Que penser de Zcash ?
Zcash (ZEC) est une cryptomonnaie permettant à la fois des transactions publiques (comme Bitcoin par exemple), mais également des transactions anonymes. Cette possibilité de rendre ou non une transaction anonyme (grâce au protocole zk-SNARK) est son principal apport de valeur. D’autres cryptos comme Dash par exemple ont une fonctionnalité similaire. Le code Zcash est open source. Elle a été créée en fanfare durant une “Cérémonie” visant à empêcher toute contrefaçon tout en permettant les transactions anonymes. Voici donc notre avis sur Zcash.
Qu’est-ce que Zcash ?
Définition
La Cérémonie du Genesis Block (création du tout premier bloc) de la blockchain décentralisée de Zcash a eu lieu le 23 octobre 2016. Les six participants à cette cérémonie furent Andrew Miller, Peter Van Valkenburgh, John Dobbertin, Zooko Wilcox (actuel CEO de Zcash Company), Derek Hinch et Peter Todd.
Les transactions anonymes de Zcash s’appuient sur l’algorithme zk-SNARK, l’acronyme de “zero-knowledge succinct non-interactive argument of knowledge”, un système de preuve qui rentre dans la catégorie des preuves à non-divulgation de connaissance. Pour rester simple, ces algorithmes permettent de vérifier la validité d’une information :
- sans avoir accès à l’information elle-même ;
- sans que le bénéficiaire de la transaction n’ait besoin d’interagir avec l’émetteur.
Le Zcash repose sur les travaux du professeur Matthew D. Green sur les protocoles Zerocoin et surtout Zerocash, qui sont des protocoles anonymisant développés à partir de 2013.
La quantité totale (max supply) de Zcash sera la même que Bitcoin, à savoir 21 millions d’unités (ZEC) à terme.
Objectif
L’objectif de Zcash est de fournir une version de Bitcoin offrant plus de discrétion quant aux transactions. Le BTC a un système de transactions pseudonymes dont tous les détails sont consultables sur sa blockchain publique. Le Zcash permet ce type de transactions pseudonymes, mais permet également de réaliser transactions anonymes : les adresses (de l’expéditeur et/ou du destinataire) et le montant de la transaction sont chiffrés, augmentant d’autant la confidentialité des parties prenantes.
Produit
Le fonctionnement concret de Zcash est un peu technique étant donné que l’expéditeur et le destinataire peuvent chacun choisir ou non la fonction d’anonymat. Cela permet 4 types de transactions, avec une transparence sélective, que nous pouvons résumer grâce au schéma et explications ci-dessous :
Les adresses des wallets Zcash peuvent être des adresses privées (z-address), soit des adresses publiques, dites “transparentes” (t-address). Ces adresses commencent d’ailleurs respectivement par un « z » ou un « t ».
Une transaction entre deux t-addresses est publique, comme sur Bitcoin (dite « unshielded »). À l’inverse une transaction entre deux z-addresses est privée (dite « shielded »), et dans ce cas les adresses de l’expéditeur et du destinataire ainsi que la valeur de la transaction ne sont pas divulguées sur la blockchain, mais validées grâce au zk-SNARK.
Il existe deux autres types de transactions :
- Les transactions allant d’adresses transparentes vers des adresses protégées (appelé le « Shielding ») et dans ce cas on ne pourra plus suivre les ZEC envoyés puisqu’on ne connaît pas le destinataire
- Les transactions allant d’adresses anonymes à des adresses transparentes (appelé le « Deshielding ») dont on ne connaît l’origine, mais qui réintègre les ZEC reçus dans la “partie visible” de la blockchain Zcash.
Protocole de consensus
Zcash étant un fork de Bitcoin, il a hérité du protocole de consensus de son aîné, le Proof-of-Work (PoW, ou preuve de travail). Les calculs menés pour valider les blocs (« mining », ou minage) par des ordinateurs du réseau se font sur l’algorithme Equihash. Un bloc est validé toutes les deux minutes trente.
Une des particularités est que Zcash prévoit dans son code une sorte de “taxe” de 10% sur les ZEC minés à chaque validation de bloc.
Ces 10% sont répartis comme suit :
- 1,65 % pour les investisseurs originels du projet ;
- 5,72 % répartis entre les fondateurs, les employés et les conseillers de la Zcash Company,
- 1,44 % pour la Zcash Foundation ;
- 1,19 % dans une réserve devant alimenter de nouveaux projets destinés à augmenter la valeur de Zcash.
Le consensus a toutefois été modifié depuis, pour que les mineurs reçoivent 100% de la récompense à partir d’octobre 2020.
Avantages et inconvénients de Zcash
Les avantages de Zcash
- L’amélioration de la confidentialité des transactions grâce à l’anonymat par l’algorithme zk-SNARK – et l’aspect “optionnel” de cet anonymat – est le principal avantage de Zcash.
- Grâce à l’anonymat, les ZEC sont fongibles et interchangeables, contrairement à Bitcoin où il est possible de tracer l’historique de chaque bitcoin, et savoir par où il est passé.
- Seulement 21 millions d’unités : comme il n’y a pas plus d’unités de ZEC que de bitcoins, cela donne une idée de sa valorisation possible si une plus grande adoption des cryptomonnaies – et de Zcash en particulier – devait avoir lieu.
- Utilité pour les entreprises : les transactions commerciales des sociétés sont une des cibles principales visées par Zcash. L’argument est sur le plan de la concurrence : avec des ZEC, aucune entreprise ne pourra surveiller vos transactions, contrairement à BTC.
Les inconvénients de Zcash
- La question de la fiabilité de son anonymat : c’est le point crucial de toutes les cryptomonnaies se revendiquant “anonymes”. La faible utilisation actuelle des transactions privées (de z-address à z-address), son anonymat est pour l’heure assez faible. Une plus grande adoption de Zcash (notamment par les entreprises) devrait augmenter mécaniquement la confidentialité.
- Les réactions étatiques hostiles : c’est un point valable pour toutes les cryptomonnaies anonymes. Avec des États qui veulent supprimer l’argent liquide pour pouvoir tracer la moindre transaction, pas sûr que ces mêmes États ne fassent pas tout leur possible pour réprimer ce “cash numérique”.
- Taxe sur le minage et dirigé par une société : bien que la Zcash Company soit amenée à jouer un rôle moins prédominant dans l’avenir que la Zcash Foundation, de facto c’est une compagnie qui dirige actuellement la destinée de Zcash. Et l’inconvénient pour les mineurs de céder 10% de leurs gains est évident.
- Concurrence féroce : le secteur des cryptos anonymes est très concurrentiel, nombreux sont les projets à vouloir être les meilleurs dans les transactions privées.
- La Cérémonie originelle : bien que la Cérémonie ait été menée par des personnes dont on ne veut pas remettre en cause l’intégrité, si jamais la clé privée originelle avait fuité et devait être connue de quelqu’un, ce dernier pourrait dupliquer à loisir autant de ZEC qu’il souhaiterait, même si cela ne remettrait pas en cause la confidentialité des transactions.
Zcash VS Monero : comparaison et avis
Quand on parle de cryptomonnaies anonymes, on pense inévitablement à Monero (XMR), une comparaison s’impose donc. Tout d’abord le système sur lequel repose la confidentialité n’est pas du tout le même : là où Zcash repose sur les Zk-SNARK, Monero lui se base sur deux principes :
- Les « ring signatures » qui permettent de cacher l’identité de l’émetteur d’une transaction. Elles ont été améliorées en « Ring Confidential Transactions », abrégé RingCT. Cette amélioration a permis de cacher les montants échangés.
- Les « stealth adresses » qui permettent de cacher l’identité du bénéficiaire de la transaction.
Sans rentrer dans les détails, RingCT est un système qui collecte et “mixe” les données utilisateur des expéditeurs et des destinataires de différentes transactions (aléatoirement et sans lien entre elles). Cela dissocie les informations pouvant être utilisées pour identifier un utilisateur à partir de l’historique de leurs transactions. Il n’y a pas d’options pour avoir des transactions transparentes/non anonymisées sur Monero, les transactions passent forcément par le RingCT. À noter que l’on peut néanmoins jouer sur le niveau d’anonymat en augmentant ou en diminuant la taille du cercle des signataires.
Pour essayer d’illustrer simplement : là où Zcash efface la piste en passant en z-address, Monero lui la brouille à chaque transaction, rendant théoriquement impossible de remonter la piste.
Autre différence, là où Zcash a une entité officielle, avec la Zcash Company comme société dirigeante et identifiée du projet, Monero lui a indéniablement un aspect plus opaque, pour ne pas dire sulfureux. L’équipe est beaucoup plus discrète, avec seulement quelques membres connus autrement que par pseudonyme, et force est de constater que XMR est devenue la cryptomonnaie favorite des hackers, que ce soit pour les ransomwares ou les malwares de minage clandestin.
Pour finir et en revenir à Zcash, la technologie d’anonymat apportée par les zk-SNARK est définitivement son point fort, point qui intéresse d’ailleurs d’autres cryptomonnaies comme Ethereum (ETH). Son côté moins sulfureux et orienté vers les entreprises pourra être perçu comme un point fort ou un point faible face aux réactions des États, qui seront peut-être plus conciliants avec Zcash qu’avec Monero, mais risquent de demander des preuves (gênantes ?) de bonne foi en retour.
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