Le metaverse, une illusion perdue ? Le faux pas du Web 2 sur le Web 3

Un vrai faux métavers – Au fil de nos Meta-Hebdo, nous avons régulièrement analysé l’intérêt croissant des géants du Web 2, d’internet tel qu’il est aujourd’hui, pour le métavers. S’accaparant tout son concept, quitte à en détourner ses principes fondamentaux, Meta, Microsoft, Sony et bien d’autres ont jeté leur dévolu sur ce monde virtuel, pendant de notre réalité.

Décentralisation, interopérabilité, liberté économiques des utilisateurs sont alors autant de principes bafoués par ces géants financiers qui balaient ces problématiques essentielles grâce à la création de lieux centralisés et fermés. Dans son rapport « Metaverse Sector Report » (Rapport sur le Secteur du Metaverse), rédigé pour CoinShares et publié le 15 juillet 2022, l’analyste Max Shannon souligne les défauts de ces multiples faux métavers en devenir.

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Le metaverse : le trompe-l’œil de la réalité

Définition du metaverse : espoir versus réalité

D’emblée, dans son rapport l’auteur définit le métavers tel que nous pouvons l’observer aujourd’hui. Force étant de constater que 2 définitions de la notion s’opposent. Peu enthousiaste, l’auteur déplore ainsi à juste titre le développement d’un métavers vu comme espace social, extension d’internet tel que nous le connaissons dans un espace 3D. Renfermé sur elle-même, cette notion du metaverse englobe plusieurs mondes virtuels, hermétiques les uns aux autres, exacerbés par un usage massif de la publicité.

À cela s’oppose alors la définition du métavers dans son concept. Elle a été évoquée pour la première fois par Neal Stephenson dans son roman « Snow Crash » en 1992. Interconnecté, unique, propre à tous : autant de principes qui ont construit la définition du métavers bien avant la création de la blockchain et de son roi : Bitcoin.

Affinée par les technologies du Web 3, la notion de métavers en son sens propre est alors d’être un espace de libre-échange. Son économie, les transactions et les interactions sont maîtrisées et dirigées par ses utilisateurs. Le métavers ne serait ainsi, en aucun cas, un jeu ou une application. Il serait bien plus.

Deux définitions du metaverse s'opposent : celle façonnée par la Big Tech et celle du concept.

Un metaverse qui inquiète les futurs utilisateurs

Les géants de la Big Tech, essoufflés par les progrès du Web 2, ont donc redéfini le métavers. Ils se sont facilité le travail en oubliant certaines problématiques relevées par les utilisateurs. D’après certaines données, ces derniers sont réfractaires, inquiets et peu intéressés par la version que proposent les GAFAM.

Comparaison de l'intérêt des termes NFT et Metaverse. Source : Google Trends
Légende : « Metaverse » en bleu, « NFT » en rouge – Source : Google Trends

Les données Google Trends en sont alors témoins. L’intérêt du métavers sur le géant des moteurs de recherche est presque inexistant. Le nombre de mentions recueillies n’est pas plus mirobolant. Dans un creux, le métavers semblerait seulement être porté par l’affection, moindre, mais toujours existante des utilisateurs pour les NFT.

D’après un panel de 4 420 adultes venant des Etats-Unis, le rapport explique alors ce manque d’engouement du public. En effet, à la question à choix multiples « Quelles sont vos préoccupations concernant le métavers ? » les résultats ont été les suivants :

  • 35 % estiment que le métavers aura un impact sur la santé mentale ;
  • 37 % pensent qu’une modération pour éviter les dérives comportementales sera nécessaire ;
  • 38 % craignent le harcèlement sexuel dans le métavers ;
  • 39 % craignent pour leur sécurité personnelle ;
  • 44 % redoutent une cyber-attaque ;
  • 55 % ne sont pas confiants quant au sort réservé à leurs données personnelles (crainte d’usurpation d’identité par exemple).

Le metaverse : des inégalités d’investissement

Face à la crainte des potentiels utilisateurs s’ajoutent les disparités géographiques. Réel frein à une adoption globale du concept, les levées de fonds sont représentatives d’un engouement disparate pour les métavers. Les données du rapport soulignent ainsi que l’entrepreneuriat aux Etats-Unis concernant le metaverse est 3,54 fois supérieur à celui de l’Asie.

Maître du monde virtuel, les capital-risqueurs et autres investisseurs américains détiennent donc plus de la moitié des entreprises dites Web 3. Ces disparités questionnent, d’autant plus qu’elles ne correspondent pas nécessairement aux disparités propres à l’adoption des cryptomonnaies. Par exemple, l’Amérique du Sud, globalement favorable aux cryptomonnaies reste peu sensible au métavers.

Un metaverse en réalité inexistant

Si l’on déroule la pensée du rapport, nous pouvons alors comprendre que le métavers proposé par les GAFAM et autres géants de la BigTech n’est que la continuité d’une politique de croissance cherchant le profit maximal. Aussi, le développement des casques virtuels créé par Meta est une opportunité et une fortune possible importante compte tenu le nombre d’utilisateurs sur Facebook par exemple.

Cette conception du metaverse est la « voie la plus rapide » pour proposer un metaverse bâclé, réel trompe-l’œil de notre réalité. En effet, l’approche centralisée du métavers comme proposé dans Horizon Wolrd de Meta ou encore Roblox ne tient pas compte des bienfaits de la décentralisation.

Le discours de Max Shannon peut alors être comparable à celui de Vitalik Buterin qui déplorait sur Twitter cette semaine, un non-métavers dominé par les géants du Web 2 :

Retrouvez l’actu de la semaine sur le compte Twitter du Journal Du Coin – Source : @LeJournalDuCoin

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Les différents DeFi à relever pour le metaverse :

Une régulation mi-figue, mi-raisin

Le rapport rappelle également que la régulation est en retard sur l’évolution des technologies et que celle-ci est dépassée par les géants du Web 2. Le seul rôle que la régulation s’est ainsi donnée à présent n’est donc pas d’éduquer, mais de protéger les consommateurs. Les réactions de la SEC et des gendarmes financiers internationaux concernant l’affaire Terra Luna en est l’exemple évident.

Concernant le métavers, certains gouvernements commencent également à se lancer dans l’autre monde. Le ministère de la régulation numérique à Dubaï, VARA, réel gendarme du métavers s’est installé dans The Sandbox. Programme politique à part entière dans la société dubaïote, le métavers s’impose comme un réel enjeu économique et politique.

La Centrafrique, elle, avec son Sango Coin et le métavers qui l’accompagne voit dans le Web 3 une opportunité économique. Elle lui offrirait indépendance et liberté financière. Les démarches gouvernementales, isolées et intéressées ne proposent cependant pas de métavers ouvert.

Propriété et protection de la vie privée

La notion de propriété privée, la preuve de son existence et la maîtrise de sa sécurité sont également essentielles. Elle permet de faire évoluer les utilisateurs du métavers dans un cercle de confiance. Les NFT y ont une place essentielle.

Preuve de propriété infalsifiable, le token non fongible répond à la problématique de la propriété et de l’identité. Réel avatar, représentation virtuelle de votre égo, ce dernier peut être fidèle à vous-même, à votre image. À l’inverse, il peut être l’image de ce que vous voulez être – ou de ce que vous ne pouvez pas être – dans la réalité.

Les NFT sont cependant sujets à des scams et autres arnaques qui nous rappellent que trop l’importance d’être prudent dans cet écosystème. L’insécurité liée à la propriété est alors un frein à l’adoption de cette technologie. Le métavers fermé permet d’assurer facilement la sécurité des utilisateurs.

L’interopérabilité de la blockchain : le talon d’Achille du metaverse

Aussi, pour pouvoir dépasser la définition du métavers proposée par les géants du Web 2 le rapport de CoinShares souligne les nécessaires progrès que nous devons accomplir sur la communication et la prise en charge des blockchains les unes avec les autres : c’est l’interopérabilité. Ce progrès permettrait alors, des transactions, des échanges et des relations sociales dans un seul métavers. MetaMask, Animoca Brands, The Sandbox et bien d’autres travaillent à développer des mondes interopérables.

Cependant, les bridges, pont d’une blockchain à une autre permettant cette interopérabilité portent le bonnet d’âne en ce moment. Comme l’explique le dernier rapport publié par Chainalysis ceux-ci sont un des principaux problèmes de sécurité d’un protocole. Le piratage historique de la Ronin Chain, de Wormhole et le récent hack de la blockchain Harmony n’en sont que des exemples accablants.

Le hack du bridge d'Harmony symbole de la fragilité de l'interopérabilité des chains.

Les cryptomonnaies et la monétisation : l’adoption lente de la blockchain

Il convient de comprendre alors que la conception d’un métavers tel qu’il devrait l’être, rendu possible par la blockchain, prendra du temps. Le scepticisme des investisseurs accompagné d’un hiver crypto rigoureux peuvent décourager. Face à l’impossibilité d’un métavers ouvert accessible à tous, certaines démarchent proposent des issues favorables au développement d’un espace d’échange décentralisé et interopérable. Les solutions de demain sont peut-être entre leurs mains.

Le rapport prend alors pour exemple les ENS, Ethereum Name Services, véritable passerelle nominative sur la blockchain Ethereum, vendu à prix d’or. Ils ont, en effet, le vent en poupe. Ils permettent de déterminer une propriété plus large au-delà du seul NFT.

Par ailleurs, le succès de certains métavers émergents, nous pensons, par exemple, à The Sandbox, est corrélé à la cryptomonnaie. Le métavers englobe alors tout un écosystème. La propriété de jeton de gouvernance permet ainsi de participer aux décisions importantes à l’écosystème du métavers.

On peut alors se demander si le métavers tel que nous le connaissons ne représente pas l’agonie d’un Web 2 qui tente de survivre. Précoce, encore inconnu, l’idée d’un monde virtuel intrigue. Elle en effraie aussi certains, écœurés de voir des enseignes, telles que Carrefour, s’installer dans le monde virtuel. Le constat est alors amer : l’adoption lente de la blockchain permettra de proposer un métavers plus proche de sa vérité. Quelle forme aura-t-il ? Comment les problèmes d’interopérabilité et de sécurité seront surmontés ? Face à une équation avec autant d’inconnus, une seule certitude persiste : le metaverse de 2022 ne sera pas celui de 2035.

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Magali

De simple lectrice en 2017 à rédactrice en chef depuis septembre 2023, j'allie maintenant l'écriture à mes connaissances à travers mes articles pour Le Journal du Coin. Mon seul but est celui de vous informer sur l'univers de demain : celui de la blockchain, des cryptomonnaies, des NFT et du metaverse. Persuadée que Bitcoin est une révolution, j'entends participer à la vulgarisation de notre écosystème.