Les USA ont-ils tué la banque crypto Silvergate ? Retour sur l’effondrement d’un titan des cryptomonnaies

La banque crypto au pied d’argile. Souvenez-vous. L’effondrement spectaculaire de FTX, autrefois l’une des plus grandes plateformes d’échange crypto, a non seulement secoué l’ensemble de l’écosystème, mais a aussi laissé des traces indélébiles dans le secteur bancaire. Parmi les institutions frappées de plein fouet, Silvergate Bank a rapidement été identifiée comme une des premières à subir les répercussions de cette chute. Mais, derrière ce désastre se cache une vérité bien plus sombre. Et si l’effondrement de FTX n’avait été qu’un prétexte pour tuer le géant Silvergate ? Aurait-il été étouffé par le régulateur ? C’est ce que semblent nous murmurer certaines révélations au fil du temps. Le gouvernement de Joe Biden, en quête de « décapiter » l’industrie crypto aurait imposé des limites insurmontables à la banque. Que s’est-il passé ? On fait le point.

Silvergate et FTX : Des liens toxiques ?

En novembre 2022, FTX, autrefois leader mondial des plateformes de trading crypto, s’effondre comme un château de cartes. Son fondateur, Sam Bankman-Fried, est arrêté, accusé de fraude à grande échelle, avec des milliards d’actifs clients tout simplement envolés. Cet événement a été le premier domino d’une chute systémique qui a bouleversé l’ensemble du marché crypto.

Silvergate Bank, qui entretenait des relations étroites avec FTX, a immédiatement été éclaboussée par le scandale. Bien que Silvergate ait joué un rôle central dans le financement des échanges cryptos, son implication dans la gestion des fonds d’entreprises comme Alameda Research a mis la banque dans une position particulièrement délicate. La banque dépose faillite, et la Fed pointe du doigt une dépendance trop forte de la banque aux cryptomonnaies.

Pour beaucoup, l’effondrement de FTX a été perçu comme un coup fatal pour Silvergate. Il semblait évident que la banque, déjà fragilisée, n’avait aucune chance de se relever.

Mais ce n’est là qu’une partie de l’histoire.

Silvergate s'est elle vraiment éffondrée à cause de l'affaire FTX ?

Silvergate dépose le bilan

Cependant, dans sa déclaration de faillite déposée sous le Chapitre 11 par Eliane Hetrick, administratrice en chef de Silvergate Capital Corporation, la société elle-même a pointé du doigt les défis insurmontables posés par la pression réglementaire accrue suite à l’effondrement de FTX. Ce document, disponible ici, a été déposé dans le cadre de la liquidation volontaire de Silvergate, daté de juillet 2024. Il expose clairement les raisons pour lesquelles la banque a cessé ses opérations, malgré des efforts pour redresser la barre.

Hetrick explique que Silvergate, bien qu’ayant été en mesure de rembourser tous ses déposants, a été contrainte de réduire drastiquement ses activités sous le poids de l’insistance des régulateurs, notamment la Réserve fédérale et la FDIC.

Ces derniers avaient émis des avertissements en 2023 sur les risques liés à une forte exposition aux actifs numériques, ce qui a créé un environnement de plus en plus hostile pour les institutions financières comme Silvergate, ayant des liens étroits avec l’industrie crypto.

Cette pression, conjuguée à des retraits massifs de clients, a poussé la banque à vendre des actifs à perte. Résultats ? Un déficit colossal de 948 millions de dollars pour l’année 2022. Malgré cela, la société maintient qu’elle était encore en mesure de respecter les exigences de capital réglementaire. Cependant, la surveillance accrue des régulateurs a rendu impossible la poursuite de ses activités, entraînant une décision de liquidation volontaire.

En bref donc, Silvergate elle-même, par la voix de Hetrick, n’aurait pas seulement été victime des turbulences du marché des cryptomonnaies, mais aussi d’une coercition réglementaire qui a précipité sa chute.

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Silvergate : Une faillite inévitable, ou une liquidation orchestrée par les régulateurs ?

Officiellement donc, la chute de FTX a déstabilisé Silvergate, entraînant des retraits massifs de ses clients et une perte de confiance généralisée. Officieusement, la banque elle dénonce une pression réglementaire invivable. Cela a poussé la banque à liquider une partie de ses actifs pour couvrir ses pertes. Une spirale infernale, courante lors de telles crises financières. En surface, tout pointait vers une faillite inévitable.

Cependant, de récentes informations mettent en lumière un autre angle. Elles appuient les propos de l’administratrice en chef de la banque déchue.

Par exemple, selon Nic Carter, partenaire chez Castle Island Ventures et expert en blockchain, Silvergate aurait pu survivre à la crise post-FTX. Dans un article publié aujourd’hui ( le 25 septembre 2024) sur CoinTelegraph, Carter affirme que la fermeture de Silvergate ne serait pas due uniquement aux pertes causées par FTX, mais à une pression massive exercée par les régulateurs américains.

D’après lui, Silvergate aurait été contrainte de limiter ses dépôts en cryptomonnaies à 15 %, sous la menace de sanctions imposées par l’administration Biden. « Ils ont huit millions de façons de nous arrêter. Quand ils disent que tu dois faire quelque chose, tu le fais », aurait même déclaré un initié de Silvergate à Carter. La banque semblait donc opérer dans un climat de coercition.

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L’Operation Choke Point 2.0 : Une attaque coordonnée contre les cryptos ?

Carter introduit alors un concept inquiétant : l’Operation Choke Point 2.0. Il affirme que le gouvernement américain aurait mené une campagne coordonnée pour étouffer l’industrie des cryptomonnaies, en ciblant particulièrement les banques « crypto-friendly » comme Silvergate. Selon lui, cette stratégie visait à décapiter l’industrie crypto, en la privant de ses partenaires financiers traditionnels.

En effet, notons que cette pression n’a pas seulement impacté Silvergate, mais également d’autres institutions telles que Signature Bank et Silicon Valley Bank, qui ont aussi été contraintes de fermer leurs portes. Pour Carter, cette opération a créé un environnement si hostile que la survie des banques exposées aux cryptos devenait tout simplement impossible.

Une question persiste d’ailleurs pour l’expert : et si la limite des 15 % (évoqué dès 2023 par Eliane Hetrick) de dépôts cryptos n’avait jamais été imposée ? Carter pense que Silvergate aurait pu survivre. Mais aussi prospérer avec la reprise des marchés cryptos observée en 2023 et 2024. La banque aurait alors pu retrouver son équilibre et continuer de servir ses clients dans un environnement financier assaini.

Mais les faits sont là : Silvergate a opté pour une liquidation volontaire. Un choix rare dans le secteur bancaire et une preuve de plus d’après Carter.

Les banques crypto-friendly, une espèce en voie de disparition ?

La chute de Silvergate Bank illustre un problème plus vaste. Les banques exposées aux cryptomonnaies doivent-elles craindre d’être la prochaine cible d’une régulation de plus en plus stricte ? Les régulateurs américains semblent déterminés à restreindre les liens entre cryptomonnaies et services bancaires traditionnels. Cependant, en coupant brutalement ces ponts, ne risquent-ils pas d’étouffer l’innovation ?

Enfin, tout de même, il faut savoir raison garder. Ne diabolisons pas la régulation et rappelons-nous à quel point les révélations sur la fraude FTX étaient grandes. Chaque tentacule de la pieuvre de Sam Bankman-Fried pesait des millions, et atteignait même la scène politique américain. De fait, Silvergate n’a pas simplement été une victime de la chute de FTX., mais aussi d’une dynamique complexe où la régulation est sévère et où les cryptos, malgré leurs promesses, sont encore loin d’avoir gagné la confiance du système financier traditionnel, malgré la récente approbation des ETF bitcoin ou ETH.

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Magali

De simple lectrice en 2017 à rédactrice en chef depuis septembre 2023, j'allie maintenant l'écriture à mes connaissances à travers mes articles pour Le Journal du Coin. Mon seul but est celui de vous informer sur l'univers de demain : celui de la blockchain, des cryptomonnaies, des NFT et du metaverse. Persuadée que Bitcoin est une révolution, j'entends participer à la vulgarisation de notre écosystème.