L’année 2022 restera dans les mémoires et dans l’histoire de la jeune industrie crypto pour les pires des raisons. Désintégration de l’écosystème TERRA et du stablecoin UST, faillite de Celsius, psychodrame FTX… Des déflagrations qui ont profondément ébranlé l’ensemble du secteur comme autant d’envolées de funestes cygnes noirs, la rareté en moins. Focus aujourd’hui sur un mal moins spectaculaire, mais tout aussi destructeur : la production désormais quasi-industrielle des scams tokens.
2022 : année historique pour les scams
Selon la dernière étude de la société spécialisée dans la détection et le monitoring des arnaques crypto Solidus Lab, l’année 2022 expose un triste record.
En effet, cette année a vu la création chaque jour du nombre ahurissant de 350 cryptomonnaies (ou tokens) « scam », c’est-à-dire des actifs conçus dès le départ pour siphonner l’argent des investisseurs un peu trop naïfs ou avides.
C’est 41% de plus qu’en 2021 et littéralement 80 fois plus qu’en 2020.
Que sont les scam tokens ? Leur nature est diverse, allant des projets inutiles ou qui ne délivreront rien de plus qu’une vague feuille de route et quelques promesses marketing, jusqu’aux dispositifs « pots de miel », conçus pour donner l’apparence d’une augmentation constante de la valeur d’un token, mais interdisant à leurs détenteurs (via un smart contract dédié) de… revendre leurs actifs ! On pensera notamment au SQUID token, de sinistre mémoire.
Dans ce déprimant ballet c’est la Binance Smart Chain (BSC), réseau lancé par la plateforme éponyme, qui mène la danse en concentrant la majorité de ces escroqueries. Selon l’étude, c’est ainsi 12% de l’ensemble des tokens de la chaine qui seraient concernés (contre 8% pour Ethereum).
A cela, deux grandes raisons :
- La confusion fréquente dans l’esprit des plus débutants entre le réseau Binance Smart Chain, et l’exchange crypto Binance, certains « projets » jouant de l’ambiguïté potentielle (« notre nouvelle cryptomonnaies est listée sur Binance », une déclaration de nature à faire briller les yeux et s’ouvrir les portefeuilles),
- La facilité et la rapidité déconcertante avec laquelle il est possible de créer, sans compétences poussées, un token sur la BSC, pour quelques dollars.
On rappellera à cet égard que par sa nature décentralisée et son fonctionnement même, il n’existe pas sur un réseau blockchain d’autorité de contrôle ou d’instance de surveillance centrale.
N’importe qui peut y faire littéralement n’importe quoi en la matière et si la liberté et les possibilités sous-jacentes sont immenses, elles doivent impérativement s’accompagner d’une vigilance de tous les instants, et d’un solide esprit critique afin de ne pas tomber dans les pièges les plus grossiers.
Deux compétences qui font malheureusement souvent défaut aux nouveaux arrivants, parfois plus animés par l’espoir illusoire d’un enrichissement éclair que par la volonté sincère d’apprendre et comprendre les potentiels de l’industrie.
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Les scams token, cancer de l’industrie crypto
L’étude de Solidus Lab démontre que depuis septembre 2020, ce sont près de 2 millions de personnes qui ont perdu de l’argent dans ces multiples escroqueries.
C’est plus que le nombre de victimes des faillites de FTX et Celsius réunies.
Mais, le mal est plus insidieux, moins spectaculaire et pour autant, peut-être plus préoccupant par sa dimension systémique.
En effet, des centaines de milliers d’investisseurs sont concernés plus ou moins rudement par ces arnaques. Contrairement aux faillites retentissantes, ces scams parfois de faibles envergures, ne font pas nécessairement les gros titres de la presse spécialisée et ne laissent le plus souvent que peu d’espoir à la moindre perspective de récupération des fonds par la voie judiciaire, faute d’identification claire des auteurs.
C’est ainsi toute une génération d’investisseurs lésés qui conserve durablement du secteur crypto une image déplorable, ralentissant d’autant son adoption globale.
Tout espoir est-il perdu, dans un écosystème pourri de l’intérieur et constellé de pièges en tout genre, n’attendant que de se refermer sur le débutant ou l’investisseur lambda ? Fort heureusement non ! L’industrie regorge de nombreux beaux projets et d’initiatives saines qui pavent les routes de l’investissement et de la Finance 2.0.
Il conviendra simplement, et probablement plus que dans d’autres secteurs, de se munir des bons outils et d’acquérir le pack de compétences nécessaire pour devenir un investisseur crypto éclairé, ou un explorateur vigilant du futur Web3. Cette phase d’acquisition de compétence n’est pas seulement importante et utile : elle est indispensable.
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