son activité minière qui comptait alors pour beaucoup. Mais depuis, la zone ne cesse de perdre en importance et les règlementations défavorables de l’Empire du milieu y sont forcément pour beaucoup. Aujourd’hui, l’Asie de l’Est représente seulement 8,8 % du volume mondial, ce qui la place en cinquième position des régions étudiées par le spécialiste de la donnée blockchain. On peut d’ailleurs voir sur le graphique ci-dessous que la dynamique est clairement à la baisse avec près de 30 % des échanges en 2019 pour seulement 10 % actuellement (trait jaune).

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Hong Kong est-il le laboratoire à ciel ouvert de la Chine en matière de crypto ?

Mais la vérité d’un jour n’est pas éternelle et il en va en crypto comme dans l’économie générale, les leaders d’aujourd’hui ne seront pas forcément ceux de demain. Et si on en croit les experts de Chainalysis, il y a une zone qui attire de plus en plus de capitaux, qui montre des signes évidents d’adoption et qui affiche « un optimisme bouillonnant », et cette région, c’est Hong Kong. La région administrative spéciale a en effet reçu environ 64 milliards de dollars de crypto entre juillet 2022 et juin 2023 contre 86,4 milliards de dollars pour la Chine alors que la première ne représente que 0,5 % de la taille du deuxième ! On peut voir sur le graphique que par rapport à sa population, Hong Kong est surreprésenté.

On ne reviendra pas ici sur les multiples avantages que propose Hong Kong aux investisseurs et aux entreprises, mais on va plutôt s’intéresser à la position ambiguë de la Chine et à son rôle dans cet assouplissement de la règlementation locale. Laissons la parole à Merton Lam, entrepreneur local Web3 et CEO de CryptoHK qui aura le dernier mot :

« La promotion d’Hong Kong en tant que plateforme potentielle de crypto n’est pas nécessairement révélatrice de la position du gouvernement chinois sur le sujet. Cependant, nous voyons un certain nombre d’entités soutenues par l’État chinois soutenir indirectement les projets web3 d’Hong Kong et cela pourrait être considéré comme une approche exploratoire pour comprendre les actifs numériques sans assouplir les politiques du continent. Enfin, même si ces évolutions renforcent les chances d’Hong Kong de devenir un leader mondial sur le marché réglementé des actifs numériques, il est trop tôt pour dire ce qu’elles signifient pour la Chine dans son ensemble. »

On aura probablement quelques réponses dans les mois qui viennent en voyant comment la Chine se positionne officiellement vis-à-vis des cryptos et comment Hong Kong conforte, ou pas, sa place de nouveau leader de la crypto mondial.

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