Dans une toute récente étude intitulée « les sales petits secret de Bitcoin », tout droit sortie de son bureau le plus déconnecté de la réalité économique du 21ème siècle, la vénérable Bank of America a exposé tout le mal qu’elle pensait de Bitcoin.
Si une grande part du document fait la part belle aux comparaisons aussi imagées que contestables (posséder 1 Bitcoin équivaudrait par exemple à détenir 60 voitures moyennes en équivalent empreinte-carbone), un chiffre retient cependant l’attention. Il s’agit de l’estimation du montant nécessaire selon les analystes-maisons de BoA pour faire fluctuer le marché de Bitcoin de 1%. Et le montant est étonnamment bas, on va le voir.
Des chiffres et des lettres
Il est des chiffres, ou des ordres de grandeur qui frappent l’imagination. Saviez-vous par exemple qu’en pliant une feuille de papier 42 fois, vous obtiendrez la distance de la Terre à la Lune ? Ou que l’intégralité de l’or métal existant dans le monde tiendrait dans un gros cube brillant de 20 metres de côté ?
Et en parlant d’or, avez vous une idée du budget nécessaire afin d’en faire fluctuer le cours ? Cette question absolument essentielle, les analystes de Bank of America se la sont posée. On estime que le marketcap du roi des métaux précieux (c’est à dire le volume total d’échanges sur le marché de l’or), est d’environ 9 trillions de dollars (neuf mille milliards de dollars si vous préférez). Pour faire bouger ce mastodonte d’un petit %, l’étude de BoA estime qu’il est ainsi nécessaire d‘injecter 2 milliards de dollars sur le marché.
La même interrogation s’agissant des bons à 20 ans du Trésor américain appelle une réponse assez semblable, avec 2.25 milliards à dépenser pour avoir le plaisir de voir la courbe fluctuer à la demande, un plaisir d’esthète.
Et Bitcoin dans tout ça ?
Quel budget pour devenir une Baleine de Bitcoin ?
Selon la grille de lecture de Bank of America, il “suffit” de 93 millions de dollars pour faire fluctuer le marché Bitcoin de 1%, à la hausse ou à la baisse.
Un montant somme toute modeste, que les analystes estiment cohérent avec les datas disponibles concernant les récentes hausses débutées depuis fin 2020, un point sur lequel la société d’audit Glassnode s’accorde également.
C’est en effet la grande illiquidité d’une quantité importante de bitcoins détenus entre des mains peu nombreuses qui rend paradoxalement les petit mouvements plus significatifs et impactants sur le marché.
On rappellera au passage que, toujours selon Glassnode, 78% du nombre total de bitcoins existant tendent à demeurer immobiles et que l’écrasante majorité des BTC évoluant sur les plateformes sont extrêmement “jeunes” (95% de ces coins ont été minés dans les 3 mois précédents).
Quoi qu’il en soit, vous voila prévenu : si vous voulez faire perdre ou gagner 10% au cours de Bitcoin, il vous faudra moins d’un milliard de dollars (et pour certains, un simple tweet suffira). Une bonne idée pour amuser vos amis ou faire plaisir aux analystes de Bank of America.
Au rang des enseignements de cette étude, quiconque connaît un peu les caractéristiques de Bitcoin ne s’étonnera pas que les heureux détenteurs de la devise numérique tendent à la conserver à tout prix (ce biais comportemental raréfiant l’offre et faisant mécaniquement augmenter le cours). Bank of America n’y voit cependant qu’un point de faiblesse, considérant que le marché n’en devient que plus manipulable, et ce à vil coût.
Le débat est ouvert sur le sujet, même si on notera que ce qui est aujourd’hui considéré comme une forme de vulnérabilité tendra forcément à s’atténuer, puis disparaître si Bitcoin atteint un jour le million de dollars, une prévision qui est de plus en plus prise au sérieux.
