Vitalik Buterin et crypto régulation – L’Europe aurait-elle tort sur Bitcoin ?

Régulation : un peu, beaucoup, passionnément ? – LE sujet de cette année 2022 était probablement l’arrivée de la régulation dans l’univers crypto. Un ensemble de directives européennes auxquelles startups cryptos et investisseurs devront se conformer dans les prochaines années. Après avoir évité le sujet de longs mois, le co-fondateur d’Ethereum, Vitalik Buterin, se jette à l’eau. Voici son avis sur la question épineuse de la régulation crypto !

Régulation, quand tu nous tiens

Une cage prête à brider l’innovation du secteur ? Ou un tremplin préparant un raz de marée d’adoption par les foules ? De quel côté la régulation fera-t-elle pencher la balance ? Comme rien n’est jamais ni tout blanc ni tout noir, il est probable que l’on assiste à un entre-deux. Vitalik Buterin s’est emparé du sujet sur Twitter, le 30 octobre dernier, dans un thread détaillé.

Le co-fondateur d’Ethereum a tout d’abord mis en avant la quête d’institutionnalisation du secteur souhaitée par beaucoup d’investisseurs. En effet, ces derniers n’espèrent bien souvent qu’une seule chose : que les afflux massifs de capitaux des professionnels se déversent dans le secteur pour pump leur crypto favorite. Pour Vitalik, ce n’est pas une bonne chose :

« Je suis même plutôt content que beaucoup d’ETF (Exchange Traded Funds) soient retardés. »

Les ETF sont des fonds côtés en bourse qui visent à reproduire la valeur et la performance d’un indice donné. En l’occurrence, le BTC et l’ETH.

Pour Vitalik, surtout en cette période de vaches maigres, la régulation devrait laisser l’écosystème crypto agir librement, même si cela rend la tâche d’attirer le grand public plus complexe pour les projets. En effet, selon lui, une régulation agressive qui chercherait dès maintenant à s’introduire au plus profond des mécanismes internes de la crypto, souvent encore à l’état d’ébauches, n’est pas souhaitable.

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Une régulation prête à tuer dans l’œuf toute initiative crypto ?

À réguler sans chercher à comprendre, il est possible que l’Europe se prive des géants de demain. Cette maxime est si évidente, d’autant plus avec l’expérience faite de notre cuisant échec lors du passage à internet, qu’il est dommage de devoir la répéter si souvent. L’absurdité de certains axes régulatoires envisagés est mise en exergue par Vitalik.

L’Europe régule, les hackers rigolent

Typiquement, mettre en place une procédure KYC (Know Your Customer) systématique à tous les protocoles DeFi (finance décentralisée) paraît inadapté.

« Cela embêtera les utilisateurs sans atteindre les hackers. En effet, ils interagissent directement avec les smart contracts, via du code qu’ils écrivent eux-mêmes. »

Vitalik Buterin

En revanche, positionner des KYC au niveau des exchanges, véritables places fortes de liquidités, est une bonne idée pour lutter contre le blanchiment d’argent. Mais c’est déjà chose faite sur la plupart d’entre eux.

Protection des investisseurs cryptos : les propositions de Vitalik Buterin

Selon Vitalik, plusieurs mesures plus intelligentes pourraient être prises afin de protéger de manière plus efficace les investisseurs. Typiquement, limiter l’effet de levier ou demander une transparence totale des audits réalisés sur les smart contracts des protocoles.

À l’inverse, imposer une obligation de KYC dès 1 euro transféré entre wallets anonymes est ridicule. Mais c’est pourtant l’exigence au programme de TFR (Régulation sur les transferts de fonds). Selon Vitalik, les instances devraient plutôt valider l’usage par la vérification d’un certain niveau de connaissance de l’environnement plutôt que d’imposer des limites financières arbitraires.

Par ailleurs, le patron d’Ethereum adorerait que ces règlementations soient en cohérence avec la technologie zero-knowledge proof. Les ZK Proofs offrent en effet un cadre permettant de satisfaire à la fois la politique de régulation souhaitée par les gouvernements et la vie privée des utilisateurs. En bref, le meilleur des deux mondes.

Comme le disait Sean Parker à Mark Zuckerberg à la naissance de Facebook, « On ne sait même pas encore ce que cela représente, comment cela peut grossir et se développer ». Il en est de même pour la crypto. Nul n’osait imaginer l’impact des NFT sur notre monde encore deux ans auparavant. Et à l’époque, la DeFi était encore un terme abscons. Qui peut prétendre aujourd’hui deviner quelles seront les révolutions mises au jour l’année prochaine ou dans deux ans ? Ce sont ces idées révolutionnaires qui germent dans les têtes bien faites de startups aventurières que la régulation, par incompréhension et bêtise, risque de piétiner avec ses gros souliers, tuant dans l’œuf le développement de « l’internet de la valeur » en Europe.

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