Quel sera notre monde en 2055 ? – Nos cryptos préférées auront-elles disparu ou seront-elles plus que jamais au cœur de nos vies ? La blockchain Bitcoin aura-t-elle changé la face du monde ? Nous nous sommes amusés, au travers de petites histoires, à imaginer notre monde dans un futur pas si lointain. Le récit qui va suivre est romancé, imaginaire, sans aucune prétention de deviner l’avenir. Amusez-vous avec nous et embarquez dans la DeLorean JDC, direction 2055 !
Le monde entre les mains d’une unique entreprise : Neuralink
Neuralink règne en maître dans un monde de surveillance totale
Annecy, 30 mars 2055, 9h55 – Le long de la promenade Jacquet, un individu cagoulé s’enfuit en courant vers les Jardins de l’Europe. 28 km/h, le maximum auquel sa puce Neuralink v11.7 lui permet d’aller. À 20 mètres derrière lui, les forces de police le rattrapent inexorablement, propulsées à toute allure par la dernière génération de puce v28.5.
Dans ce monde où l’homme fait presque un avec la machine, l’incursion technologique au cœur du vivant a renforcé les inégalités humaines.
9h57 – Station de contrôle Hermès, étage 127 de la Tour Neuralink à Paris.
— … monsieur, j’ai son identité. Lucas Sieff, un pickpocket de quartier. Il a déjà été arrêté pour quelques infractions mineures, détaille Alexa Martin à son supérieur, devant une batterie d’écrans de surveillance.
— Bien, qu’on le neutralise immédiatement. Il a téléchargé le code source de la NeuraSphère. Il ne doit pas nous échapper, ordonne Philip Klauss, chargé de sécurité du secteur 74.
— Tout de suite, monsieur Klauss, répond Nora, l’intelligence artificielle (IA) centrale.
9h59 – Annecy, Jardins de l’Europe. Une puissante décharge électrique en provenance de sa puce se met à parcourir le corps de Lucas et le fige dans son élan. Sous l’effet de la douleur, il s’écroule dans l’herbe, inconscient. Les policiers le menottent et l’embarquent au poste.
TotalWitter, la SuperApp mondiale
12h40 – Cassandra traverse la Place François de Menthon en direction du Subway. Elle a déjà commandé son menu via TotalWitter. Cette SuperApp mondiale unique développée par Neuralink a progressivement englouti le net. Pourquoi elle ? Parce qu’elle est la seule en mesure de communiquer avec les puces Neuralink, évidemment. Des puces devenues indispensables à un Internet de l’instantané. Un réseau qui existe désormais directement dans le cerveau des individus.
12h45 – Cassandra récupère sa salade favorite au poulet Tikka. En un battement de cil – et ce n’est pas une façon de parler – , quelques NeuraCoin rejoignent le wallet de l’enseigne.
Tiens, une notification surgit dans un coin de sa tête. C’est un nouvel article du Journal du NeuraCoin, s’étonne-t-elle, en mangeant.
« Breaking : le voleur de la NeuraSphère interpellé par les services de police… »
— Et zut ! s’exclame Cassandra.
L’avènement des monnaies des GAFAM
Le NeuraCoin. Après la crise monétaire sans précèdent des années 30 – 2030 –, les monnaies privées se sont imposées. Celles des GAFAM. Facebook, avec l’échec de Libra avait été précurseur d’un mouvement d’ampleur. En 2030, en revanche, il n’était plus question d’échec.
Avec l’affaiblissement du pouvoir des monnaies étatiques et la croissance toujours plus grande des géants de la Tech, ces derniers ont imposé leur contrôle sur le monde. Le GCoin de Google, le MetaCoin de Meta, l’iCoin d’Apple et bien sûr, le NeuraCoin. Après une lutte sans merci entre ces pieuvres désormais hors de portée de la domination des États, c’est finalement le NeuraCoin qui s’est imposé.
13h45 – Cassandra se hâte vers les locaux de Neuralink Annecy. À 14h, elle doit participer à une réunion de présentation de la NeuraSphère : la prochaine mise à jour logiciel v30.0 des puces Neuralink disponible dès demain. Elle offrira à ses détenteurs un renforcement musculaire de 2 % et une immunité au Covid 47, toujours persistant.
Cassandra a d’ailleurs un après-midi chargé. Elle doit encore valider les spots publicitaires qui envahiront les esprits d’une partie de la population demain matin au réveil. Ceux des individus qui permettent aux pubs d’accaparer leur cerveau en échange d’un ‘revenu universel’ généreusement versé par Neuralink.
La rébellion contre le pouvoir en place
Une population connectée au réseau mondial…
16h30 – Plaqué contre un mur, dans une ruelle, Léo respire profondément. Il a bien failli se faire choper. Sa fausse puce trafiquée est tombée en panne au plus mauvais moment. Alors qu’il s’apprêtait à payer sa nouvelle paire de Sneakers chez Foot Locker.
Léo s’est mis à bafouiller devant le vendeur et a prétendu avoir changé d’avis en constatant le bug de paiement. Puis il s’est enfui en abandonnant sa paire de chaussures. Mais le regard du marchand en disait long. Pourvu qu’il ne prévienne pas les services de police.
Léo est un « sans puce » comme on les appelle. Il fait partie d’une minorité qui refuse de se relier au réseau Neuralink. Une minorité condamnée à se cacher afin de ne pas se faire remarquer au sein d’une société où chaque individu, dès ses 10 ans, est connecté au réseau mondial.
… au sein de laquelle émerge une minorité dissidente…
De fait, les « sans puce » sont privés de la plupart des services du quotidien. Léo navigue sur Internet via un vieil iPhone 32 reconfiguré. Et utilise une puce de fortune, dissimulée derrière son oreille pour la plupart de ses interactions avec le réseau. Mais parfois, comme aujourd’hui, ça foire.
Ses yeux tombent soudain sur une affiche dont la blancheur contraste avec la noirceur du mur contre lequel elle est plaquée. Une affiche en papier. Incroyable. Ça fait bien longtemps que le matériel d’impression papier a disparu, rendu progressivement obsolète par la suprématie du numérique.
Sa curiosité piquée, Léo s’approche pour lire le message.
« Bar Le Shelter, 30 mars, 19h30, CLAN
Pass phrase : comment est votre blanquette ? »
C’est un avis de réunion secrète organisée par le Comité de Lutte Anti Neuralink.
Le papier, invention du Moyen-Âge, est désormais le principal vecteur de communication privée. Le moyen le plus sûr de transmettre un message. Dans un monde numérique ultra surveillé, les secrets sont placardés aux quatre coins de la ville, hors du champ des caméras de surveillance. La police et les IA à la solde de NeuraLink sont bien trop occupées à surveiller l’immensité du web 3 pour y prêter attention.
… qui lutte contre le pouvoir établi
19h30 – Léo s’engouffre dans le bar miteux. Un vigile vient rapidement vers lui.
— Comment est votre blanquette ? demande Léo, peu rassuré.
— La blanquette est bonne. C’est la porte du fond à droite, grogne le vigile.
Léo s’engouffre dans la pièce sombre. Nemo Lusk, à la tête du CLAN, a déjà commencé son briefing.
« (…) L’opération de ce matin a malheureusement raté. Notre infiltrée chez Neuralink, Cassandra, est parvenue à transmettre le code de la NeuraSphère à Lucas. Mais il s’est fait coincer. Nous sommes actuellement en train de chercher la meilleure façon de le faire sortir de là. En attendant, nous devons passer à la prochaine étape, il n’y a pas de temps à perdre. Il faut que nous parvenions à pirater les serveurs de Neuralink cette nuit. Afin d’empêcher la diffusion des pubs prévue demain matin pour la promotion de la NeuraSphère. (…) »
Et si le pouvoir des GAFAM prenait un jour le pas sur celui des États ? Dans un monde qui exacerbe les inégalités, et qui favorise la croissance infinie des multinationales, n’est-ce pas l’inévitable aboutissement de notre modèle ultra capitaliste ? Avec des politiques à la solde des lobbys et des monnaies piégées dans une boucle d’impression infinie, les États pourront-ils encore rester maîtres au bord d’un monde qui tend à leur échapper ? Et si ce n’est pas le cas, irons-nous vers un contrôle total sous l’égide d’une puissance unique qui asservira le monde au profit de ses intérêts personnels ? Réponse en 2055.
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