Protéger le consommateur. Les instances de régulation américaines ont définitivement pris la mesure du phénomène crypto et n’ont plus l’intention de se laisser déborder, que ce soit la Securities and Exchange Commission de Gary Gensler ou la Commodity Futures Trading Commission de Rostin Behnam, l’opération Main Propre est lancée tous azimuts et ce dernier vient d’annoncer deux nouvelles années placées sous le signe de la coercition. S’exprimant lors d’une conférence mondiale, il a rappelé les enjeux d’une saine régulation du secteur crypto, seule solution pour protéger efficacement les utilisateurs américains « contre les fraudes et les manipulations ». Voici les meilleurs moments de son intervention.
Une nouvelle vague de mesures coercitives en vue selon Rostin Behnam…
Le premier constat fait par Rostin Behnam lors de la 27ᵉ conférence mondiale annuelle du Milken Institute, est que l’intérêt des investisseurs particuliers pour l’investissement dans la cryptomonnaie ne faiblit pas du tout, voire même augmente mois après mois. Dans le même temps, la valeur des cryptoactifs en question augmente aussi, attirant de fait toujours plus d’investisseurs. Ce double mouvement appelle donc un renforcement de la régulation à court et moyen terme et donc de nouvelles mesures coercitives pour protéger les nouveaux arrivants sur le marché. Extrait :
« De mon point de vue en tant que régulateur, nous allons probablement assister, dans les six à 18 mois voire dans les 24 prochains mois, à un autre cycle de mesures coercitives en raison de l’appréciation des actifs et de l’intérêt croissant des investisseurs particuliers. »
Rostin Behnam, président de la CFTC lors de la 27ᵉ conférence mondiale annuelle du Milken Institute – Source : Cointelegraph
Le déploiement de nouvelles mesures de protection pour les utilisateurs est même pour lui indispensable afin de les protéger contre les dérives inhérentes au secteur :
« Sans cadre réglementaire, sans cette transparence, sans les outils que nous utilisons habituellement en tant que régulateurs, vous allez continuer à être témoin de cette fraude et de cette manipulation. »
Rostin Behnam, président de la CFTC lors de la 27e conférence mondiale annuelle du Milken Institute – Source : Cointelegraph
Mais se pose maintenant la question de savoir qui va mener cette croisade et d’où viendront les lois qu’il appelle de ses vœux.
…mais le patron de la CFTC l’affirme : c’est pour le bien des consommateurs !
Lors de son intervention, on lui a demandé s’il pensait que les parlementaires américains arriveraient selon lui à se mettre rapidement d’accord sur un texte et à combien il estimait la probabilité que cela arrive. Réponse de l’intéressé :
« Si nous commençons à fixer un pourcentage, je pense toujours qu’il est assez faible. Il y a beaucoup d’élan, beaucoup de désir et je pense qu’il y aura des efforts des deux côtés (…) mais il est difficile de faire adopter une législation ces jours-ci. »
Rostin Behnam, président de la CFTC lors de la 27e conférence mondiale annuelle du Milken Institute – Source : Cointelegraph
Rostin Behnam fait allusion à la proximité des vacances d’été pendant lesquelles le travail parlementaire est largement allégé, mais aussi et surtout à la proximité de l’élection présidentielle qui a tendance à geler les débats et les grandes manœuvres législatives. De plus, Démocrates comme Républicains sont actuellement empêtrés dans des querelles internes qui ne sont guère propice au vote d’une loi sur les stablecoins ou même sur les cryptoactifs, même si Patrick McHenry et Maxine Waters se démènent pour faire avancer la cause.
En attendant, la SEC poursuit sa chasse aux sorcières et mène actuellement des procédures contre Kraken, Kucoin, Binance, Coinbase et plus récemment Robinhood, sans parler des développeurs de logiciels comme Samouraï Wallet. De son côté, la CFTC n’est pas en reste puisqu’elle a aussi mené ses propres batailles contre Alex Mashinsky et Sam Bankman-Fried et qu’elle faisait aussi partie de l’accusation dans le procès contre Binance et Changpeng Zhao. Bien sûr, toutes ces affaires ne se ressemblent pas et une part de régulation est indispensable pour effectivement protéger le consommateur d’éventuels excès de certains acteurs malveillants. Peut-on pour autant faire confiance aux américains pour doser et nuancer la régulation du secteur ? Affaire à suivre.
