« 35% des Brésiliens de 24 à 35 ans possèdent des cryptomonnaies », vraiment ?
Des Brésiliens très raisonnables. L’adoption des cryptomonnaies dans le monde prend différentes formes en fonction de la situation particulière de chaque pays. Schématiquement, aux États-Unis, en Europe ou en Australie par exemple, il s’agit surtout de spéculer sur la valeur future de Bitcoin et de se faire une chaussette pour l’avenir alors que certains pays frappés de plein fouet par une inflation violente se tournent vers les stablecoins pour sauver leur épargne et leur pouvoir d’achat. C’est par exemple le cas au Liban, au Nigéria ou dernièrement en Argentine. Enfin, pour d’autres pays comme le Mexique, le Venezuela ou certains pays d’Afrique, c’est la facilité de transférer des fonds à travers le globe à moindres frais et sans tiers de confiance qui sera le cas d’usage le plus intéressant et qui concernera la forte diaspora disséminée au quatre coins du monde.
Aujourd’hui, nous allons au Brésil où la situation économique est plutôt favorable et où Bitcoin et les cryptomonnaies sont majoritairement considérés comme une épargne secondaire. Bem vindo ao Brasil !
Selon Rico, la cryptomonnaie arrive en 4ème position des investissements préférés des jeunes Brésiliens
Rico est une plateforme financière brésilienne complète appartenant au grand groupe XP qui propose à ses clients différents produits d’épargne et d’investissement. Ses équipes ont mené récemment une étude pour connaitre les habitudes des jeunes de 24 à 35 ans en matière d’investissement. Elles ont interrogé 1008 personnes correspondantes à la classe d’âge et leur ont demandé dans quels types de produits elles avaient mis leurs économies et l’ensemble des résultats ont été repris par la presse spécialisée locale.
En tout premier lieu, c’est l’épargne classique qui attire le plus cette génération puisque 50 % des sondés ont déclaré y sécuriser des fonds. Viennent ensuite les produits à revenus fixes de type obligation qui ont séduit 41 % des jeunes interrogés. On retrouve en troisième position les actions avec 37,2 % des jeunes de 24 à 35 ans qui déclarent en posséder et finalement, à la quatrième place du classement, on retrouve les cryptomonnaies qui concernent 34,6 % du panel. Les fonds d’investissement arrivent en dernière position avec 33,1 % des sondés qui affirment y avoir mis des billes.
MNBC, stablecoin, ETF, cryptomonnaie, le Brésil est à la pointe du Web3
Les auteurs de l’étude précisent évidemment que cette étude ne saurait être généralisée à l’ensemble des Brésiliens de cette tranche d’âge, mais qu’elle a pour vocation d’être une simple représentation à l’instant T des préférences des personnes interrogées. Enfin, à l’heure d’expliquer l’engouement de la jeunesse pour l’épargne, Antonio Sanches, analyste de recherche chez Rico, explique que c’est un produit facile d’accès, très populaire et bien implanté à la fois dans les banques et dans la culture.
L’aversion au risque n’est d’ailleurs pas une caractéristique locale puisqu’on la retrouve également chez nous où l’épargne est aussi la solution d’investissement préférée des jeunes Français, même si cela pourrait changer avec la génération Z qui arrive. Au-delà des chiffres, cette étude montre bien que dans une société où l’économie est stable les cryptomonnaies ne sont pas considérées comme une priorité, mais plutôt comme un complément aux investissements plus classiques.
C’est exactement ce que montraient les travaux de Chainalysis sur l’adoption des cryptomonnaies en Amérique du Sud l’an passé dans laquelle les auteurs faisaient une différence entre trois façons distinctes d’appréhender la chose entre le Mexique, l’Argentine et le Brésil correspondant à la situation particulière de chaque pays.
Ben Canton
Prof à la ville comme à la scène, vulgariser et expliquer c'est mon quotidien. Crypto-agnostique pratiquant, je cherche la lumière dans les ténèbres des internets en essayant d'éviter les querelles de chapelles ! En attendant la révélation, j'achète du Bitcoin pour mes enfants et je m'enthousiasme pour les projets à destination du grand public.
