La crypto mais en mieux – La monnaie numérique de banque centrale (MNBC) est devenue un sujet prédominant dans l’environnement crypto. Dernièrement, on a vu le Parlement britannique se positionner favorablement sur une livre sterling numérique ou le Brésil faire un grand pas vers un réal numérique. Pour des raisons propres à chaque nation, les MNBC pourraient devenir un outil financier incontournable, voilà pourquoi il était finalement logique qu’elles finissent par préoccuper l’instance de coordination des banques centrales, à savoir la banque des règlements internationaux (BRI). Le dernier bulletin d’information de l’institution de Bâle aborde ces questions de MNBC à travers le prisme des dangers systémiques liés à la cryptomonnaie. Explications.
La banque des règlements internationaux voit Bitcoin et la crypto d’un mauvais œil
La banque des règlements internationaux est une organisation chargée de la coopération entre les banques centrales nationales et de la stabilité financière mondiale. Basée en Suisse, elle rassemble 63 pays et ses recommandations sont scrutées avec la plus grande attention par les autorités locales et internationales. Ses bulletins d’informations sont publiés plusieurs fois par an et le dernier, le numéro 66, concerne la crypto et les MNBC.
Matteo Aquilina, l’économiste en chef de la BRI, a analysé les événements récents du marché crypto et en a tiré l’enseignement suivant :
« Les récentes défaillances des marchés des actifs numériques soulignent la nécessité de faire face aux risques présentés par la cryptomonnaie avant que ces marchés ne deviennent systémiques. »
Non seulement les exchanges centralisés et décentralisés de la crypto partagent des points de vulnérabilité avec la finance traditionnelle (TradFi), mais à bien des égards, ils sont encore plus fragiles. Effet de levier, problèmes de liquidité ou encore asymétrie dans l’information sont autant de dangers inhérents au secteur.
L’institution internationale envisage différentes réponses face à la crypto-menace
Face à cette réalité et au fait que « la crypto ne disparaitra pas d’elle-même », la BRI envisage trois axes de réactions possibles pour protéger le consommateur, le marché et la stabilité financière mondiale : interdire, contenir et réguler.
Interdire est tentant, car cela permet de protéger le système financier international et les consommateurs. Mais cette option va à l’encontre de certains principes fondateurs des sociétés et empêche de profiter des innovations liées à la crypto. De plus, une prohibition pure et simple paraît compliquée à mettre en place.
Contenir en isolant les activités liées à la crypto du reste du marché est la deuxième option. Cela permettrait de profiter des innovations en limitant les risques. L’idée serait de créer un pare-feu entre les deux marchés, mais la mise en place est, là encore, compliquée. Et cela n’empêcherait pas non plus d’éventuels risques pour le consommateur ou la stabilité financière.
Enfin, la dernière option est la régulation. Il s’agirait d’appliquer le même type d’outils de contrôle que pour la TradFi en cartographiant précisément les zones de risques élevés dans la CeFi et surtout dans la DeFi. Mais les contours de cette solution sont pour l’instant flous et incertains à cause de l’opacité de la DeFi et notamment de ses potentiels points de contact avec la TradFi.
…et privilégie finalement la monnaie numérique de banque centrale (MNBC)
Finalement, la BRI envisage une voie médiane qui reprendrait les points forts de chaque option simultanément. Voici un aperçu des conclusions qui mènent tout droit aux MNBC :
« Les banques centrales pourraient encourager l’innovation dans la TradFi pour contribuer à un système monétaire plus efficace. (…) Certains domaines de la crypto pourraient être exploités pour améliorer la manière dont les services sont fournis. [Les MNBC] pourraient ainsi aider à réduire le coût des paiements, à améliorer l’inclusion financière, à renforcer l’intégrité du système et à promouvoir le contrôle des utilisateurs sur les données et la confidentialité. »
La BRI souhaiterait tous les avantages de la crypto en gardant tous ceux d’une monnaie de banque centrale classique. Voilà pourquoi les MNBC sont le nouvel outil préféré de ces institutions internationales. On verra comment chaque pays prend en compte ses recommandations. Mais, la Russie, exclue de la BRI depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, est déjà arrivée aux mêmes conclusions.
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