2035 : Bitcoin et l’Europe avalés par le gouffre de l’inflation [Crypto Dystopie]

Quel sera notre monde en 2035 ? – Nos cryptos préférées auront-elles disparu ou seront-elles plus que jamais au cœur de nos vies ? La blockchain Bitcoin aura-t-elle changé la face du monde ? Nous nous sommes amusés, au travers de petites histoires, à imaginer notre monde dans un futur pas si lointain. Le récit qui va suivre est romancé, imaginaire, sans aucune prétention de deviner l’avenir. Amusez-vous avec nous et plongez au sein de notre nouveau format de l’été. Embarquez dans la DeLorean JDC, direction 2035 !

L’Europe face à la crise de l’euro

1er février 2035, place Jean Jaures, Saint-Etienne, 18h15

A l’intérieur de la brasserie Le Méliès, Max prend un verre avec ses collègues. C’est leur petit plaisir après le boulot. Et puis l’argent, il faut le dépenser vite. Très vite.

Le serveur vient vers eux pour le paiement. 500€ la pinte. Ce qui aurait paru une somme astronomique quelques années plus tôt n’est désormais plus si cher, depuis le Vendredi Noir. Le 19 janvier 2024, l’euro s’est effondré. L’Italie, écartée de l’Europe en 2023 suite aux divergences de politiques monétaires avec l’Allemagne, a provoqué sa lente mais irrémédiable chute. D’autres pays ont suivi. Grèce, Portugal… Des rumeurs parlent désormais de l’Espagne. La zone euro se morcelle, tout comme sa monnaie unique.

19h00 – Max remonte à pied la rue Charles de Gaulle en longeant la ligne de tram depuis longtemps hors service, faute d’énergie pour la faire fonctionner. Direction la Place Carnot. Le froid glacial mêlé à la brume pénètre son blouson. Il a hâte de rentrer à la maison.

D’ailleurs, il doit se dépêcher de rejoindre Marie et les enfants pour manger. A 20h, le courant de la région Rhône-Alpes sera coupé, faute d’électricité. C’est un fait, désormais, il n’y a plus assez d’énergie pour tout le monde. Tour à tour, chaque zone est plongée dans le noir pendant 2h. Ce soir, c’est les villes de Lyon et Saint-Etienne. Le président les a néanmoins rassuré, la situation est temporaire. Deux nouveaux réacteurs nucléaires vont être mis en service cette année dans la centrale de Gravelines. De quoi enfin subvenir aux besoins en électricité de la population.

La crise énergétique a accompagné l’Europe dans sa chute. La Grande Crise de l’Euro a été initiée par la perte de confiance des organismes prêteurs étrangers face à la détérioration de la situation économique de l’Allemagne. L’Europe en 2025 a tenté d’enrayer cet engrenage infernal. Triplement des impôts, limitation des retraits en banque.

« Un effort collectif sans précédent pour une crise inédite » qu’ils ont dit.

Mais face à la révolte des populations à bout, l’Europe a fait machine arrière. En 2027, les gouvernements ont choisi la solution la moins douloureuse… sur le court terme. L’impression monétaire à gogo.

— Mince, le pain ! s’exclame Max. Il a faillit oublier.

19h10 – Max entre dans la boulangerie Maison Carnot en se frottant les mains pour les réchauffer.

— Bonsoir, une baguette s’il vous plait.

— Voici. 157€

— Mais hier c’était 151€ !

— Et oui mon brave monsieur, il faut bien acheter la farine, lui répond le boulanger.

Son pain sous le bras, Max remonte la rue Clovis Hugues jusqu’au Square Girodet. Il ouvre la porte de sa maison. Enfin celle que ses parents lui ont légué. Aujourd’hui, plus moyen d’acheter. L’argent se dévalue tellement vite que les banques refusent désormais d’en prêter. Elles savent très bien que les mensualités de remboursement de leurs prêts ne vaudront plus rien d’ici quelques mois. Même avec un taux d’intérêt à 8000 %.

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L’Europe face à la pénurie d’énergie et de Bitcoin

— Chérie, c’est moi. J’ai le pain.

— Et moi je suis passé au Auchan de Villars, faire les courses pour le mois, lui répond Marie. D’après la vendeuse, les prix auront doublés demain. J’ai prévenu mon frère. Il travaillait tard aujourd’hui mais il va quand même passer à Leclerc.

Chaque début de mois c’est razzia dans les magasins, pire qu’un premier jour de soldes. Dès leur salaire reçu, les gens le dépense en courses, en ciné, en resto… En cigarettes ou bouteilles de lait. N’importe quoi qui puisse conserver sa valeur plus longtemps que l’euro. Car dès le lendemain, ils savent qu’ils pourront acheter deux fois moins qu’aujourd’hui avec la même somme. Et chaque mois, les salaires s’ajustent en conséquence, à la hausse. Un véritable casse-tête pour les entreprises au bord de la faillite.

Parfois, même l’argent vient à manquer. L’inflation est telle qu’il n’y a tout simplement pas assez d’argent frais dans l’économie pour la faire fonctionner correctement. L’impression d’argent a créé des pénuries d’argent.

19h20 – Max finit de mettre le couvert tandis que Marie appelle les enfants à table.

— Et d’ailleurs Serge, le patron, alertait les clients sur la fermeture prochaine du supermarché, lui dit-elle.

— Ah ? s’étonne Max.

— Ils ne sont tout simplement plus rentables.

Les prix augmentent si vite que les coûts de renouvellement des stocks du magasin dépassent les recettes des ventes précédentes. Les impôts perdent leur valeur avant même d’arriver dans la poche de l’État. La société européenne est à deux doigt de faillir.

19h45 – «… la BCE devrait sortir son « bitcoin européen » dans les prochaines semaines afin de remplacer un euro qui ne fonctionne plus… » annonce Clara Cheval au journal de TF1.

— Encore une bêtise… rouspète Max. Ils nous rabâchent les oreilles avec leur nouvelle monnaie mais les gens n’ont plus confiance.

— Nous n’aurons pas le choix que d’utiliser leur truc, de toute façon, répond Marie, résignée. Comme d’habitude, nous n’avons pas voix au chapitre.

— Comme si on pouvait repartir de zéro si facilement… soupira Max.

20h25 – Éclairés à la bougie, la famille Detunes entame une partie de Uno avant d’aller coucher les enfants. Max et sa femme sont inquiets pour leur avenir. Pour couronner le tout, depuis 2028, l’Europe a interdit la détention de monnaies étrangères afin d’empêcher la fuite de capitaux. Fini les dollars, interdit la possession de cryptos et ce fameux or numérique appelé Bitcoin qui semble faire fureur par-delà les frontières.

Ces innovations sont de toute façon très peu relayées par les médias traditionnels européens de nos jours.

21h55 – Max se couche en s’emmitouflant dans sa couverture. 17°C au thermomètre posé sur l’étagère. Avec -15°C dehors, c’est normal que la température dans la maison descende vite. Cela remontera lorsqu’ils réenclencheront l’électricité dans 5min, se rassure-t-il.

Par la fenêtre, le givre progresse le long des carreaux. Cet hiver est le plus rigoureux jamais connu. Alors qu’en août, ils ont sué toute l’eau de leur corps sous des températures caniculaires. Le climat est décidément de plus en plus étrange.

L’hyperinflation guette tous les pays pris de frénésie d’impression monétaire. C’est ce qu’il s’est passé au Zimbabwe à la fin des années 90’, dont l’exemple a inspiré cette histoire. Car la monnaie doit toujours reposer sur un travail, une dépense d’énergie, afin de transmettre de la réelle valeur. La problématique dans un système basé sur la dette, c’est que l’argent aujourd’hui est créé en un clic, sans effort. Imprimer de l’argent est devenu si commode pour nos dirigeants. Mais il faudra un jour en payer le prix. Attention, l’avenir de l’Europe ne sera pas obligatoirement identique à celui du Zimbabwe, mais les signes que l’on constate à l’heure actuelle sont inquiétants. Dans ce contexte, une ressource numérique limitée, dont la création requière de la véritable dépense d’énergie est intéressante. Ce processus nouveau répondant aux problématique actuelles de transferts instantanés et de transition écologique est candidat au remplacement du système en place. Cet or numérique nommé Bitcoin parviendra-t-il a s’imposer sur le long terme ou restera-t-il à jamais une utopie ? Seul l’avenir nous le dira.

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