Méta, moche et méchant : Zuckerberg risée du métaverse ?
Meta-morphoses – Il est fréquent, au fil de nos Méta-Hebdo, que nous analysions ensemble, la conquête du web 3 que mènent, les légendaires géants du Web 2. Leur chef de file Meta, maison mère de Facebook, Instagram et WhatsApp n’a eu de cesse au fil des mois, d’exprimer ainsi son envie de métavers. En effet, la société qui concentre le plus grand pourcentage de trafic web, Meta voit l’avenir d’Internet dans un autre monde : Horizon Worlds. Cette semaine le géant des réseaux sociaux a ainsi fêté l’arrivée de son monde virtuel à Paris et à Barcelone.
Pour ne pas vous perdre dans le Méta-Hebdo :
Le metaverse d’Horizon Worlds s’installe à Paris et à Barcelone
Meta à la conquête de l’Europe
Meta, par la voix de Mark Zuckerberg, a donc annoncé cette semaine l’ouverture d’un métavers Horizon en Espagne, à Barcelone, et à Paris, en France. Accessible au plus de 18 ans, la politique de conduite et les contenus interdits sont nombreux et stricts. Par ailleurs, il faudra posséder un casque Quest 2 pour pouvoir profiter du monde virtuel proposé par Meta. Grâce aux moyens humains et financiers déployés, Meta part ainsi à la conquête de l’Europe. La France et l’Espagne ne sont, en effet, pas les seuls concernés par cette campagne. Le Royaume-Unis, l’Islande et l’Irlande ont également ouvert leurs portes à Horizon Worlds. Cette stratégie de développement est la juste continuité d’un investissement de plusieurs milliards de dollars pour le métavers.
« Nous lançons aujourd’hui Horizon Worlds en France et en Espagne ! J’ai hâte de voir les gens explorer et construire des mondes immersifs, et de le proposer bientôt à d’autres pays. »
Mark Zuckerberg – Source : Twitter
Mark Zuckerberg, le Pierre-Richard du metaverse
Cuisiné aux petits oignons par toute la toile Twitter, Mark Zuckerberg a dû affronter les détracteurs du monde virtuel, heureux d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Quel est l’objet du crime ? Cette capture d’écran postée sur Facebook. Horizon Worlds est moche pour certains et inabouti pour les plus polis. Concrètement, le monde virtuel mis en avant est digne des designs des années 2000. The Forbes déplore même un Mark Zuckerberg « au regard mort » et « les avatars ressemblent à des Mii de 2012, n’ayant toujours pas de jambes.»
D’évidence, nous ne pouvons pas les contredire.
Cet épisode risible face aux moyens déployés n’est pas sans rappeler la collection de 100 NFT déployée sur la blockchain Solana. Cet essai aux jetons non fongibles de Mark Zuckerberg avait alors fait frémir les zygomatiques de la sphère web 3.
« En l’honneur d’étendre les NFT à collectionner à 100 autres pays sur Instagram et de lancer de nouvelles intégrations avec Coinbase et Dapper, je partage ma future carte de baseball de la petite ligue NFT (…).»
Mark Zuckerberg – Source : Facebook
Horizon Worlds peut mieux faire
Mark Zuckerberg s’est défendu le 19 août 2022. Spoiler : il ne se défend pas très bien. Tenant son public sous le suspens d’une mise à jour à venir, et assurant des graphismes possiblement plus réalistes, le chef d’entreprise a promis des progrès rapides. Il reste évident qu’Horizon devra faire ses preuves s’il ne souhaite pas devenir la risée du métavers.
« Des mises à jour majeures des graphismes d’Horizon et des avatars sont à venir. Je partagerai plus sur Connect. Je sais que la photo que j’ai postée plus tôt cette semaine était assez basique. Elle a été prise très rapidement pour célébrer le lancement. Les graphismes d’Horizon sont capables de beaucoup plus – même sur les casques – et Horizon s’améliore très rapidement. »
Marc Zuckerberg – Source : Facebook
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Meta, le mauvais élève du métavers ?
Dans la famille Zuckerberg, je demande… la sœur !
Randi Zuckerberg, sœur de Mark, PDG de l’entreprise Zuckerberg Media participe au débat sur le métavers dans ces déclarations à la Global Supertrends Conference 2022, mercredi dernier. Organisée par le Crédit suisse, géant bancaire pour les plus grandes fortunes et les plus grands investisseurs, cette conférence sur invitation pense l’économie de demain.
Randi Zuckerberg définit, d’après nos confrères de CNBC, un métavers qui serait aux antipodes de celui proposé par Meta. Elle souligne le paradoxe de ne pouvoir arriver à une décentralisation complète, ingrédient indispensable pour développer le métavers tel qu’il devrait l’être. Par conséquent, compte tenu de l’utilisation embryonnaire que nous faisons de la blockchain, la sœur de Mark Zuckerberg explique que nous ne sommes qu’au début de notre conquête du monde de l’au-delà :
« Nous ne faisons qu’effleurer la surface de ce que nous allons voir dans le métavers (…) Une « décentralisation complète et sans heurts du Web 3 n’est pas encore une réalité (…) Pour vraiment libérer le potentiel [du Web 3], nous allons devoir mettre au point un système développant l’interopérabilité. Ce que vous avez vous accompagne où que vous soyez, [et] nous n’en sommes pas encore là ».
Randi Zuckerberg—Source : cnbc
Les cryptomonnaies : persona non grata du métavers
Ainsi la cheffe d’entreprise souligne que la régulation et la nécessité de la protection des données empêchent un usage abouti des cryptomonnaies, et donc une décentralisation complète. En effet, la relation entre les cryptomonnaies et le métavers est tumultueuse. La banque centrale britannique appelle, par exemple, à la plus stricte régulation des cryptos actifs dans le métavers. Elle demande même une attention particulière dans les pays émergents. Les cryptomonnaies représentant, d’après elle, un risque de provoquer l’effondrement d’une économie émergente.
Là où certains souhaiteraient un métavers décentralisé avec sa propre économie, Randi Zuckerberg constate que c’est impossible. Les protocoles et les systèmes de gouvernance apparaissent certes comme la solution qui rendrait réellement les utilisateurs acteurs des décisions prises au sein de l’espace virtuel. La technologie des jetons non fongibles, NFT permettrait quant à elle de certifier la propriété des avatars, garant de l’identité virtuelle, mais également des lands, parcelles des métavers. Mais, leur décentralisation ne peut pas être entière et franche.
La décentralisation, entre utopie et dystopie
La décentralisation, fervente défenseuse de l’anonymat et empêchant tout intermédiaire, semble impossible dans les faits. Du moins immédiatement. Un récent rapport de Galaxy Digital va dans ce sens. Le texte souligne que les métavers décentralisés devront trouver les solutions pour l’être totalement. Ils risquent à défaut de devenir des métavers centralisés comme Roblox ou encore Horizon Worlds.
« Si ces problèmes ne sont pas résolus maintenant, les supposés métavers décentralisés ne seront pas matériellement différents de ceux construits par les géants du Web2 comme Meta […]. Le simple fait de posséder les droits sur une skin de personnage personnalisée, par exemple, ne garantit pas que Decentraland ou Sandbox autorisera l’utilisation de cette peau dans le jeu (…). En l’absence d’un monde alternatif tiers dans lequel déployer le contenu généré par l’utilisateur, son utilisation effective repose sur le consentement de l’opérateur du métavers ».
Rapport Delphi Digital « Enquête sur les licences NFT : faits et fictions» – Source
Ainsi, le rapport souligne que même des métavers tels que The Sandbox ou Decentraland ne peuvent pas proposer une décentralisation complète. Les politiques de modération de contenu permettant de limiter l’usage d’un NFT. Isolé et permis que dans le métavers qui leur est associé, l’interopérabilité est par ailleurs, une lacune que les sociétés se doivent de résoudre.
Interrogé par nos confrères de The Block sur ce sujet, Sébastien Borget, CEO de The Sandbox, confirme la voix d’une stratégie qui tend à se décentraliser :
« Nous pensons que nous continuons à proposer l’approche décentralisée du métavers qui diffère de celle construite par les géants du Web 2, où les utilisateurs n’ont aucun contrôle ni aucune propriété sur leur contenu numérique et leurs données »
Protocoles, décentralisation, cryptomonnaies et gouvernances sont alors autant de problématiques qui éloignent le metaverse de Mark Zuckerberg de la réalité. Des jeux comme The Sandbox, métavers pixelisé en phase de construction, semblent se soucier de répondre au besoin de liberté porté par la philosophie de la blockchain même si à présent, nous ne réussissons qu’à en dessiner les contours flous.
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