La nouvelle star de la DeFi. Intelligence artificielle (IA), Réseau d’infrastructure physique décentralisé (DePIN), Interopérabilité des blockchains, Real World Asset (RWA ou tokenisation), Layer 2, vous avez sûrement entendu parler de tous ces sujets tendances pour 2024 que les américains et les réseaux sociaux appellent des narratives. Années après années, certaines utilisations de la blockchain deviennent subitement à la mode et suscitent de l’engouement, propulsant des jetons dans le Top20 de la capitalisation avant souvent de redescendre aussi vite qu’ils sont montés. Métavers ou chaine d’approvisionnement sont par exemple des thèmes phares du dernier bullrun qui ont (pour l’instant) disparu des radars et dont les tokens végètent dans les tréfonds des classements et des portefeuilles de certains d’entre nous.
A l’aube de cette nouvelle phase haussière, il est une thématique qui agite la cryptosphère et aimante les capitaux : le restaking. Et dans ce domaine, le protocole EigenLayer attire désormais tous les regards avec plus de 10 milliards de TVL mais il déclenche aussi de vives critiques d’une partie de la communauté. On fait le point.
Eigenlayer dépasse AAVE et attire toujours plus de capitaux
Derrière l’indétrônable Lido et ses plus de 37 milliards de dollars de TVL (total value locked), la guerre fait rage pour la deuxième place du podium et on vient d’assister à une remontée impressionnante du nouvel outsider : EigenLayer. Avec 11,23 milliards de dollars au dernier pointage sur DeFiLlama, ce protocole de restaking vient donc de doubler AAVE et ses 10,9 milliards qui était historiquement le numéro 2 de la DeFi sur Ethereum.
Cette explosion des sommes déposées sur le protocole s’explique en partie par la suppression du plafond de dépôt depuis le 5 février qui a entrainé une hausse de plus de 380% de la TVL en un petit mois ! Impressionnant. Il faut dire que le principe de restaker des jetons déjà verrouillés est plutôt alléchant et qu’il attire forcément tous les amateurs de finance décentralisée dont certains n’hésitent à mettre en place des systèmes de boucles complexes pour générer toujours plus de revenus. Mais bien sûr, il y a un revers à la médaille et certains détracteurs du modèle tirent déjà la sonnette d’alarme.
Son modèle controversé déclenche les passions sur les réseaux sociaux
En tête des personnalités qui comptent dans l’écosystème et qui voient d’un mauvais œil l’arrivée de ce protocole, citons tout d’abord Vitalik Buterin. Pour lui, comme pour d’autres, il s’agit de la confiance même dans le réseau Ethereum qui est en jeu et cet empilement de protocoles ne pourrait être qu’un château de cartes. Si on va trop loin dans ce principe de restaking, tout pourrait s’effondrer par un excès de levier dans le système et cela serait évidemment une catastrophe pour le réseau principal. On a même lu dans Cointelegraph qu’un fork d’Ethereum pourrait devenir indispensable pour protéger le réseau d’une panne !
Enfin, certains critiquent également la façon de comptabiliser la TVL dans ces nouveaux protocoles qui ont tendance, par définition, à prendre en compte deux fois (ou plus) les jetons déposés sur le réseau principal. Si quelqu’un dépose des ethers sur Lido, ils rentrent évidemment dans la TVL du protocole. Mais si cette personne dépose à nouveaux ces stETH sur EigenLayer par exemple, ils comptent à nouveau comme TVL de ce denier protocole. Ils sont donc bien comptés deux fois. D’où l’inquiétude des tenants d’une certaine orthodoxie économique dans la DeFi qui dénonce des TVL finalement farfelues qui ne repose pas sur des actifs concrets.
Jusqu’à maintenant, EigenLayer et son rival de moindre taille Octopus Network ne représentent qu’une part infime de l’ensemble des fonds déposés sur les différents protocoles d’Ethereum, mais que se passera-t-il si cette tendance s’amplifie ? Allons-nous au devant d’une catastrophe que certains annoncent déjà comme inévitable ? On a déjà vu dans le secteur des accidents industriels importants, il convient donc d’être prudent avec la nouveauté et de bien se renseigner avant d’engager ses propres fonds dans ce type de protocoles encore largement en développement.
