L’émergence d’un nouveau crypto-paradigme ? – Alors que la pression réglementaire est de plus en plus prononcée du côté des USA et de l’Europe, l’Asie, quant à elle, avance. Elle progresse même d’un pas assuré vers une plus grande démocratisation des cryptomonnaies et de la tokenisation d’actifs. De quoi enrhumer des politiques occidentales timides et réticentes qui cherchent par tous les moyens à freiner le développement d’un secteur qui leur échappe.
Transition crypto : les USA freinent des quatre fers…
Avec la SEC, il y a un nouveau shérif à Crypto-City
Au gré de ses décisions des derniers mois, les intentions de la SEC (Securities Exchange Commission) nous apparaissent avec de plus en plus de clarté. Le régulateur, en nouveau shérif auto-proclamé, s’attèle à un grand ménage de printemps sur cet embêtant secteur des cryptomonnaies, quitte même à outrepasser sa juridiction. Des tentatives dénoncées par la Chambre de Commerce du numérique qui viendraient à terme, selon elle, mettre en danger la santé et la viabilité du marché américain des actifs numériques.
Il faut dire que la SEC accroche de plus en plus de trophées à son tableau de chasse. Après avoir épinglé l’exchange Kraken, c’est désormais le BUSD, issu d’un partenariat entre Paxos et Binance, qui subit actuellement ses foudres. Les rivalités aidant, le token est progressivement délisté des plateformes d’échange, comme le mentionnait Coinbase dans son dernier communiqué.
Menace réglementaire, quand la presse s’en mêle
Histoire de rajouter un peu d’huile sur le feu, Forbes a récemment publié un nouveau rapport à charge contre Binance. Celui-ci sous-entendrait que des détenteurs de la version de l’USDC transposée sur la BNB Chain (Binance-peg USDC) se seraient retrouvés à un moment donné sans garantie. Un sujet aussi tabou que redouté depuis la crise de confiance liée à l’affaire FTX. Le média met en avant des mouvements de fonds suspects d’approximativement 1,8 milliard de dollars.
Changpeng « CZ » Zhao, le patron de Binance, s’en est défendu sur Twitter. Pour lui, il s’agit de la simple mauvaise foi de journalistes qui n’ont pas la moindre idée du fonctionnement d’un exchange crypto. Pour CZ, cet article n’est ni plus ni moins qu’une énième tentative des États-Unis pour décrédibiliser son exchange qui, rappelons-le, est le plus gros au monde… et de très loin. Une ultra-domination que les USA pourraient à juste titre voir d’un mauvais œil.
Pour la SEC, toutes les cryptomonnaies, hormis éventuellement Bitcoin, ne sont rien de plus que de simples actions (securities). Une vision simpliste de ces nouveaux OVNI du numérique, mais très pratique pour le régulateur qui s’arrogerait ainsi le droit de fourrer son nez absolument partout.
Une prise de position contre les cryptos qui est d’ailleurs partagée par le FMI (Fonds monétaire international). Ce dernier souhaite évidemment mettre bien en avant les MNBC (monnaies numériques de banques centrales) sur lesquelles les gouvernements auront le plein contrôle. Même les stablecoins sont autorisés dans leur giron. Mais les autres cryptomonnaies ne reposeraient décidément « sur rien ».
… pendant que l’Europe et l’Asie accélèrent
La tokenisation : le top départ d’une toute nouvelle finance
Loin de se préoccuper des turpitudes réglementaires des USA, à l’autre bout du monde, les choses avancent. La technologie continue, elle, de se développer, malgré les turbulences, sous l’impulsion notamment d’un concept novateur : la tokenisation d’actifs. Car, par-delà l’aspect artistique de nos jolis NFT, c’est virtuellement toutes les composantes de notre économie qui pourraient être un jour tokénisées : immobilier, agroalimentaire, actions, obligations, … Des milliers de milliards de dollars sont en jeu. Des chiffres qui ont de quoi donner le tournis.
Une véritable tokenisation de la finance est en train de s’initier, selon les analystes de BlackRock. Une tokenisation dont nous voyons aujourd’hui à peine les prémices. La tokenisation des titres d’entreprise constitue typiquement un nouveau moyen inédit de lancer son activité pour les startups. Un mode de financement qui devient soudainement accessible à tous, et ce, très facilement.
De nouvelles initiatives apparaissent, issues d’alliances entre des professionnels de la finance traditionnelle et des spécialistes du secteur crypto. Le partenariat entre Cité Gestion et Taurus en est un bon exemple. Le mastodonte bancaire suisse a purement et simplement décidé d’enclencher la tokenisation des parts de son capital. Une initiative inédite dans le secteur bancaire et qui ne sera probablement pas la dernière.
L’Asie et l’Europe ouvrent leurs portes aux potentialités cryptos
Ces opportunités inédites offertes par l’émergence de cette nouvelle technologie, plusieurs pays d’Asie l’ont bien compris. La Thaïlande, typiquement, s’apprêterait à donner son feu vert aux investisseurs afin que ces derniers puissent tokeniser tout type d’actifs.
Hong Kong, de son côté, a récemment émis l’équivalent de 100 millions de dollars d’obligations vertes sur la blockchain. Des obligations tokenisées chargées de booster les initiatives liées au développement durable. Nous assistons ici à une véritable numérisation du marché des capitaux au cœur de l’écosystème blockchain.
En Europe, c’est l’Allemagne qui montre la voie. Si le mot « Bitcoin » est encore persona non grata dans le milieu bancaire, l’incursion de la technologie blockchain, elle, y est de plus en plus forte. La Deutsche Bank a ainsi lancé une première initiative de tokenisation d’actifs financiers. Contre toute attente, ces banques s’approprient même déjà les techniques de DeFi (finance décentralisée) sur Ethereum et la technologie récente des Soulbound Tokens (SBT).
Crypto : la révolution de demain se prépare aujourd’hui
Ethereum a le vent en poupe à la veille de Shanghai
Le monde semble donc doucement se réveiller en découvrant les potentialités bien réelles de la crypto et l’ouverture qu’elle propose sur une toute nouvelle manière d’imaginer la finance. Des révolutions dont Ethereum est bien souvent le fer-de-lance : DeFi, NFT, dApps, … L’engouement pour la blockchain imaginée par Vitalik Buterin ne se dément pas, année après année.
Preuve en est, le protocole de staking Lido, dont la forte attractivité semble ne jamais vouloir ralentir. Le protocole a récemment enregistré son plus grand afflux d’ETH déposés en staking depuis sa création : 150 000 ETH en une journée. Un record.
Une confiance sans cesse reconduite dans la blockchain Ethereum qui se dirige à grands pas vers sa mise à jour Shanghai, plus de 6 mois après le succès de The Merge. Alors que l’ultime étape, le tesnet Goerli, a eu lieu le 28 février, cette nouvelle évolution du réseau se rapproche inexorablement. Prévue courant mars, aucune date n’a en revanche pour l’instant été annoncée.
Shanghai permettra notamment aux investisseurs de débloquer à volonté leurs précieux ETH stakés sur le réseau. Une petite révolution qui pourrait attirer nombre d’investisseurs, désireux de tirer partie en toute sécurité d’un rendement d’environ 5 % sur leurs capitaux.
Ethereum et Bitcoin : l’éternelle dualité entre deux OVNI technologiques
Des perspectives alléchantes qui ont de quoi émoustiller les spéculateurs de tout poil. En effet, selon les analystes du cabinet Bernstein, les planètes n’ont jamais été aussi parfaitement alignées pour une domination de la seconde cryptomonnaie du marché vis-à-vis du suprême leader, Bitcoin. Entre passage en Proof of Stake (PoS), réduction de supply et mise à jour Shanghai, il faut dire qu’Ethereum, devenue « blockchain verte » soi-disant en passant, accumule les atouts.
Cet or numérique nommé Bitcoin, quant à lui, continue sur la lancée d’une démocratisation qui se propage de plus en plus vite. Son incensurabilité fait des émules au sein de populations malmenées par les excès monétaires de leurs gouvernements. Et les cas d’usage, portés par le Lightning Network, le réseau de seconde couche de Bitcoin, se multiplient.
Que l’on soit Bitcoin maxi ou afficiano d’Ethereum, une chose est certaine : la démocratisation avance à grands pas. De récentes études menées en février 2023 par le cabinet Morning Consult, à la demande de Coinbase, démontrent un engouement toujours plus grand pour ces monnaies du numérique. Le public interrogé, lassé d’un système traditionnel de plus en plus inégalitaire, porterait un intérêt croissant au secteur crypto. Une tendance d’autant plus forte chez les jeunes générations. Celles-là mêmes qui seront au gouvernail du monde de demain.
Révolution crypto : deux visions du monde s’affrontent
Alors que les USA cherchent avant tout à protéger l’hégémonie de leur dollar chéri, leurs excès finissent petit à petit par les rattraper. Une confiance qui s’effrite et un dollar qui perd progressivement de sa superbe. De plus en plus de pays cherchent des monnaies alternatives, des moyens de s’extraire de l’oppression monétaire américaine. Ceci, l’Afrique, première concernée par ces dérives économiques, l’a compris depuis bien longtemps. Et l’Asie semble également embrayer le pas, attirée aussi, il faut bien le dire, par les gains potentiels inhérents à une finance d’un tout nouveau genre.
Il n’est pas du tout certain qu’une régulation excessive, chemin que semble emprunter le gouvernement américain, à travers son bras armé, la SEC, soit la solution pour entraver un secteur crypto aussi ouvert sur le monde. Il se pourrait bien que cette route soit une impasse qui conduirait tout simplement l’Amérique vers un retard inexorable sur la concurrence, et non une mainmise sur cette technologie aussi impalpable que les lignes de codes qui la compose. Une technologie dont la proposition de valeur ne fera d’ailleurs que se renforcer au fil du temps et des dérives monétaires.
Même si la route est encore longue avant que la technologie ne s’impose, nul doute que les innovations qu’elle porte en son sein, à l’image de la tokenisation, seront vectrices d’une adoption toujours plus grande de par le monde. A commencer par le continent asiatique en effet. Une tendance que Vitalik avait peut-être senti en nommant la prochaine mise à jour de son protocole : Shanghai. Une appellation fort à propos aujourd’hui, il est vrai, au vu de l’actualité. Rien d’étonnant, car ce petit génie de la blockchain a toujours eu le nez creux… même si ce dernier, en éternel insatisfait, rappelle que de nombreuses évolutions restent à venir. Et c’est peut-être heureux que la meilleure partie de cette belle histoire crypto reste à bâtir.
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