La revanche des BRICS – Le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud : voilà ce que ce désigne cet acronyme utilisé pour parler des grandes économies du monde hors OCDE. Longtemps sous domination économique des Etats-Unis et de l’Europe, ces pays semblent décidés à voler de leurs propres ailes et à remettre en cause l’hégémonie de la principale devise du monde à l’heure actuelle : le dollar américain. D’annonce en annonce, la dédollarisation du monde s’organise et se met en place petit à petit. Dernièrement, ce sont les déclarations du premier ministre malaisien qui ont relancé le débat. Direction Kuala Lumpur pour voir ce qu’il en est !
L’Asie souhaite s’émanciper du dollar américain…
Fin mars, les cinq pays de la BRICS ont envisagé de mettre en place une monnaie commune pour se défaire de l’influence du dollar sur leurs économies respectives et mettre les Etats-Unis à distance par la même occasion. La Russie et la Chine ont déjà décidé d’échanger dans leurs monnaies nationales et de tourner le dos au billet vert dans le futur. Et il semble que l’idée fasse son chemin auprès d’autres nations.
Dernièrement, c’est le Premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, qui aurait déclaré être favorable à la création d’un fonds monétaire asiatique. Lors d’une rencontre internationale dans la petite ville côtière de Bo’ao et en présence de plusieurs chefs d’Etat de la sous-région, dont la Chine, l’idée aurait été abordée et saluée positivement par l’Assemblée. Voici ce qu’a déclaré Anwar Ibrahim à ce sujet :
« Maintenant, avec la force des économies de la Chine, du Japon et d’autres, je pense que nous devrions en discuter ou au moins envisager un fonds monétaire asiatique avec nos devises respectives. »
… pour des raisons économiques, mais pas seulement
L’idée n’est pas nouvelle, et c’est même un véritable serpent de mer de l’économie mondiale. Régulièrement brandie, la fin du dollar et des Etats-Unis n’est vraisemblablement pas pour tout de suite. Cependant, les déclarations d’intention semblent petit à petit laisser la place à des engagements. A l’occasion de la guerre en Ukraine, la Russie s’est retrouvée écartée par les sanctions internationales du système SWIFT et a dû trouver un plan B. D’où l’intérêt, pour elle, de son accord financier avec la Chine qui est une véritable petite révolution financière.
De même, la crise bancaire actuelle et la perte de confiance dans le système américain pourrait laisser une petite place à ce genre d’initiative. Enfin, tout ceci est également hautement politique et, en coulisses, c’est bien plus qui se joue.
Un journaliste chinois du South China Morning Post, Alex Lo, a même utilisé le mot de « politique étrangère de gangster des Américains ». Pour lui, les Etats-Unis veulent pouvoir dicter au monde entier la marche à suivre et se permettent tout à coup de sanctionner untel ou untel sur simple décision unilatérale. Pour lui, ce temps-là semble révolu et le dollar perd son omnipotence. D’ailleurs, rappelle-t-il, le Brésil utilise désormais le yuan dans certaines transactions, tout comme le Français Total qui vient également de signer son premier contrat dans la monnaie chinoise.
Ce lent mouvement de renversement de la puissance prendra du temps, mais les premiers dominos sont déjà en train de tomber. Les temps changent et les forces en puissance aussi. Les économies des cinq pays qui constituent la BRICS pèsent désormais plus lourd que celles des membres du G7. E et ça, c’est nouveau. Il faut donc s’attendre à d’autres déclarations et de sacrés changements dans les mois et les années qui viennent.
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