Encore la faute des cryptos ? – Les cryptos ont souvent bon dos quand il s’agit de scandale, mais cette fois-ci, elles sont complètement hors de cause. Toutefois, cette fraude en plein cœur du pouvoir européen pourrait parvenir à écorner leur image. Eva Kaili, la parlementaire arrêtée, s’avère en effet être une pro-crypto.
Eva Kaili : les origines d’une bitcoiner
Et c’est là où le bât blesse. Eva Kaili, par le simple fait d’être pro-crypto, pourrait entraîner dans sa chute l’image du secteur. Une attention du grand public détournée de manière habile peut-être ? Car le fait est bien là. À savoir que même au cœur du Parlement européen, la corruption est bien présente. Reprenons le fil de l’histoire depuis ses origines.
Le drame de la crise financière chypriote
La prise de conscience d’Eva Kaili intervient en plein cœur de la crise financière chypriote en 2012. Alors que le système bancaire s’effondre, de nombreux épargnants se retrouvent sans rien.
« Beaucoup de mes amis ont perdu leurs économies à cause de la fermeture soudaine des banques qui finalement ne garantissaient en rien leurs économies d’une vie. Ce fut un choc pour moi. […] Les gens ont perdu leur argent, car ils ont fait confiance à l’euro. Ils ont fait confiance à leurs banques, au système bancaire et ont tout perdu malgré tout. […] Du coup, je me suis dit OK. Si ce système ne peut pas nous protéger, nous ne pourrons pas restaurer la confiance. Nous devons trouver des alternatives. »
Déclaration d’Eva Kaili
Eva Kaili voit en la décentralisation une solution pour contrecarrer le potentiel défaut d’acteurs centralisés. Elle se lance alors en quête de technologies émergentes sur ces sujets et tombe sur Bitcoin. Nous sommes en 2014, et de nombreux Chypriotes sont à la recherche d’alternatives. Le producteur de musique Zhou Tonged dévoile une reprise d’un son du groupe Swedish House Mafia. Il y mélange la peine de ses compatriotes avec le soupçon d’espoir que représente alors Bitcoin.
« Satoshi said : don’t you worry. Don’t you worry child ! Bitcoin has got a plan for you. »
Paroles de Swedish House Mafia reprises par Zhou Tonged
La blockchain comme solution ?
Eva Kaili milite alors pour l’introduction de la blockchain au sein des systèmes de vote et d’élection. En enregistrant automatiquement les votes, la blockchain permettrait de réduire de 90 % les coûts, tout en empêchant la fraude. Pour Kaili, l’objectif de Bitcoin et de la technologie blockchain n’est certainement pas de bruler le système économique et politique tout entier par la révolution, mais plutôt de renforcer et d’améliorer un système faillible, en mettant en avant des processus basés sur la confiance et la stabilité.
« La blockchain est la définition même d’un environnement de confiance »
Eva Kaili
Eva Kaili et le scandale au Parlement européen
C’est donc dans l’étonnement général qu’Eva Kaili, alors l’un des 14 vice-présidents du Parlement européen, a été arrêtée le 10 décembre dernier par les autorités belges. La police a en effet saisi 600 000 euros en cash, mais aussi des ordinateurs et des téléphones portables appartenant à Kaili, ainsi qu’à trois autres individus impliqués. Il s’agirait d’une affaire de corruption et de blanchiment d’argent en lien avec des organisations criminelles au Qatar et de hauts responsables politiques. Un scandale d’envergure donc.
Pour Erwin Voloder, chargé de mission à l’European Blockchain Association, il est clair que l’arrestation d’Eva Kaili prive l’Europe d’une voix forte du secteur crypto. Elle exerçait sans aucun doute un important lobby en faveur de l’écosystème blockchain et de l’exploration des possibilités offertes par les NFT (non fungible tokens).
« Au niveau européen, l’idéologie peut jouer un rôle démesuré dans la manière dont une technologie ou une industrie est perçue, en particulier dans le climat hyper-partisan d’aujourd’hui »
Déclaration d’Erwin Voloder
Eva Kaili n’aurait donc pas été de trop pour tenter de contrecarrer cette idéologie à prédominance négative à l’encontre du secteur. Une chose est certaine, la mise à l’écart d’Eva Kaili prive l’industrie crypto d’une alliée de poids dans la recherche de compromis en ce qui concerne la régulation naissante, via MiCA notamment. Après un drame comme celui de FTX, et au moment où la pression régulatoire s’intensifie, il est clair que l’écosystème n’avait pas besoin de cela.
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