Vitalik enthousiaste sur l’avenir d’Ethereum – Plus de sept années après son lancement, la blockchain Ethereum continue d’être un vivier d’innovations. Dans son dernier billet de blog, Vitalik Buterin, le cofondateur d’Ethereum, dévoile les différents domaines d’application pour lesquels il est le plus enthousiaste.
Rétrospective sur Ethereum
Lancé en juillet 2015, Ethereum est la première blockchain à avoir démocratisé les smart contracts. Ces derniers se différencient de la programmabilité de Bitcoin grâce à plus de complexité.
Ces mêmes contrats ont permis le développement de nombreuses applications. Nous avons ainsi vu émerger des concepts comme celui de la finance décentralisée (DeFi) ou encore un nouveau type d’organisations décentralisées via les DAO.
Bien que certaines idées applications n’aient pas abouti, d’autres sont venues prendre leur place. Également, ces sept années d’expérimentations ont permis d’identifier certaines limites à cet écosystème.
Dans une publication datée du 5 décembre, Vitalik Buterin est revenu sur les applications d’Ethereum qui l’enthousiasment. Néanmoins, pour introduire son propos, celui-ci met également en évidence les limites de certaines applications, notamment les DAO.
« Nous avons également progressé dans l’identification des limites fondamentales de l’espace. De nombreuses DAO ont eu leur chance, avec un public enthousiaste prêt à y participer malgré les inconvénients et les frais. Néanmoins, beaucoup ont sous-performé. »
Un problème qui a, par exemple, été identifié par l’entreprise Chainalysis lors d’une étude publiée plus tôt cette année.
Cependant, le cofondateur d’Ethereum n’en reste pas moins enthousiasmé vis-à-vis d’autres applications.
La monnaie : l’application fondamentale
Dans un premier temps, Vitalik Buterin revient aux fondamentaux des cryptomonnaies. Ainsi, celui-ci décrit son allégresse pour Ethereum en tant que monnaie.
Pour ce faire, celui-ci prend pour exemple sa visite dans un café argentin en décembre 2021.
« Lorsque nous sommes entrés, le propriétaire m’a reconnu et m’a immédiatement montré qu’il avait de l’ETH et d’autres cryptomonnaies sur son compte Binance. Nous avons commandé du thé et des snacks, et nous avons demandé si nous pouvions payer en ETH. Le propriétaire du café a accepté et m’a montré le code QR de son adresse de dépôt Binance, à laquelle j’ai envoyé environ 20 dollars d’ETH depuis mon portefeuille Status sur mon téléphone. »
À cette époque, Ethereum était encore en Proof of Work. De ce fait, la transaction a pris un certain temps à être validée et a coûté un tiers de la somme en frais de réseau.
Néanmoins, l’utilisation de l’ETH en tant que monnaie pourrait être facilitée par le passage au Proof of Stake qui implique que « les transactions sont incluses beaucoup plus rapidement et la chaîne est devenue plus stable ».
Le cas des stablecoins
Face à l’importante volatilité des cryptomonnaies, les stablecoins se sont rapidement imposés comme un outil fondamental à l’écosystème. Néanmoins, ces derniers sont en pratique bien loin des idéaux fondateurs.
« Il y a une réalité qui n’est pas favorable aux valeurs du cypherpunk aujourd’hui : les stablecoins qui ont le plus de succès sont ceux qui sont centralisés, principalement USDC, USDT et BUSD. »
Malheureusement, cette centralisation entraîne d’importants risques de censure, via la création de listes noires par les sociétés émettrices. En parallèle, d’autres stablecoins plus décentralisés tels que le RAI ou le LUSD présentent quant à eux plus de risques systémiques.
Cette réflexion a mené Vitalik Buterin à diviser les stablecoins en trois catégories, ayant chacune leurs avantages et inconvénients.
| Gouvernance | Avantages | Inconvénients | Examples | |
| Stablecoin centralisés | Entité juridique traditionnelle | Efficacité maximale- Facile à comprendre | Vulnérabilité aux risques d’un seul émetteur et d’une seule juridiction | USDC, USDT, BUSD |
| Stablecoin gouverné par un DAO et garantie par des actifs réels | La DAO décide des types de garanties autorisées et du maximum par type. | – Ajoute de la résilience en diversifiant les émetteurs et les juridictions – Toujours une certaine efficacité du capital | Vulnérable à la fraude répétée de l’émetteur ou au démantèlement coordonné. | DAI |
| Stablecoin à gouvernance minimisée et garantie par des cryptomonnaies | Prix oracle uniquement | – Résilience maximale – Pas de dépendances extérieures | – Exigences élevées en matière de garanties – Échelle limitée – Nécessite parfois des taux d’intérêt négatifs | RAI, LUSD |
« Dans un cas comme dans l’autre, tout type de stablecoin fonctionnant bien serait une aubaine pour de nombreux types d’applications de monnaie et d’épargne qui sont déjà concrètement utiles à des millions de personnes aujourd’hui. »
La DeFi : le champ des possibles
Évidemment, parmi les sujets qui intéressent Vitalik Buterin, nous retrouvons la finance décentralisée. Néanmoins, cela n’inclut pas tout et n’importe quoi. Comme le souligne Vitalik, la plupart des protocoles existants se sont « transformés en un monstre surcapitalisé qui s’appuie sur des formes de rendement non durables ».
Néanmoins, certaines applications DeFi continuent d’enthousiasmer Vitalik Buterin :
- Les marchés prédictifs, ces derniers seraient précieux en tant qu’outil de réflexion collective. Vitalik s’attend à un développement régulier de ces marchés au fil du temps.
- Les actifs synthétiques, à savoir des actifs qui répliquent des actifs du monde réel. Vitalik cite notamment le cas des indices boursiers et des actifs immobiliers.
Identités décentralisées
Dans la suite de sa publication, Vitalik Buterin présente son engouement pour les applications ajoutant une notion d’identité. Cela inclut également les projets du type ENS, qui permet l’identification on-chain.
De surcroît, Vitalik Buterin présente les avancées faites en termes d’identification via des protocoles tels que Sign In With Ethereum. Ou encore les techniques de récupération de compte par consensus social, bien plus décentralisées que les méthodes de récupération habituelles.
Malheureusement, ces applications présenteront toujours d’importantes limitations tant qu’elles n’auront pas résolu les problèmes liés à la protection de la vie privée.
« Le statu quo implique de mettre de grandes quantités d’informations sur la chaîne, ce qui est quelque chose qui est “bien jusqu’à ce que ça ne le soit plus”, et qui finira par devenir désagréable, voire carrément risqué, pour de plus en plus de personnes. »
Un problème qui pourrait être résolu dans le futur avec l’émergence de solutions intégrant les ZK-Snark ou encore la combinaison d’informations on-chain et off-chain.
Les DAO : la décentralisation des organisations
Bien que les DAO n’aient pas encore atteint une décentralisation suffisante, leur apport potentiel peut être important.
« “DAO” est un terme puissant qui capture beaucoup des espoirs et des rêves que les gens ont mis dans l’espace crypto pour construire des formes de gouvernance plus démocratiques, résilientes et efficaces. »
Cependant, il faut réussir à identifier les cas où une DAO est intéressante et ceux où elle ne sert pas son but. C’est notamment vis-à-vis de leur décentralisation, que cela pêche. Que ce soit au niveau des choix décentralisés auprès d’un grand groupe de personne où au niveau de la décentralisation de l’infrastructure même de la DAO, les choses ne sont pas toujours roses.
« Lors de la création d’une DAO, la première chose à faire est de déterminer si cela vaut la peine ou non de structurer le projet en tant que DAO, et la deuxième chose est de déterminer si l’objectif est la robustesse ou l’efficacité : si c’est le cas, une réflexion approfondie sur la conception de la gouvernance est également nécessaire, et si c’est le cas, alors soit elle innove sur la gouvernance via des mécanismes comme le financement quadratique, soit elle devrait simplement être une multisig. »
L’état actuel des choses
Ainsi, Vitalik Buterin est enthousiaste vis-à-vis de différents sujets que nous venons d’aborder et notamment vis-à-vis de leurs évolutions futures.
« Nombre de ces applications sont en cours de réalisation aujourd’hui, bien qu’elles ne soient que peu utilisées en raison des limites de la technologie actuelle. »
L’une des principales limitations identifiées par Vitalik n’est autre que le manque de protection de la vie privée. Évidemment, les contraintes de scalabilités sont également au cœur des préoccupations.
Heureusement, à chaque problème, des solutions sont imaginées. Ainsi, la démocratisation des solutions de seconde couche comme les rollups pourraient résoudre les problèmes de scalabilités. Dans un second temps, les technologies ZK-Snark pourraient quant à elles améliorer la protection de la vie privée.
Autant de domaines qui seront extrêmement excitants à suivre dans les prochains mois et années.
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