Bitcoin et les cryptos se font une place dans la Russie de Poutine
Bitcoin fait partie du paysage. Depuis le déclenchement des hostilités contre l’Ukraine, les pays de l’OTAN et leurs alliés ont pris des sanctions contre la Russie et elles impactent fortement son économie et la vie quotidienne des habitants. Afin de sortir de son isolement relatif, la Russie de Vladimir Poutine cherche de nouveaux moyens d’échanger avec ce que l’on appelle désormais le Sud Global et la technologie de la blockchain a permis quelques avancées notables comme les expérimentations sur le rouble numérique ou les projets de monnaie commune avec la Chine. Mais dans la population, on a aussi bien compris l’intérêt de Bitcoin & Co pour contourner les sanctions internationales et lutter contre la dévaluation de la monnaie, c’est pourquoi la crypto prend une place de plus en importante dans les habitudes. Et c’est la Banque Centrale de Russie qui le dit.
Inflation, économie de guerre, la population souffre de l’isolement de la Russie
Dans un très court article publié en fin de semaine dernière par Interfax, une agence de presse basée à Moscou, la Banque Centrale de Russie (CBR) livre certains chiffres clés concernant l’usage de la cryptomonnaie dans le pays. On y apprend tout d’abord que l’institution souligne un « niveau d’implication élevé des russes sur le marché des cryptoactifs » avant de donner un premier chiffre :
« Le volume des flux concernant Bitcoin et Ethereum sur les plus grandes bourses crypto du pays ont représenté 4 780 milliards de roubles [51 milliards de dollars] en 2023. Ces échanges sont potentiellement imputables aux seuls russes. »
Banque Centrale de Russie – Source : interfax.ru
Toujours au cours de cette année-là, la BCR note d’ailleurs une augmentation du volume des échanges monétaires entre particuliers et des échanges dits à « haut risques » à partir des comptes bancaires de ces mêmes particuliers. Cela a pu servir à régler des transactions au marché noir, mais aussi à acheter de la cryptomonnaie.
La banque Centrale russe livre quelques chiffres clés sur le secteur crypto
En ce qui concerne particulièrement Bitcoin, les volumes cumulés d’entrée et de sortie sur les plus grands exchanges de cryptomonnaie du pays s’élevaient à 700 190 bitcoins et le gros des échanges se sont faits au cours du deuxième et troisième trimestre. Cela représente une baisse de 22,4 % par rapport à la même période en 2022, mais la BCR précise bien qu’il s’agit des volumes vers et depuis les comptes des particuliers.
Ainsi, il se peut que de nombreux russes aient déjà acheté du bitcoin l’an passé et qu’ils ne l’aient pas touché cette année, cela n’apparaît donc pas dans cette métrique. Enfin, le solde restant dans les portefeuilles s’élève en 2023 à 96 922 bitcoins, soit une baisse de 3,1 % par rapport à l’année passée. Mais une fois de plus, il ne s’agit que des nouveaux bitcoins arrivés sur le marché russe cette année et ce chiffre ne prend pas en compte les soldes déjà existants. Sans faire de réelles conclusions sur l’utilisation de Bitcoin par la population générale, la Banque Centrale avoue tout de même finalement à demi-mots que la crypto s’est inscrite dans le paysage financier national et que la population l’utilise de plus en plus.
C’est d’ailleurs un mouvement de fonds que l’on retrouve dans de nombreux pays du monde comme le Liban, le Nigéria ou encore l’Argentine. Et même si les situations politiques, sociales ou économiques ne se ressemblent pas du tout, le point commun entre toutes ces réalités est la difficulté de la population à survivre dans une vie quotidienne marquée par une monnaie déficiente, dévaluée ou tout simplement interdite au niveau international. « Bitcoin fixes this », comme disait l’autre…
Ben Canton
Prof à la ville comme à la scène, vulgariser et expliquer c'est mon quotidien. Crypto-agnostique pratiquant, je cherche la lumière dans les ténèbres des internets en essayant d'éviter les querelles de chapelles ! En attendant la révélation, j'achète du Bitcoin pour mes enfants et je m'enthousiasme pour les projets à destination du grand public.
