De Mark Zuckerberg à la crypto : le metaverse est-il une erreur ? Le Meta-Hebdo

À la recherche d’une liberté virtuelle – Souvent moqué, le metaverse est le talon d’Achille du web 3, son point faible, et parfois même sa faute de goût. Graphismes limités nous faisant presque régresser dans les années 2000, fonctionnalités restreintes. Non, le metaverse n’existe pas encore.

Paradoxalement, la notion d’un monde virtuel séduit les géants du Web 2. Le Web 2 désignant l’Internet tel que nous le connaissons aujourd’hui. Cependant, ce dernier ne semble pas encore être assez charmant pour être aimé de tous. L’expérience traversée par Mark Zuckerberg, dirigeant de Meta, illustre cette triste réalité. Gouffre financier pour l’entreprise, cette dernière n’en a pourtant pas fini de devoir améliorer son metaverse phare : Horizon Worlds. Les difficultés de Meta sont-elles alors révélatrices d’un métavers vain ? Telle une peine perdue, la notion d’un monde virtuel interconnecté serait-elle impraticable ?

Manque d’enthousiasme, centralisation, marché baissier sont autant d’obstacles qui se dressent sur le chemin du développement du metaverse. Au fil de notre réflexion, la gouvernance s’imposera donc comme une évidence qui permettra un metaverse tel qu’il devrait l’être. Nous comprendrons alors qu’accablé de défis qui lui sont propres, le concept d’un metaverse entièrement décentralisé est, pour le moment, une chimère. Est-ce un aveu d’échec définitif pour le métavers ? Plongeons dans le Méta-Hebdo.

Le metaverse, ou les Malheurs de Mark Zuckerberg

Microsoft et Meta : mariage de raison pour l’avenir d’Internet

L’objectif était énoncé de manière explicite lorsque Mark Zuckerberg annonçait le changement de nom de Facebook en Meta. Le chef d’entreprise déployait alors la vision d’un avenir utopique permis grâce au métavers. Pour mettre en place ce projet de rêve, des milliards de dollars ont été dépensés pour développer Horizon World, le propre espace virtuel de Meta.

Dans cette dynamique, la société annonçait donc le lancement de son nouveau casque VR et par là même un nouveau partenariat avec la société Microsoft. Pionnier du métavers industriel, à la pointe de la technologie avec des robots précis capables d’agir pour vous à distance dans le monde réel : Microsoft est un nouvel allié de choix. Satya Nadella, PDG de Microsoft, partage d’ailleurs le même enthousiasme :

« Chez Microsoft, nous sommes incroyablement enthousiasmés par le métavers et la façon dont les mondes numériques se rejoignent et transforment tout, y compris notre façon de travailler. »

Les nouvelles fonctionnalités du casque VR présenté en partenariat avec Microsoft ont également été mises en avant :

  • Intégration de solutions d’appels d’équipe dans des espaces virtuels ;
  • utilisation d’application Microsoft telles que Word, Excel, Power Point ou encore le Windows Cloud ;
  • compatibilité avec l’application de gestion des identités Windows ;
  • retour plus intuitif du contrôleur de mouvement.

Ce casque aspire à inciter les entreprises à travailler dans Horizon World. Cependant, et malgré les milliards investis, Horizon Worlds essuie les critiques de nombreux membres de la communauté Meta. Même ses employés ne savent plus où donner de la tête.

L’erreur est humaine, donc l’erreur est Mark Zuckerberg

Un article récent du New York Times nous explique que les plaintes des employés de Meta concernant cette stratégie de développement s’accumulent. Les fréquents changements liés aux différents caprices de Mark Zuckerberg prenant le dessus sur la passion qui lie les employés à l’entreprise. Certains membres de la direction sembleraient même contre la stratégie de Mark Zuckerberg !

Après les moqueries essuyées suite à la révélation de l’avatar de Mark Zuckerberg au mois d’aout 2022 pour le lancement d’Horizon World à Paris et Barcelone, Mark Zuckerberg, devenu la risée du métavers, a dû réagir. Les employés de Meta ayant précisé qu’après cet incident, il avait demandé l’accélération des avatars de Meta. Par la suite, toujours d’après le New York Times, ce ne sont pas moins de 40 avatars qui ont été essayés au mois de septembre.

Le scepticisme des employés, qui déplorent ne pas posséder de casque pour essayer Horizon Worlds, contraste donc avec l’enthousiasme qui caractérise Mark Zuckerberg. 58 % des employés de Meta disent ne pas comprendre la stratégie de l’entreprise. Ces discussions internes déballées au grand jour nous expliquent même que certaines tâches portent l’annotation de MMH, Make Mark Happy (rendre Mark Heureux en français).

Par ailleurs, il est décrit une forme de lassitude face aux limites technologiques d’Horizon Worlds. Par exemple, on apprend que la réunion d’équipe prévue pour faire une démonstration des nouveaux outils récemment développés dans Horizon Worlds n’a pas pu se dérouler dans le métavers de Meta. Ainsi a-t-elle finalement eu lieu sur Zoom… faute de mieux.

Et, si l’erreur était le metaverse ?

Pas de jambe, pas de metaverse

Les points négatifs peuvent être nombreux. Internes et externes à l’entreprise. Disponible uniquement à la précommande, le casque coute 1 499 $. Par ailleurs, le monde proposé par Meta est encore très limité. Avatars sans jambe, bugs, graphisme restreint. Ce n’est pas à la hauteur de ce que l’on attendrait d’un monde virtuel pendant de notre réel.

Dans ce sens, les messages internes de cadres dirigeants de Meta comme Vidal Shah résonnent comme un aveu de faiblesse. En effet, ce dernier déplore le fait que les employés de Meta n’aiment pas leur produit :

« La simple vérité est que si nous ne l’aimons pas (Horizon Worlds) comment pouvons-nous espérer que nos utilisateurs l’apprécient ? (…) Depuis son lancement la fin de l’année dernière, nous avons constaté que la thèse centrale d’Horizon Worlds – un réseau synchrone ou les créateurs peuvent créer des mondes attrayants – est solide (…). Mais actuellement, les commentaires de nos utilisateurs, testeurs et créateurs ainsi que de beaucoup de nos employés indiquent que le poids total des informations, les problèmes de stabilité et les bugs rendent trop difficile la découverte d’Horizon World. »

Au-delà des problèmes internes à l’entreprise, le contexte macroéconomique n’épargne pas Mark Zuckerberg et son entreprise. Le cours de l’action Meta s’effondre de 60 %, l’inflation et la turbulence sur les marchés, le gel des embauches au sein de l’entreprise sont autant de faits de nature à laisser se développer le scepticisme des investisseurs. Matthew Bell, investisseur expert en métavers et conseiller de Mark Zuckerberg, fait état de ce contexte lui-même :

« Les pressions auxquelles l’entreprise Meta est confrontée en 2022 sont aiguës et non liées au métavers (…) Il y a un risque que tout ce que Mark a exposé sur le metaverse soit juste, sauf que le timing est beaucoup plus éloigné que ce qu’il avait imaginé. »

Horizon Worlds et ses avatars avariés
L’avatar – loupé – de Mark Zuckerberg au moment du lancement de Meta en France et en Espagne – Source : Facebook

Meta persiste et signe : le metaverse, c’est l’avenir

Toutefois, et nombreuses sont les études qui vont dans ce sens, le métavers serait le futur du commerce, du développement et du marketing. Et, Meta compte bien surfer sur cette vague. Ainsi, Andy Stone, porte-parole de Meta, confirme la confiance de l’entreprise en le metaverse :

« Il est facile d’être cynique à l’égard de nouvelles technologies innovantes. La construire réellement est beaucoup plus difficile. C’est pourtant ce que nous faisons, car nous croyons que le métavers est l’avenir de l’informatique ».

Ainsi, au-delà des critiques et du sarcasme – 300 000 utilisateurs en décembre 2021 déclarés sur ses 2,9 milliards utilisant Facebook – certains points positifs peuvent être soulignés :

  • Si Meta réussi le métavers, évidemment, il devancera de loin ses concurrents ;
  • Le casque VR de Meta est ce qui se fait de plus populaire et de plus plaisant sur le marché ;
  • 21 millions d’installations de l’application Oculus.

La vision long terme est par ailleurs soulignée par la communication de Meta. De plus, on peut également noter que malgré le contexte économique, ces partenariats récents avec Microsoft, mais également Accenture (organisation d’événements numériques) et Zoom (réseau social) sont positifs malgré l’hiver qui s’annonce rude pour Meta.

Les Malheurs de Mark ne nous rappellent que trop les points essentiels qui doivent construire et façonner un metaverse pour qu’il s’anime. Ce dernier doit être : agréable, rémanent, pratique, créatif, éducatif et simple.

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Le metaverse, une cause perdue ?

Le metaverse…

Expectations versus…

Lorsque l’on aborde la notion de métavers, il y faut considérer sa notion théorique. Sur le papier, cette notion issue de la science-fiction développe l’idée d’un monde tridimensionnel. Celui-ci permet d’agir dans une réalité virtuelle indépendamment de son physique.

Aussi, le metaverse dans sa définition d’origine permet d’agir dans la réalité. Rendant dans un sens le monde plus petit, ce réseau social du futur permet d’abolir quelques frontières et favorise les échanges internationaux. Par cette définition théorique, on comprend que le but ultime de cet espace numérique est le renforcement de connexions sociales quelque soit les distances.

…Reality :

Dans les faits ce n’est pas la même donne. Encore trop jeune, le métavers peine à être ce qu’il devrait être. Ce qui est proposé, que ce soit par Meta et les autres, n’est qu’une pâle copie de ce que nous pourrons réussir à faire.

Decentraland est fréquemment critiqué pour l’aspect limité de ses graphismes. The Sandbox également même si l’utilisation de pixel art lui permet d’amenuiser cet aspect technologique limité. Interopérabilité, fluidité des échanges sociaux sont autant de notions qu’il faudra revoir pour que le metaverse soit réellement ce qu’il prétend être.

Métavers dans la capitale chinoise

Malgré tout, le metaverse a un potentiel de croissance inespéré

Paradoxalement, le metaverse entre dans une logique de développement marketing pour plusieurs secteurs. Les géants de la finance traditionnelle y voient une croissance potentielle face à un secteur de l’Internet qui s’essouffle.

Devenu possible avec les progrès technologiques, Ashley Zandy, responsable communication de Meta, développe le choix – critiquable et critiqué – de l’entreprise :

« La société est confiante (…) le métavers est l’avenir de l’informatique, il devrait être construit autour des gens. (La société) apporte toujours des améliorations de qualité sur les commentaires de notre communauté de créateur. Il s’agit d’un voyage de plusieurs années et nous allons continuer à améliorer ce que nous construisons ».

Plus largement, cette élimination de l’espace physique peut être positive pour de nombreux domaines. Le système de santé en a, par exemple, bénéficié largement pendant la période de la covid. Envisager une éducation à travers le métavers éviterait également de nombreuses barrières :

  • d’espaces, permettant des expériences empiriques au-delà des limites de l’espace ;
  • sociales : les ressources pourraient être substituées dans un établissement scolaire par exemple ;
  • humaines avec une effervescence des expériences sociales.

Les limites et les echecs du metaverse

Lorsque le metaverse est au service de l’intérêt privé, des limites peuvent alors lui être apposées. Gain d’influence, possibilité de vente et d’achat libre, contribution au développement personnels, les atouts sont nombreux et les dérives qui les accompagnent également.

En effet, le déni de la réalité physique, la collecte des données privées, l’enregistrement des données faciales sont autant d’indices qui montrent que la centralisation de nos données est une menace pour les libertés les plus fondamentales d’Internet. S’ajoute à cela bien évidemment les dérives humaines que nous peinons déjà à modérer dans l’Internet que nous connaissons.

De la gouvernance dans le metaverse

Metaverse, blockchain et cryptomonnaie

Le lien entre ces différentes notions n’est pas évident. Pourtant, celles-ci se rejoignent derrière les valeurs qu’elles défendent. De lorigine de la création de Bitcoin au metaverse, une des idées qui mène ces innovations est celle d’un espace d’échange transparent et direct.

Aussi, pour permettre cette liberté, l’arrivée des technologies de la blockchain et des NFT était une aubaine pour le métavers. Il avait alors trouvé là l’espace nécessaire pour se développer. La technologie permettant ainsi d’appliquer le concept.

Dans ce sens, Mark Zuckerberg et Meta se sont eux-mêmes essayé à cet exercice. NFT sur Instagram et Facebook, développement d’un portefeuille crypto centralisé… . La création d’un monde virtuel à part, régi par sa propre monnaie et dont l’authenticité fait la valeur de ses membres, est donc en marche malgré les apparences plutôt loupées.

Centralisation versus décentralisation

La centralisation : le caillou dans la chaussure du metaverse

Mais, là où le bât blesse, c’est que le développement de Meta se fait sous l’égide d’une centralisation qui est déjà pour certains le fléau des technologies d’aujourd’hui. Cette centralisation permet une gouvernance du metaverse. Il est ainsi maîtrisé par des entités qui se font alors les intermédiaires des échanges au sein du monde virtuel.

En effet, par les aspects positifs que le metaverse peut avoir en étant au service de l’intérêt public comme nous avons pu l’évoquer pour les espaces de santé ou pour l’éducation, le metaverse est devenu un symbole d’inclusivité lorgné par des institutions et des gouvernements. Des Émirats arabes unis cette semaine, en passant par le Japon la semaine précédente, le métavers est alors vu comme la possibilité de développer un pays au-delà de ses frontières.

La centralisation freine cependant le développement du metaverse. En effet, les utilisations de nos identités questionnent. Nos données seront-elles négociées et revendues dans le metaverse ? Que devient la propriété de notre identité ? Quelle est la place de la régulation dans tout cela ? Tout reste embryonnaire. Légiférer le Web 3 parait bien secondaire face à un web 2 qui n’a pas encore fini de se réguler.

La décentralisation : l’essence du metaverse

Ce qui caractérise la décentralisation, c’est l’absence d’intermédiaire. C’est-à-dire l’absence de personne tierce, d’institution permettant les échanges. Ce faisant, la décentralisation permet l’absence de censure et d’entrave à la liberté.

Par les principes qui font sa colonne vertébrale, la notion même de metaverse, calque de notre réalité, espace de liberté propre, ne peut alors être permis que par la décentralisation. Mot d’ordre de la philosophie qui guide la création des cryptomonnaies. Les jetons devenant des preuves d’appartenance et le moyen de mener des échanges de pair à pair et direct, sans intermédiaires. Par la suite, le développement des NFT a ainsi permis les prémices de la gouvernance. Nous avons pu le voir la semaine dernière. Preuves d’appartenance à une communauté et un monde, ils sont la clé d’entrée d’un métavers.

Metaverse et gouvernance : les DeFis qui attendent le metaverse

La gouvernance

La gouvernance du metaverse est encore une notion inaboutie. Elle se caractérise souvent par la possession d’un NFT permettant alors une gouvernance, une possibilité de décider de l’avenir d’un projet, d’une entreprise ou encore d’une association. Gravés sur la blockchain, les votes anonymes permettent donc une voix directe et sûre, sans corruption, triche et autre mensonge.

Cette gouvernance semble être inévitable si nous souhaitons que le métavers demeure un espace d’échange libre permettant le développement économique et sociale des individus. Mais, ne soyons pas utopistes, cette notion d’une gouvernance appartenant à tous est encore trop jeune. Elle a d’ailleurs de nombreux défis à relever.

Les défis qui attendent le vrai metaverse

Il faut tout d’abord noter que la décentralisation permet de nombreuses opportunités. Elle mutualise des voix qui peuvent toutes dès lors permettre la croissance d’un projet, mais aussi d’individualités. Paradoxalement, la décentralisation peut également se révéler difficile si elle n’est pas contrôlée, par des règles ou des interdits, pour limiter la dangerosité de certaines personnes dans l’écosystème.

Nous y revenons, mais la confidentialité des données et la protection des cryptomonnaies sont également un fléau et un défi auquel la décentralisation doit faire face. Les hacks sont courants et l’actualité nous le prouvait de nouveau cette semaine avec le hack de Mango Market. Les défaillances en matière de cybersécurité demeurent une menace. Les freins technologiques sont encore nombreux et l’interopérabilité n’est pas encore de mise.

Enfin, et c’est peut-être un des défis les plus importants pour nous tous qui sommes témoin de la naissance de l’écosystème : l’éducation. Cruciale et essentielle, elle permettra ce que l’on appelle parfois grossièrement : l’adoption de masse.

Les DAO, Organisation décentralisée autonome, répondent potentiellement à certaines problématiques propres face à la nécessité d’un métavers décentralisé. Éducation, entraide, sécurité au sein d’une organisation dont les membres prennent des décisions choisies. Ces structures neutres semblent pouvoir répondre aux critiques que le métavers essuie de la part de ce que l’on surnomme « les crypto bros ».

Il faudra trouver un équilibre entre régulation, normalisation et décentralisation si nous souhaitons voir naître un métavers semblable à la notion qu’il porte et au concept de liberté qu’il illustre. Qu’il s’agisse des récentes décisions censurant plus d’une transaction sur deux sur la blockchain Ethereum ou des différents KYC, Know Your Customer qui pullulent à travers le Web 3, le métavers devra avant tout être simple, pratique, bien conçu et agréable. Il devra permettre non pas des prouesses techniques en priorité. Il devra, en effet, avant tout éviter de tomber dans les fléaux publicitaires, déjà visibles dans certains métavers comme celui de Decentraland. Enfin, il devra avant tout rester libre.

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Magali

De simple lectrice en 2017 à rédactrice en chef depuis septembre 2023, j'allie maintenant l'écriture à mes connaissances à travers mes articles pour Le Journal du Coin. Mon seul but est celui de vous informer sur l'univers de demain : celui de la blockchain, des cryptomonnaies, des NFT et du metaverse. Persuadée que Bitcoin est une révolution, j'entends participer à la vulgarisation de notre écosystème.