EigenLayer : le protocole de restaking sur Ethereum qui change la donne – Analyse fondamentale

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Nous vous en avons déjà parlé plusieurs fois sur le Journal du Coin, EigenLayer est un protocole qui permet de restaker des Ethers, c’est-à-dire de les utiliser comme preuve d’enjeu sur plusieurs protocoles simultanément. Critiqué par Vitalik Buterin, glorifié par d’autres, le projet attire aujourd’hui de plus en plus d’utilisateurs et voit sa TVL monter en flèche depuis quelques semaines. En quoi consiste-t-il exactement ? Risque majeur pour l’écosystème crypto ou innovation sûre ? Opportunité pour ceux qui cherchent à maximiser leur rendement ? Essayons de répondre à ses questions en étudiant les éléments clés du projet.

Temps de lecture estimé : 9 minutes

Présentation générale d’EigenLayer

EigenLayer est un protocole (un ensemble contrats intelligents déployés sur la blockchain) construit sur le réseau Ethereum. Son but est de permettre de réutiliser les ETH qui sont stakés sur Ethereum afin de sécuriser d’autres blockchains ou protocoles. Il propose un système avantageux aussi bien pour les utilisateurs qui mettent en jeu leurs tokens, que pour les protocoles qui les utilisent pour sa sécurité.

Rappel sur le staking

Pour comprendre le restaking, vous devez déjà savoir ce qu’est le staking dans le contexte d’une blockchain fonctionnant en Proof of Stake (preuve d’enjeu en français) comme Ethereum.

Sans entrer dans des détails trop techniques pour cet article, voici en quoi cela consiste.

Pour pouvoir valider des blocs, c’est-à-dire enregistrer des transactions sur la blockchain, les opérateurs qui s’en chargent (les validateurs) doivent immobiliser un certain nombre de jetons en gage de bonne foi (32 ETH pour Ethereum, soit l’équivalent d’environ 90 000 dollars Us au moment de l’écriture de ces lignes). Si jamais ils tentent de faire passer des transactions frauduleuses, tout ou partie des jetons engagés leur sont confisqués par le reste du réseau.

En contrepartie du travail qu’ils effectuent, ils touchent des intérêts sur les jetons qu’ils déposent (actuellement 3.6 % annuel sur Ethereum).

Pour que ce système fonctionne, les validateurs doivent avoir plus à perdre qu’à gagner s’ils ne font correctement leur travail. Ceci devient vrai lorsque que le coût d’attaque du réseau est élevé, c’est-à-dire qu’il y a de nombreux validateurs indépendants les uns des autres ayant engagé des sommes importantes.

Le restaking

Le restaking consiste à staker chez EigenLayer des ETH qui sont déjà engagés chez un validateur du réseau Ethereum. Il est actuellement possible de restaker des ETH natifs, mais aussi ses versions stakées liquides (stETH de Lido, rETH de RocketPool, sETH de Swell…).

EigenLayer met alors ces ETH restakés à disposition d’autres protocoles qui peuvent les « louer », afin qu’EigenLayer implémente des conditions supplémentaires à leur utilisation.

Illustration du restaking

Ceci offre divers avantages :

  • Pour les protocoles : Les protocoles qui se lancent peuvent venir profiter d’un réseau de validateurs proposant une sécurité accrue, qui nécessiterait d’engager des sommes astronomiques pour être attaqué (plusieurs milliards de dollars US). Cela répond à la problématique de la plupart des nouveaux protocoles qui, avant l’arrivée d’EigenLayer, devaient attirer beaucoup de capitaux pour devenir sécurisé, mais devait être sécurisé pour attirer ces capitaux…

    Les développeurs peuvent ainsi se concentrer sur d’autres problèmes que celui (souvent insoluble) de créer un écosystème sécurisé à partir de rien.

    Les protocoles conservent leur souveraineté tout en profitant d’une grande flexibilité.
  • Pour les restakers : cela permet d’augmenter la rentabilité de leurs ETH stakés, profitant des intérêts engendrés par la sécurisation d’Ethereum, mais aussi de ceux engendrés par la sécurisation des autres protocoles. En d’autres termes, ils gagnent des récompenses de plusieurs protocoles avec le même capital investi.

Bien entendu, ces avantages ne viennent pas sans inconvénients. En mai 2023, Vitalik Buterin en personne a mis en garde sur les problèmes que pourrait entraîner le restaking s’il était utilisé à trop grande échelle. Pour les résumer en une phrase, il pourrait avoir un impact sur la stabilité du réseau Ethereum, un problème sur des protocoles louant la sécurité d’EigenLayer pouvant se propager à l’ensemble du réseau Ethereum par effet domino. Le restaking présente donc un risque systémique.

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Les cas d’usages

Les cas d’usage sont très nombreux et nous devrions voir de nombreux protocoles construits sur EigenLayer d’ici peu. Le livre blanc du protocole met en avant les usages suivants :

  • EigenDA – une couche de disponibilité de donnée décentralisée : À l’instar de Celestia, EigenLayer peut permettre d’utiliser ses ressources comme couche de Data Availability. Déjà utilisé par des protocoles comme Mantle et Celo, EigenLayer permet de réduire considérablement les frais de gas sur les layers 2 tout en profitant d’un réseau distribué et sécurisé.
  • Gestion des problèmes occasionnés par la MEV (Maximal Extractable Value) : Le Proof of Stake entraîne un problème de réorganisation des transactions dans les blocs par les validateurs qui veulent en extraire plus de valeur ou censurer le réseau. Pour pallier à ce problème, les protocoles peuvent utiliser EigenLayer pour mettre en place des séquenceurs décentralisés chargés d’organiser les transactions à valider, évitant que leur ordre soit manipulé.
    • Bridge : EigenLayer peut être utilisé par les layers 2 d’Ethereum pour mettre en place des bridges plus rapides et plus sûrs, qu’ils s’agissent d’optimistic rollup ou de ZK rollup.

    Il est aussi évoqué qu’EigenLayer puisse servir à construire des oracles, à des conditions bien précises.

    Cas d’usage d’Eigenlayer (source : IOSG Ventures)

    Histoire, équipe et investisseurs

    Eigenlayer est développé par EigenLabs, une start up américaine fondée en 2021 par Sreeram Kannan, alors professeur à l’Université de Washington.

    EigenLabs regroupe une équipe de 32 personnes passionnées de mathématiques et de cryptographie, principalement constituée d’ingénieurs, basés à Seattle et Washington. Tous montrent patte blanche en rendant leur identité publique, et vous pouvez retrouver les noms et les profils ici.

    Le projet a levé un total de plus 64,4 millions de dollars US en de 3 tours de financement :

    • un montant non public en mai 2022
    • 14.4 millions de dollars US en aout 2022.
    • 50 millions de dollars US en fevrier 2023

    Parmi les 13 investisseurs, on retrouve plusieurs Ventures Capital connus de l’écosystème crypto tels que Polychain, Coinbase Venture, Blockchain Capital et WAGMI Ventures.

    EigenLayer a été lancé le 14 juin 2023, avec une limite de 9 600 ETH restakés le temps de gérer l’afflux des fonds et d’étalonner le protocole. Ces limites ont été relevées au fil du temps, portée à 200 000 ETH jusqu’au 5 février 2024. Du 5 au 9 février 2024, EigenLayer a supprimé les limites et plus de 2.2 millions d’ETH se sont engouffrés sur le protocole en 4 jours.

    Source : ici

    Sa TVL s’est envolée pour atteindre les 7.2 milliards de dollars US aujourd’hui. Vous verrez dans le paragraphe suivant que cela n’est pas dû au hasard.

    TVL d’EigenLayer (source : Defillama)

    Système de points et écosystème

    Surfant sur la tendance actuelle, EigenLayer incite à venir restaker des ETH sur son protocole en distribuant des points à ceux qui le font, au prorata du nombre de jetons engagés.

    N’ayant pas encore lancé de token, de fortes rumeurs courent sur le fait que ça ne serait tarder, et qu’un airdrop pourrait être distribué en fonction des points obtenus.

    D’autres bruits de couloirs laissent entendre que les projets qui s’appuient sur EigenLayer pourraient, eux aussi, suivre la mode et distribuer des jetons gratuitement à ceux qui restakent leur ethers. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Altlayer récemment.

    Aux vues de l’explosion de la TVL à la levée des limites imposées par EigenLayer, force est de constater que les rêves de richesse et l’avidité des investisseurs auront sûrement facilement raison des inquiétudes soulevées par Vitalik Buterin et les autres membres de la fondation Ethereum.

    Si l’écosystème se développe, il est loin d’être aussi large que certains autres et compte pour l’instant une quarantaine de projets. À lui seul, il ne suffit clairement pas à expliquer l’engouement des utilisateurs pour le protocole.

    Écosystème d’EigenLayer

    Le mot de la fin

    EigenLayer était l’un des projets les plus attendus de 2023, et ce début d’année 2024 semble confirmer l’intérêt du public pour le restaking.

    Les avantages qu’il propose pour les restakers comme pour les développeurs et les projets émergents sont indéniables, mais ont tendance à faire oublier qu’il fait peser une réelle menace sur l’écosytème Ethereum dans son ensemble.

    En effet, il ne fait aucun doute qu’actuellement, ce sont les rendements boostés qui attirent les utilisateurs. Le fait qu’ils ne soient pas encore chiffrables favorise largement les rêves de richesse et l’envie de mettre des œillères pour oublier les risques.

    Si, en connaissance de cause, vous voulez en être, nous vous proposons des techniques pour optimiser votre rendement au maximum ici et .

    Le sujet est largement débattu au sein de la communauté, et nous espérerons que des précautions seront prises pour que le système ne s’écroule pas comme un château de carte en cas de problème.

    Quoi qu’il en soit, risque et instabilité sont termes qui ne sont pas près de disparaître du jargon des cryptomonnaies…

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      Scrypto

      Avec un côté volatil et des bases solides, c’est tout naturellement que je me suis intéressé au monde des cryptomonnaies en commençant par Bitcoin en 2014. CryptOptimiste, je pense que cet univers en pleine expansion n’en est qu’à ses débuts, et j’aime partager mes connaissances sur ce sujet d’avenir par le biais de mes écrits.

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