Bitfrost : 2,5 millions de $ pour construire un pont céleste entre Polkadot et Kusama ?
Le futur du staking vu par Bitfrost – Le protocole de staking Bitfrost Finance, construit sur Kusama, a sollicité un prêt de 50 000 KSM au Trésor de Kusama (KSM). Pour comprendre les enjeux d’un tel crédit pour la cryptosphère, un détour pour appréhender le mode de fonctionnement de Polkadot (DOT), de Kusama, et de Bitfrost s’avère nécessaire, avant de revenir au cœur de cette actualité.
Polkadot : l’architecture de base
Polkadot est un projet qui ambitionne de créer un écosystème multichain – composé de plusieurs blockchains parallèles – interopérable.
En d’autres termes, le projet veut permettre la communication entre les blockchains, les transactions inter-chain, grâce à structure assez singulière.
De manière simple, l’architecture de Polkadot est principalement composée :
- D’une chaîne relais ou relay chain : elle est la chaîne principale de Polkadot et de Kusama – une explication simplifiée du rôle de Kusama par rapport à Polkadot est fournie dans la section 4 ;
- De parachains : un ensemble de blockchains parallèles, toutes reliées à la chaîne relais, une connexion qui permet l’interopérabilité entre les parachains.
Les parachains : le point de départ des transactions
Deux acteurs essentiels gèrent les parachains. Le premier est constitué par les assembleurs ou collators.
Ces derniers maintiennent un nœud complet de la chaîne relais et de leur propre parachain. Les assembleurs disposent ainsi de l’historique de toutes les transactions sur leur parachain, mais également sur celles réalisées sur les autres parachains sur Polkadot ou Kusama.
Cependant, les actions des assembleurs se focalisent principalement sur leur propre parachain. Les assembleurs vont jouer un rôle partiellement similaire à celui d’un validateur blockchain PoS. Ils vont vérifier et valider, à leur niveau, les transactions réalisées sur leur parachain.
Dans ce cadre, ils produisent, un bloc candidat. Ce bloc regroupe les transactions qu’ils ont validées sur la parachain ainsi qu’une preuve d’état temporaire – un résumé qui explique le solde final, à la suite des transactions dans le bloc.
Ils transmettent ensuite ce bloc candidat et cette preuve aux seconds acteurs essentiels des parachains. Ce sont les validateurs affectés à la parachain concernée. Ces validateurs servent d’intermédiaires entre une parachain et la chaîne relais.
Pour devenir validateur, un utilisateur de Polkadot ou de Kusama doit staker – verrouiller – des DOT, le token natif respectif des projets. Ils participent, dans ce cadre, à la sécurisation de l’ensemble du réseau.
Les validateurs au service de l’interopérabilité
Les validateurs affectés à une parachain reçoivent un bloc candidat et la preuve d’état de la part des assembleurs. Ils vérifient alors le bloc. Une fois ce dernier validé, ils transmettront le bloc candidat à la chaîne relais.
Les validateurs des autres parachains doivent alors trouver un consensus pour une validation finale de ce bloc transmis dans la chaîne relais.
Le bloc, une fois validé par les validateurs des différents parachains, est alors ajouté définitivement à la parachain concernée, et donc à l’ensemble même de l’écosystème Polkadot ou Kusama.
Kusama ou la recherche de la flexibilité
Cette configuration de Polkadot, et son organisation dans la vérification, avec une transmission à plusieurs niveaux des informations des transactions issues d’une parachain, permet aux différentes blockchains reliées par la chaîne relais de communiquer entre elles.
Cette structure peut toutefois être « lourde » pour des projets qui, à un stade précoce de déploiement, recherchent une certaine rapidité d’exécution.
Polkadot a ainsi imaginé Kusama, une blockchain qu’il décrit comme un « réseau canari ». L’architecture de Kusama a été conçue de manière à rendre les mises à jour plus rapides que sur Polkadot.
Les votes sur Kusama prennent, en effet, environ 7 jours, contre approximativement 28 jours sur un Polkadot beaucoup plus lent. En contrepartie, ce dernier bénéficie d’une meilleure protection contre les éventuelles attaques, grâce à une gouvernance plus exigeante.
Une pré-production en early stage
Kusama se présente comme un environnement de pré-production pour Polkadot. Il n’est pas un simple testnet – le réseau se situe entre un testnet et Polkadot.
Les utilisateurs de Kusama peuvent se servir de ce réseau pour déployer leurs applications auprès d’un nombre limité d’utilisateurs au sein d’une parachain. Ils peuvent ainsi tester concrètement leurs produits dans un environnement maîtrisé, assez similaire à Polkadot. Ils pourront alors identifier les problèmes éventuels à corriger.
Le déploiement de leurs applications sur Kusama leur permet également de déterminer les axes d’amélioration, et de disposer d’une preuve de concept solide pour leurs projets.
Bitfrost : le staking sans son principal inconvénient
Bitfrost Finance est un protocole de staking construit sur Kusama. Les utilisateurs du protocole peuvent employer son application – avec une interface intuitive – pour staker des cryptomonnaies, comme l’Ether (ETH) ou le DOT, afin de générer des intérêts rémunérateurs.
Ensuite, le protocole Bitfrost émet, en contrepartie de ces tokens stakés, un dérivé appelé « vToken ». Le staking de tokens KSM via Bitfrost permet ainsi d’obtenir en échange un vKSM – ou plus précisément, une quantité de vKSM légèrement en-dessous du KSM staké.
Les détenteurs de ces vTokens peuvent les utiliser pour reprendre leurs tokens stakés et exiger leurs récompenses. Mais ces vTokens peuvent aussi être utilisés dans les applications DeFi construites sur les parachains Kusama.
En résumé, ces vTokens permettent aux investisseurs de staker leurs tokens initiaux dans Bitfrost. Ainsi, ils génèrent des gains, tout en profitant des opportunités offertes par d’autres protocoles DeFi sur Kusama. Cela serait impossible dans du staking classique, les cryptomonnaies étant verrouillées dans un protocole sans un équivalent « libre ».
Un crédit au service de l’écosystème KSM
Bitforst élimine l’inconvénient principal d’un staking classique. Le protocole encourage ainsi le staking des tokens liés aux blockchains qui composent l’écosystème de Kusama et de Polkadot.
Pour avoir une liquidité de base pour la paire KSM et son dérivé vKSM, le protocole a sollicité un prêt d’1 an, moyennant un intérêt de 19 %, de 50 000 KSM (environ 2,5 millions de dollars) au Trésor de Kusama. La requête concernant ce prêt a été soumise au vote des acteurs en charge de la gouvernance de Kusama et de Polkadot ainsi que de la communauté.
Compte tenu du fonctionnement technique – décrit précédemment – de Polkadot, de Kusama, et de Bitfrost finance, ce prêt, s’il est accordé, peut ainsi être considéré comme un soutien au développement de tout l’écosystème DOT.
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