2019 : les huit moments forts d’une année mouvementée

Cet article vous est proposé par l’équipe de rédacteurs de KryptoSphere. Kryptosphere est la première association étudiante en France spécialisée dans la Blockchain et les cryptomonnaies. Son but est de vulgariser et démocratiser cet univers auprès du grand public.

Voici les huit moments forts de l’univers crypto en 2019, compilés pour vous par Valentin Rousseau et Morgan Richaud.

Les cryptomonnaies privées avec le Libra et le JPM Coin

Dans un premier temps surnommée « GlobalCoin » puis finalement rebaptisée « Libra » la cryptomonnaie de Facebook devrait être lancée d’ici mi-2020, à moins que le régulateur américain n’en décide autrement. 

Le projet clame sa volonté de permettre aux citoyens du monde entier de disposer d’un nouvel instrument pour échanger de la valeur : près d’1,7 milliards de personnes ne sont toujours pas bancarisées. De même, quant à sa valeur qui a suscité de nombreuses interrogations dues au caractère volatil qu’on attribue souvent aux cryptomonnaies, il a été fait le choix d’un stablecoin; Libra sera donc adossée sur des valeurs stables tels que l’euro ou le dollar.

Bien qu’aujourd’hui des membres majeurs (Visa, Ebay…) aient quitté le navire face aux contraintes réglementaires, si le projet venait à être validé par le congrès américain, on pourrait assister à un rétropédalage jamais vu auparavant. De même, d’autres acteurs ont toujours la volonté d’intégrer le consortium, 1500 organisations selon David Marcus.

Par ailleurs, au cours de l’année, le consortium de Libra n’a pas été le seul acteur à proposer sa propre cryptomonnaie. Avec néanmoins un cas d’usage différent, JP Morgan, banque américaine de renom, a aussi annoncé l’émission de son propre token. Il s’agira d’un stablecoin basé sur une blockchain privée développée sur Ethereum.

Avec cette innovation, JP Morgan souhaite apporter de la transparence dans les transactions, afin de lutter contre le blanchiment et d’accroître la sécurité du système bancaire.

Le staking sur Tezos

Binance, plateforme d’échange majeure qui ne cesse de développer de nouvelles offres, a annoncé en cette fin d’année 2019 prendre en charge le staking de Tezos (XTZ), et ce sans frais !

Pour rappel, le staking est une méthode consistant à mettre des fonds en cryptomonnaie à destination d’un réseau blockchain. D’une part, ces fonds sont utilisés pour la gestion des opérations (cf. proof of stake). D’autre part, il permettent aux détenteurs qui « stake » leurs jetons de percevoir un intérêt. Pour Tezos, le taux d’intérêt perçu pour le staking est de 7.04%. Le taux le plus intéressant est aujourd’hui proposé par Algorand (jusqu’à 20%) et le plus faible est de 1.66%, pour le projet Neo.

Comment fonctionne le staking de XTZ sur Binance ? Il suffit uniquement de posséder des tokens (au moins 1 XTZ pour Tezos) sur la plateforme, et chacun des détenteurs de XTZ se verra ensuite recevoir ses récompenses de staking au prorata des jetons qu’il possède. Enfin, le ratio de possession se calculera sur le total des XTZ conservés sur Binance. 

All-Time-high sur le hashrate de Bitcoin, que cela implique-t-il ?

Avant tout, rappelons que le hashrate mesure la puissance de calcul totale utilisée par les mineurs dans le traitement des transactions d’une cryptomonnaie, autrement dit la vitesse à laquelle un appareil de minage réalise une opération de calcul. Cette année, il atteint son plus haut niveau sur la blockchain de Bitcoin (BTC).

De plus, il est primordial de souligner que plus ce taux augmente, plus la difficulté de minage croît. Par conséquent, il devient plus coûteux aux mineurs de participer au réseau, étant donné qu’il y aura un plus grand nombre d’acteurs en concurrence pour une récompense qui est fixe (12.5 BTC par bloc validé).

Lorsque ce all-time high fut atteint le 23 septembre 2019, le prix du BTC était pourtant aux alentours des 10 000 $, loin de son plus haut, à savoir pratiquement 20 000 $. Or, le prix du bitcoin étant un facteur-clé dans la rémunération des mineurs, il est légitime de s’interroger sur les raisons d’un tel niveau.

L’investissement croissant que réalisent les mineurs démontre qu’il y a une indubitable confiance qui se noue vis-à-vis de Bitcoin. Et ce en dépit du halving prévu pour le mois de mai 2020, qui réduira la récompense perçue de moitié ; passant ainsi de 12.5 à 6.25 BTC par bloc validé.

Enfin, il est essentiel de souligner qu’un tel taux garantit une sécurité des transactions jamais atteinte auparavant (car celle-ci dépend du hashrate).

Le lancement de Bakkt

Bakkt est la crypto-filiale d’Intercontinental Exchange (ICE) spécialisée dans les produits dérivés financiers. La finalité du projet est de proposer des produits financiers en cryptomonnaie et de développer à terme leur usage au quotidien.

Après avoir récolté près de 180 millions de dollars en 2018, elle a longtemps annoncé la mise en place des premiers contrats à terme réglés physiquement sur le bitcoin. Néanmoins, de multiples contraintes réglementaires ont retardé cette arrivée. En effet, ce produit dérivé était initialement prévu pour décembre 2018, mais il ne verra le jour qu’en septembre 2019.

Bien que son démarrage fût timide, l’ambition du projet demeure, et les annonces tout comme les performances réalisées le confirment, preuves à l’appui : 

  • Arrivée d’un service de sécurisation des actifs, qui seront assurés à hauteur de 125 millions de dollars ;
  • Records successifs sur les volumes quotidiens de contrats à terme Bitcoin (BTC) : après un sommet à 20.3 millions de dollars le 22 novembre, un nouveau reord est atteint 5 jours plus tard à 42 millions, avec exactement 5671 contrats ;
  • Lancement d’options sur les contrats à terme Bitcoin en décembre, ainsi que des contrats à terme réglés en espèces sur le Singapore Mercantile Exchange (SMX).

Une application pour permettre le paiement avec des actifs numériques est aussi en développement. Starbucks, partenaire majeur de la filiale, pourrait accepter les paiement via cette application.

Le hard fork d’Ethereum : Istanbul 

Dans la nuit du 7 au 8 décembre, Ethereum a atteint le bloc 9 069 000 et le hard fork Istanbul a été déployé. C’est l’une des dernières évolutions avant Serenity (Ethereum 2.0) qui changera la méthode de consensus du PoW (Proof of Work) au PoS (Proof of Stake). Istanbul apporte 6 EIP (propositions d’amélioration d’Ethereum) qui permettent : 

  • L’interopérabilité avec toutes les cryptomonnaies possédant la fonction de hash BLAKE2 (notamment Zcash), désormais inclus sur la machine virtuelle d’Ethereum ;
  • De redéfinir les coûts en gas (prix de la puissance de calcul nécessaire pour une opération) en lien avec des mécanismes assurant un certain anonymat sur Ethereum (zk-SNARKS/zk-STARKS) ;
  • De permettre aux smarts contracts de consulter un identifiant Chain ID (permettant d’éviter les attaques de rejeu entre différentes chaînes pendant un hard fork) pour s’assurer de suivre la bonne chaîne ;
  • De rééquilibrer les coûts en gas pour certaines fonctions.
  • De réduire les coûts en gas lors d’ajouts de données dans un calldata (espace en lecture seule où les paramètres d’une transactions ou d’un message call sont stockés). On passe de 64 à 16 gas par octet.
  • De redéfinir la mesure de gas pour la fonction SSTORE, ce qui permet d’optimiser son fonctionnement.

Toutes ces mesures permettent de préparer Ethereum pour la phase Serenity, qui devrait arriver courant 2020. 

roadmap ethereum serenity
Phases

Financement d’Acinq par la banque publique d’investissement  

Acinq est une start up française qui est spécialisée dans le Lightning Network. Depuis 2015, elle contribue au développement du Lighting Network avec la collaboration de géants tel que Blockstream. Elle s’est faite connaître grâce à son portefeuille “Éclair wallet” en 2018, qui est devenu très populaire. En effet, c’est l’un des premiers wallets à proposer des transactions grâce au Lightning Network sur le réseau Bitcoin. Eclair wallet permet de faire tourner un nœud dit “léger” mais quand même complet. On choisit alors nos canaux de paiements sur le Lightning Network. 

Début décembre, la start up a sorti un nouveau wallet, Phoenix, qui est davantage “user friendly”, mais qui est moins décentralisé qu’Eclair, car on passe ici par des nœuds propriétaires (gérés par Acinq).

Fin 2018, la société d’investissement Serena a versé 1,4 M à Acinq pour l’aider à se développer, et cette année, la banque publique d’investissement française (BPIFrance) a investi avec d’autres acteurs déjà présents comme Serena ou de nouveaux à l’instar d’Idinvest Partners. L’investissement total correspond à 7 millions d’euros. Les fonds, reçus en octobre 2019, devraient permettre à Acinq d’accentuer son développement

Mais ce qu’il faut retenir de cet événement, c’est que c’est la première fois qu’un organisme en partie public investit dans une société du secteur crypto. Cet acte a une portée symbolique, qui montre un début de confiance entre les institutions publiques et la cryptosphère.

Émergence des cryptomonnaies étatiques (CBDC)

Comme il a été dit précédemment, 2019 fut une année importante pour la démocratisation des cryptomonnaies, notamment grâce à l’annonce du géant des réseaux sociaux sur sa crypto Libra. Cette annonce a suscité de la méfiance de la part de nombreux États sur le fait qu’une société puisse détenir sa propre monnaie et la diffuser à grande échelle.

L’Empire du milieu a ainsi déclaré que la blockchain était une priorité nationale pour ensuite annoncer le lancement d’une cryptomonnaie souveraine. Oubliez la “philosophie Bitcoin”, ici la souveraineté est assurée par l’autorité chinoise. Ce stablecoin devrait être confié à des géants chinois tels qu’Alibaba ou encore Tencent (propriétaire de WeChat, l’équivalent de Facebook) pour la diffuser. Avec ce cryptoyuan, la Chine continue d’imposer son hégémonie sur la surveillance de masse en abattant l’un des derniers piliers de l’anonymat : la monnaie fiduciaire.

En Occident, l’Europe s’est également penchée sur le sujet, puisque certaines institutions ont commencés à parler d’un “euro numérisé” avant que la directrice de la BCE (Banque centrale européenne) Christine Lagarde parle d’un euro tokenisé. À terme, l’argent liquide tendrait à disparaître pour être remplacé par cette monnaie numérique. Étant basée sur une blockchain, cette monnaie bénéficie de nombreux avantages, notamment un haut niveau de sécurité et de transparence (pour les institutions uniquement) des transactions. Cependant, cela soulève des problématiques quant à la confidentialité des transactions.

Le projet européen est beaucoup moins avancé que celui de la Chine et risque d’avoir plus de difficultés à être déployé, de par la nécessité d’être approuvé par tous les membres de la zone euro.

Crypto banques centrales 2019

Les différents mouvements de prix du bitcoin

La cryptomonnaie de Satoshi Nakamoto a connu de multiples mouvements de prix cette année, mais avant de nous intéresser aux événements majeurs qui ont influencé son cours, réalisons un bref résumé de ces derniers. 

En février, sa valeur avoisinait les 3600-3900 dollars, puis 5 mois plus tard, son prix a presque quadruplé pour atteindre les 13 870 dollars – soit une hausse d’environ 270%.

Pendant cet intervalle, début avril, le bitcoin a connu une hausse de son prix de 20 % en une seule journée pour atteindre les 5000 dollars ! Selon Oliver von Landsberg-Sadie, spécialiste dans ce domaine, interviewé notamment par Reuters, cette variation serait à l’origine d’un ordre d’achat de 20 000 bitcoins, soit l’équivalent de 100 millions de dollars, répartis entre 3 exchanges connus : Kraken, Coinbase et Bitstamp. 

Mais cette hausse n’est pas la plus spectaculaire enregistrée au cours de l’année puisque dans la nuit du 25 au 26 octobre, son prix a varié à la hausse de 40 % pour dépasser les 10 000 dollars. Cet événement fut la conséquence d’une déclaration du président chinois Xi Jinping le 24 octobre sur la blockchain : “Nous devons considérer la blockchain comme une percée importante pour l’innovation des technologies de base. […] Nous devons accélérer le développement de la technologie de la blockchain.”

Résultat : le bitcoin a connu sa plus forte hausse depuis 2011 !

Article co-écrit par Valentin Rousseau et Morgan Richaud.

KryptoSphere

KryptoSphere est la première association étudiante en France spécialisée dans la Blockchain et les cryptomonnaies. Notre but est de vulgariser et démocratiser cet univers auprès du grand public. KryptoSphere est présente sur 6 campus d’école de commerce et d’ingénieurs dans 4 villes en France : Paris, Marseille, Lyon et Rennes.