Decentraland (MANA) : la réalité virtuelle construite sur Ethereum
Decentraland est un univers de réalité virtuelle construit sur la blockchain Ethereum. Cet écosystème permet le développement et l’hébergement d’actifs numériques qui représentent des parcelles de terrains pouvant être achetées ou vendues. Vous avez plein pouvoir sur votre parcelle et Decentraland stocke votre titre de propriété sur la blockchain. Vous pouvez l’aménager à votre guise, y créer des scènes, des attractions et vous pouvez même facturer l’entrée sur votre parcelle ! Voici notre analyse de Decentraland.
Decentraland : la spéculation immobilière virtuelle et décentralisée
Le projet Decentraland
Ce projet est issu de l’imagination de Ari Meilich et Esteban Ordano. Ces deux développeurs ont lancé une plateforme de streaming vidéo sur blockchain nommé Streamium. Par la suite, ils ont commencé à chercher une manière d’attribuer la propriété d’espaces virtuels visualisables. C’est ainsi qu’est né Decentraland.
La première étape de son développement, nommé l’âge de pierre, ne permettait que de prouver la propriété de pixels sur un plan 2D. Avec la finalisation de l’âge de bronze, il est devenu possible de référencer des parcelles de terrain dans un espace en 3D.
Depuis l’ICO, et la libération des tokens MANA, il est possible d’acheter ces parcelles, référencées à l’aide de numéros de hachage sur la blockchain. Le MANA est le token ERC-20 officiel de la plateforme qui permet à la fois l’achat de parcelles et d’objets virtuels.
Les parcelles
Les parcelles, sont des LAND de 16 m de long sur 16 m de large et 20 m de hauteur, référencés sur un axe de coordonnées X et Y. Les LAND sont des tokens ERC-721 transférables de wallets en wallets via la marketplace.
Vous pouvez acheter des ensembles de parcelles sous forme d’Estates. Tout ensemble de plus d’un LAND est un Estate. L’agrégation de LAND en Estate permet d’augmenter la hauteur constructible sur les parcelles. La hauteur constructible évolue de la sorte :
Une parcelle vous permettra une hauteur de construction de 20 m
2 parcelles connectées ont une hauteur constructible de 31 m
5 parcelles connectées ont une hauteur constructible de 51 m
20 parcelles connectées ont une hauteur constructible de 86 m
Un LAND est donc un actif virtuel non fongible disponible sur la marketplace de la plateforme. Initialement, chaque LAND a été mis en vente pour 1000 MANA – soit 44 euros au cours actuel du MANA. Actuellement, la parcelle la moins chère est listée à 13 000 MANA – soit 572 euros.
Il est possible d’acheter plusieurs parcelles pour les rassembler en district. Ce sont des communautés souvent rassemblées autour d’un thème. Vous retrouverez par exemple sur Decentraland le district Vegas City dédié aux jeux de hasard ou encore Dragon City District, l’un des lieux de prédilection des investisseurs chinois. Comme dans tout marché immobilier, les prix varient en fonction de la localisation du bien. Il existe des parcelles qui se vendent à plusieurs millions de MANA. En particulier, celles qui se trouvent aux alentours des Genesis Plaza, des places réparties au centre de la carte.
Comme vous pouvez le voir, cette parcelle est en vente pour 7 890 000 MANA, soit 347 000 euros.
La technologie de Decentraland
Le logiciel de Decentraland se compose de trois couches :
La Consensus Layer utilise des contrats auto exécutant Ethereum pour tracer et régir la preuve de propriété des LAND. Cette couche permet aux utilisateurs de faire valoir leurs titres de propriété et de référencer le contenu présent sur leur parcelle.
La Land Content Layer est dédié au stockage des actifs virtuels hébergés sur la blockchain Decentraland. Les scripts, les textures, les modèles 3D et autres fichiers utilisés pour construire l’univers virtuel sont stockés ici.
La Real-Time Layer permet aux utilisateurs de se connecter à Decentraland pour commercer entre eux grâce au système peer-to-peer de la plateforme.
Limites et opportunités dans le Decentraland
Au premier abord, Decentraland et ses parcelles de terrain virtuel peuvent paraître dénués d’intérêt. Le prix prohibitif des LAND que l’on ne peut visiter réellement qu’avec un casque de réalité virtuelle est un important frein à l’utilisation de ce service.
Qui d’entre vous est prêt à payer le prix d’un appartement dans une grande ville française pour créer son paradis virtuel au pied d’une Genesis Plaza ? Selon moi : quasiment personne.
L’intérêt réside donc ailleurs.
Ce qui fait toute la spécificité de ce projet, ce qui le rend unique, ce sont les nombreuses possibilités d’interaction avec les autres utilisateurs. Il est possible de former des districts qui sont des communautés avec des règles et un système de vote. Sur votre parcelle, vous pouvez développer des applications, des jeux, des musées.
Enfin, le propre de ce genre d’univers est que la seule limite est l’imagination humaine. Et de l’imagination nous n’en manquons pas.
Les districts
Jusqu’à présent, certains districts ont connu de nombreux développements tandis que d’autres sont quelque peu laissés en friche. Les districts sont dépendants de la communauté qui les anime, les plus populaires ont des discords, des sites internet et même des chefs de projets. Mais aussi, créer des statuts qui régissent le fonctionnement du territoire, le système de vote ou encore le partage des profits. Decentraland, dispose d’une dApp de vote permettant à tous les utilisateurs de voter sur les différentes questions du district. Le poids de votre vote est proportionnel au nombre de LAND que vous possédez.
Vous retrouverez de nombreux districts dans Decentraland comme Vegas City qui est dédiée aux jeux de hasard, tandis que Fashion City a été fondée par des utilisateurs qui veulent se servir de la réalité virtuelle pour regarder des défilés et essayer des vêtements virtuels. Les districts mettent donc l’accent sur l’aspect communautaire et collaboratif afin de créer des environnements harmonieux.
L’immense liberté laissée aux utilisateurs permet de lancer des projets particulièrement ambitieux, comme Decentraland University. Ce projet, sous la direction de James Aston, entend à terme fournir un éventail complet de formation au sein de l’univers virtuel. C’est déjà plus de 20 sous projet éducatif qui sont en cours d’élaboration dans ce district, certains gratuits, d’autres discutant déjà de frais de scolarité.
Nous ne pourrions pas vous donner une liste exhaustive de tous les districts existant, tant cet univers virtuel est en perpétuelle évolution. Parmi les plus connus, vous retrouverez ; le Festival District dédié aux attractions, le BattleGround sur lequel seront implémentés des jeux axés sur le combat entre utilisateurs.
Personnalisation et monétisation
Les possibilités de personnalisation de vos parcelles virtuelles sont infinies. Selon nous, ce projet appelle donc à trois catégories de personnes :
Les crypto-enthousiastes qui y voient un monde décentralisé,
Les joueurs attirés par l’aspect réalité virtuelle et monde ouvert personnalisable,
Les entrepreneurs cherchant à créer un modèle d’entreprise virtuelle.
Une fois votre LAND acheté vous pouvez y construire un chez vous, un jardin botanique, une scène et vous en servir comme point de départ pour explorer le monde qui vous entoure. Certains achèteront des Estates pour y installer des attractions, musées, boutiques et autres applications. Quand d’autres se livreront à des travaux d’envergure afin de reproduire des monuments ou des villes entières, comme cela a été le cas sur Minecraft.
Mais pourquoi se donner autant de peine pour construire un monde virtuel me direz vous ?
L’accès aux différentes parcelles, ainsi qu’aux services qui y sont présents peut être monétisé par les utilisateurs. Le curateur d’un musée virtuel pourra faire payer un droit d’entrée sur sa parcelle. Le gérant d’un parc d’attractions dédié aux utilisateurs de casques de réalité virtuelle pourra lui aussi monétiser l’entrée à son Estate et même facturer les attractions individuellement.
Sur Decentraland, sont présents des musées, des magasins de bien virtuels ou encore des jeux de hasard qui utilisent déjà les possibilités de monétisation. Toutefois, les fonctionnalités économiques n’arrentent pas là. En plus, de la monétisation des activités et de la faculté de gérer les profits d’un district, chaque district peut émettre sa propre cryptomonnaie.
Le premier à l’avoir fait est le district chinois Dragon City District. Le Dragon City Token (DCT) se range du côté des ERC-20 Ethereum, et à la manière d’une action il donne un droit sur les dividendes et un droit de vote. Chaque LAND représente 1000 DCT, et la supply totale est de 6 485 000 DCT, correspondant aux 6 485 LAND qui composent le district.
De nombreuses possibilités d’évolution
L’imagination et la détermination des utilisateurs étant les seules limites, il est impossible de prévoir ou quantifier le potentiel de Decentraland. Cependant, il existe certaines certitudes. Dans magasins de biens virtuels de toutes sortes seront disponible. Sont déjà présents des jeux de hasard et des jeux vidéo en réalité virtuelle. Des partenariats sont en place avec des enseignes connus du monde du jeu vidéo pour déployer des exclusivités des cet univers décentralisé.
Comme nous l’avons évoqué précédemment, des activités éducatives seront aussi disponibles dans le University District. Très probablement des marques ou des musées préexistants viendront s’implanter sur Decentraland. Les régies publicitaires s’intéressent de près aux univers virtuels, encore vierges de toute publicité. On peut facilement imaginer des campagnes publicitaires de grande envergure prenant place au sein de ce genre d’univers.
Toutefois, cela pose deux problèmes :
Le chargement du contenu : l’architecture P2P limite grandement la vitesse de partage. C’est difficilement scalable. Plus il y aura de districts et de services, plus il y aura de contenu à charger localement. L’équipe de Decentraland affirme être consciente de ce challenge et cherche à le résoudre avant que ce ne soit un problème. La communauté de l’univers virtuel, bien qu’active ne génère pas encore assez de contenu pour que ce souci soit avéré, mais il risque de le devenir.
Le filtrage du contenu : jeux de hasard, contenu violent ou à caractère pornographique. Nous avons déjà évoqué Vegas City, mais il existe aussi un Red Light District nommé après le quartier rouge d’Amsterdam qui rassemble une forte concentration de travailleuse du sexe. Ces deux types de contenu sont problématiques pour des audiences mineures qui ne devraient pas y avoir accès. Le whitepaper de Decentraland mentionne toutefois un système de réputation et de filtrage de contenu avec un système de whitelist et blacklist pour les éditeurs de contenu. Mais aucun des deux n’est pour l’instant implémenté.
Le mot de la fin
Decentraland présente des qualités indéniables. Les opportunités commerciales sont presque infinies, comme nous l’avons évoqué, la seule limite est l’imagination des contributeurs. Decentraland mêle Second Life et Minecraft, deux importantes réussites commerciales, dans un monde en réalité virtuelle. De ce point de vue là son intérêt est avéré ne serait-ce qu’en temps que jeu vidéo. Notons également que le marché de la réalité virtuelle représente déjà plusieurs milliards de dollars et est en pleine expansion.
En revanche, le service lui-même est un frein à son développement et a son adoption. L’aspect spéculation immobilière virtuelle et les prix prohibitifs des parcelles vont nécessairement rebuter de potentiels contributeurs. L’architecture peer-to-peer est une limite indubitable : plus le service sera utilisé plus ce système sera une entrave à l’expansion de Decentraland.
Restez attentif, la suite de notre aventure sur Decentraland devrait paraître prochainement. Dans un premier temps nous allons acheter puis personnaliser un LAND, avant d’essayer de le revendre et faire un profit.
Financier et juriste, je suis passionné par les cryptomonnaies depuis leur apparition sur le Deepweb. Fervent supporter du Bitcoin, je suis convaincu que les devises numériques joueront un rôle déterminant dans l'avenir de nos sociétés.
Je m'intéresse tout particulièrement aux aspects financiers et législatifs des cryptomonnaies.
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