Hiver crypto : le metaverse gardera-t-il la tête froide ? Le Meta-Hebdo
Un metaverse qui laisse de glace – Ce n’est un secret pour personne. Les marchés cryptographiques et macroéconomiques sont polaires et rigoureux. Ankylosé par le froid, le secteur du metaverse, est, lui aussi, emporté dans la tempête.
Peu aidé par un Web 2 qui tente, tant bien que mal, de conquérir un secteur que l’on surnomme « l’Internet de demain ». Les géants du monde d’aujourd’hui semblent même parfois être des boulets au pied du metaverse version 3.0. Image assez risible, lorsque l’on sait, par exemple, que les avatars de Meta sont dépourvus de jambes. Problèmes techniques, manque d’interopérabilité, graphismes d’antan, inquiétudes autour de la centralisation et de la protection des données des utilisateurs sont autant d’éléments qui accablent ce secteur encore émergent.
Ainsi, à l’orée du 4e trimestre de l’année, il est temps de faire le bilan. Aidé d’un rapport de DappRadar, nous allons pouvoir dresser une météo du metaverse. Nous verrons comment l’anticyclone de l’hiver crypto pèse – ou pas – sur ce secteur web 3 déjà en difficulté face aux critiques. Paradoxalement et malgré le temps de chien sur les marchés financiers, les investisseurs maintiennent leur coup de foudre pour le metaverse. Rompons la glace et rentrons dans le vif sujet.
Pour ne pas vous perdre dans le Meta-Hebdo :
Un froid de canard dans le metaverse
Des volumes de transactions qui fondent comme neige au soleil
C’est un fait. Le metaverse est régulièrement critiqué. Comme nous l’évoquions dans notre introduction, de Decentraland (MANA) à The Sandbox (SAND) en passant par Roblox ou encore Minecraft, qu’ils soient Web 2 ou Web 3, les graphismes permis par les technologies sont souvent mauvais, les fonctionnalités développées parfois limitées.
Ainsi, pour de nombreux critiques, le metaverse est une notion illusoire porteuse de fraude et d’insécurité pour ses utilisateurs. À tel point qu’Interpol a décidé de répliquer à l’identique ses bureaux de Lyon dans le metaverse.
La liste pourrait s’allonger. En effet, les obstacles techniques et réglementaires, les menaces de la centralisation, fer de lance des GAFAM qui cherchent à conquérir le métavers, sont autant de points négatifs qui peuvent mettre figer les investisseurs. Frileux, ils ne souhaitent plus investir dans le monde virtuel. C’est ce qu’il s’est passé pour le secteur du metaverse au troisième trimestre. Les frileux sont allés se réchauffer ailleurs et les volumes de transaction ont fondu comme neige au soleil.
Les données de DappRadar sont d’ailleurs explicites sur ce point. Le volume des transactions sur les projets métavers a chuté de 91,61 %. Le volume de transactions des 10 principaux projets métavers a quant à lui diminué de 80 %.
Les cryptomonnaies jettent un froid sur le metaverse
Le cours des marchés crypto est également un des facteurs qui cause ce désintérêt de certains investisseurs pour le métavers. D’après DappRadar, les cryptomonnaies utilisées dans le métavers ont perdu en moyenne 60 % de leur valeur.
Et, là, c’est l’effet boule de neige. Puisque les NFT (token non fongible) des métavers sont liés aux valeurs des cryptomonnaies. La valeur des actifs est donc influencée par les fluctuations des marchés. C’est un énième facteur qui participe au manque de confiance des investisseurs : les modèles de jeu de type play to earn, d’Axie Infinity à StepN se sont vu écorchés par ce contexte économique. Ce ne sont pas les seuls à avoir essuyé la tempête. Ainsi, toujours d’après les données de DappRadar, APE, la cryptomonnaie des Bored Ape Yacht Club, a perdu 72,92 % de sa valeur depuis le premier mai. L’IMX, cryptomonnaie d’ImmutableX, 50 % et le SAND s’est également noyé dans la tempête.
Qu’en est-il du côté des projets métavers ? Traversent-ils l’hiver crypto de la même manière ?
Météo du metaverse : après la pluie…
Le metaverse frappé de plein fouet par l’hiver crypto
NFT Worlds et Treeverse, dans la tempête de glace
Malgré l’hiver doux qui semble s’annoncer à travers le titre du rapport de DappRadar : Rapport Metaverse #2 : La demande de Metaverse demeure au milieu de l’agitation cryptographique, certaines données font froid dans le dos.
NFT Worlds subit de plein fouet la tempête et les volumes d’échange de la collection ont chuté de 80,62 %. Le prix plancher des NFT lui, a chuté de 90 %. C’est, pour le projet, le mois le plus bas jamais enregistré. L‘interdiction des NFT de la part de Minecraft ne l’aidant pas.
Treeverse de son côté se voit pour la première fois essuyer un volume d’échange inférieur à 1 million de dollars au troisième trimestre. C’est également le volume le plus bas jamais enregistré pour le métavers arboré.
Une météo couverte pour Decentraland
Comme les autres, Decentraland souffre de la chute du volume de ses transactions. Ses NFT également sont bien bas et l’hiver crypto semble être rude pour le jeu social. Cependant, dans la tempête, certains indices peuvent nous faire entrevoir quelques éclaircies.
Lancé en début 2020, ce projet à vocation sociale, parfois hué, a organisé de nombreuses opérations. Elles lui ont permis de se réchauffer pendant le troisième trimestre. Critiqué pour être déserté, l’organisation communautaire autour de 160 évènements au mois de septembre a permis de limiter la casse. Par ailleurs, les DAO ont reçu plus de 50 propositions et 11 000 votes ont été exécutés sur la blockchain, toujours au mois de septembre. La communauté reste donc engagée.
Decentraland n’est pas le seul projet qui entrevoit un petit rayon de soleil dans cette éclaircie.
The Otherside a le vent en poupe
Le métavers des célèbres Bored Ape Yatch Club, The Otherside, a su profiter d’un beau battage médiatique. Ainsi, même si le volume de leurs transactions a diminué de 91,61 %, le nombre de transactions concernant les lands, terrains de son métavers, n’a diminué que de 37,54 %. Il ne faut pas être naïf pour autant, l’hiver est là pour tous. Fini les NFT vendu a plus de 1,5 million de dollars !
Cependant, certains signes incitent à l’optimisme. Il ne s’agit pas de voir le sens du vent avec le bout de son doigt. Il s’agit plutôt de considérer l’activité du projet de Yuga Labs ces trois derniers mois.
Tout d’abord, le projet a réuni 4 300 testeurs pour essayer son métavers. Ces derniers ont pu profiter, semblerait-il, de la visite d’un métavers de haute voltige. Ensuite, le partenariat avec Snoop Dogg et Eminem au MTV Awards, ainsi que les partenariats avec Paris Hilton ou Jimmy Fallon ont su attirer l’intérêt du public. Cette affection naissante a, encore une fois, permis de retrouver un peu de chaleur
La présence de Snoop Dogg ou encore de Paris Hilton dans The Sandbox a eu le même effet positif pour le métavers pixelisé. Il reste, de loin, le projet le plus ensoleillé du moment.
Soleil de plomb pour The Sandbox
The Sandbox est peut-être un des projets qui souffre le moins de l’hiver. L’ouverture de sa Saison 3 permet aux utilisateurs de profiter gratuitement d’un espace qui leur propose 90 expériences de jeu dans 90 mondes virtuels. Le projet bénéficie de 4 millions de portefeuilles enregistrés. Il a pu également, lors du troisième trimestre, déclarer un pic à 200 000 utilisateurs actifs sur un mois. Le site web a eu 1,6 million de visites encore au mois de septembre.
Par ailleurs, même si la démarche n’est pas aboutie, saluons les efforts de The Sandbox en matière d’interopérabilité. Dorénavant ouvert à la blockchain Polygon, le projet de Sébastien Borget a également mis l’accent sur la facilité du jeu et son ouverture à d’autres projets afin de bénéficier de toujours plus d’utilisateurs. Les 140 000 propriétaires de NFT de The Sandbox ont ainsi pu, pour la saison 3, utiliser des NFT d’autres collections (comme les Bored Ape Yacht Club, World of Women, CoolCats , Clone X et Aoki voxels) en tant qu’avatar.
Ce succès a permis à la plateforme d’augmenter son nombre de ventes de 190 % par rapport au trimestre précèdent d’après DappRadar. Le nombre de transactions du projet aurait même augmenté de 25,69 % au mois de septembre. Ne vous faites pas non plus de fausse joie. Nous sommes en plein hiver crypto et le jeu metaverse reste toujours en baisse de 73,20 % par rapport au deuxième trimestre.
Un autre point nous permet également de penser que The Sandbox représente un abri solide pour l’hiver. Fort de partenariats avec des institutionnels ou avec des géants bancaires tels que HSBC ou encore Atari, ces derniers ont confirmé leur envie de continuer leurs initiatives dans le métavers pixelisé.
Facilité de jeu, interopérabilité en – léger – progrès, ne seraient-ce pas là les prémices d’une adoption qui nous mettrait du baume au cœur plutôt que la traversée d’une méta-ère glaciale ?
… vient le beau temps : le metaverse, un rayon de soleil ?
Les investisseurs se font une place au soleil
Et si, en plein hiver crypto, le metaverse était presque au soleil ? Certes un peu faible et pâle, mais constant. DappRadar évoque même des indices d’une consolidation du secteur malgré un contexte macroéconomique bien grisonnant.
D’une part, même si le volume de transactions a chuté, le nombre de ventes de NFT associées à des terrains, lui, n’a diminué que de 37,54 %. Cela reste un chiffre assez négatif. Toutefois, il n’est pas comparable à la chute de certains prix de NFT par exemple.
D’autre part, le rapport nous explique que ce trimestre a été « extrêmement actif en termes d’adoption ». De nombreuses entreprises ont, en effet, continué les dépôts de marques et les initiatives positives pour le métavers. Aux envies de métavers de Disney évoquées par DappRadar peuvent s’ajouter les exemples de votre canard préféré. En effet, de Mark Zuckerberg à Microsoft, en passant par d’autres cadors du Web 2, le métavers s’invite jusque dans les publicités à la télévision.
En outre, et malgré le contexte économique que nous avons évoqué, le troisième trimestre a permis 1,6 milliard de dollars de levées de fonds pour construire le métavers. Le secteur du gaming étant le plus attiré par les possibilités d’un monde parallèle interconnecté. Une majorité des investissements dans le métavers va également tout naturellement dans le développement des infrastructures. Ce sont ces mêmes infrastructures qui permettront interopérabilité dans le monde virtuel.
Ainsi, que ce soit du côté des NFT ou bien encore du côté du métavers, ces technologies sont portées par des géants financiers. Ils ont, par la mesure de leur investissement, de plus en plus intérêt à voir le secteur se construire et s’épanouir.
Le politique fait la pluie et le beau temps dans le metaverse
Signe d’adoption pour certains, grave menace qui gronde en silence pour d’autre, le politique cherche également à s’emparer du métavers et surtout à le réguler. Alors que certains évoquent même un métavers européen – dans lequel nous pourrions nous perdre – d’autres institutions et États commencent déjà à conquérir ce monde virtuel.
Pékin, porté par la Chine et son Yuan numérique, propose une stratégie d’innovation et de développement métavers sur deux ans pour que la ville devienne une référence en matière d’économie numérique. La Corée du Sud a également annoncé l’investissement de plus de 223,7 milliards de wons (soit environ 177,1 millions de dollars) dans plusieurs projets métavers. Plateforme métavers pour les grandes villes, services et programmes gouvernementaux dans le métavers : l’impulsion est là.
Les nations soutiennent donc progressivement ce qui arrivera dans plusieurs années voire décennies comme une évidence. Inclusivité, accès à des espaces de communication nombreux en ne prenant pas en compte les distances géographiques sont autant de points positifs qui invitent les États à intervenir dans le métavers. Nous pouvons de nouveau évoquer, d’ailleurs, la présence d’Interpol dans le monde virtuel.
Effet boule de neige, le métavers se réchauffe grâce aux milliards de dollars investis dans ce secteur. Cependant, malgré les indices positifs trouvés lors de notre analyse, il n’en demeure pas moins que le secteur du metaverse et des NFT ne reste pas de glace face à l’hiver crypto, bien au contraire.
Secteur de plus en plus populaire auprès des institutions et des grandes marques, passage obligatoire en termes de développement marketing pour tout géant qui se respecte, le froid s’abat quand même sur le métavers. Les investisseurs, en plein courant d’air, continuent néanmoins de soutenir ce secteur émergent, montrant que peut-être après la pluie, viendra le beau temps.