Une baleine de Bitfinex à l’origine du bull run du Bitcoin en 2017 ?
On commence à connaître la musique – Nous vous en parlions début octobre : des rumeurs courraient à nouveau sur une étude censée démontrer que la plateforme de change Bitfinex aurait participé à la manipulation du cours du Bitcoin pendant la bulle spéculative de 2017. Aujourd’hui, cette mystérieuse étude a été révélée, et elle ne vous fera pas tomber de votre chaise : il s’agit en fait d’une version actualisée et revue par des pairs des travaux menés en 2018 par deux chercheurs américains, et dont nous vous avions détaillé les conclusions à l’époque.
Ceux qui persistent et signent
C’est encore Bloomberg qui se fait l’écho aujourd’hui des dernières turpitudes en date de l’exchange Bitfinex : John Griffin et Amin Shams, co-auteurs d’une étude intitulée “Le Bitcoin est-il vraiment indépendant de Tether ?” (Is Bitcoin Really Un-Tethered ?), viennent de soumettre une version revisitée de cette dernière à la revue financière Journal of Finance.
Si leurs conclusions sont sur le principe inchangées, les accusations portées se font cependant plus précises : selon eux, Bitfinex aurait été le lieu d’une manipulation d’ampleur du prix du Bitcoin, menée par un unique acteur majeur. Cette mystérieuse baleine qui aurait fait tanguer les cours du Bitcoin n’est pour autant pas nommée par les chercheurs en question. Rappelons que, dans le détail, les auteurs accusent le groupe iFinex (Bitfinex et Tether) d’avoir utilisé le dollar tether (USDT) pour apporter un soutien artificiel à la valeur de Bitcoin et alimenter une bulle générale en 2017.
Pour ce faire, le groupe aurait – selon les auteurs – volontairement émis plus de dollars tether (USDT) qu’il n’avait de dollars réels en réserve afin d’assurer la stabilité de son stablecoin.
La double négation
Du côté de Bitfinex, si l’on s’était déjà défendu début octobre en qualifiant ces conclusions de vulgaires « insinuations fantasmées et sans fondement », il n’est aujourd’hui comme hier pas question de se laisser marcher sur les pieds.
Stuart Hoegner, avocat général du groupe iFinex, a estimé que l’étude en question était « fondamentalement biaisée ». Elle s’inscrirait dans une « tentative cavalière d’extorquer de l’argent, en se cachant derrière le faux-nez du sérieux universitaire, [alors que manifestement] cette rigueur manque à ce papier ».
La bataille rangée se poursuit donc entre ces deux chercheurs et le groupe iFinex, alors même que cette étude sert de base à de récentes procédures en justice engagées contre la plateforme de change. Au nom de ses clients, le cabinet spécialisé Roche Fredman LLP demande ainsi quelques 1,4 milliard de dollars en dommages et intérêts pour ces faits supposés de complicité de fraude et de blanchiment d’argent qui auraient pris place sur le marché du Bitcoin.