À peine revenus de leurs défaillances en cascade, les anciens dirigeants du fonds d’investissement 3AC sont cependant déjà en selle pour un nouveau rodéo. En perspective, la création d’un « nouvel exchange crypto », projet pour lequel ils auraient besoin de 25 millions de dollars d’argent frais et sur lequel les multiples victimes des crashs en série de l’annus horribilis 2022 pourraient supposément liquider en partie leurs créances, en contrepartie d’un « nouveau » token. Et si l’idée semble loin d’avoir déclenché la vague d’enthousiasme espérée, c’est peut-être aussi parce qu’en pleine convalescence collective après la catastrophe FTX quelqu’un a eu la brillante idée de baptiser la chose… GTX.
Déconnexion
C’est décidément la semaine de la déconnexion complète avec la réalité pour le petit, mais toujours bouillonnant, écosystème crypto.
Vous vous souvenez de l’ex-patronne de OneCoin, en fuite depuis 2017 et parmi les personnes les plus recherchées au monde, qui tente en toute décontraction de récupérer son luxueux penthouse londonien financé à partir de l’escroquerie de milliers de personnes ? C’est désormais au tour des anciens dirigeants du fonds d’investissement 3AC de démontrer une absence totale de discernement dans leur perception des affaires, et plus globalement d’un manque de tact complet qui en dit beaucoup sur le grand n’importe quoi qui règne encore dans ce qui sert de « hautes sphères » de l’industrie.
Dans un élan d’ambition décomplexée qui ferait presque rougir un Sam Bankman Fried (pourtant passé maître dans l’art subtil du décalage mythomaniaque), Su Zhu et Kyle Davies les anciens dirigeants du fonds d’investissement crypto Three Arrow Capital ont présenté un nouveau projet a des investisseurs, avec l’appui de la plateforme CoinFlex.
GTX : Cette fois, c’est différent (probablement pas)
Consulté notamment par le média US The Block, le pitch Deck du projet est des plus classiques, à l’échelle de l’industrie.
Le projet d’exchange crypto promet ainsi de « dominer l’industrie » et expose un modèle auquel on reconnaîtra le mérite d’une certaine originalité (qui a dit « opportunisme » ?) : proposer aux nombreuses victimes des divers crashs récents d’échanger leurs créances de dettes contre un token, mentionné sous le nom d’USDG.
On n’a pas beaucoup plus de détails en l’état, même si la mécanique n’est pas sans faire penser à ce qui existe déjà autour du rachat de créance MtGox (en gros, vous échangez vos reconnaissances de dettes contre une fraction modeste de leur valeur théorique, charge au nouveau créancier de faire son affaire d’un éventuel remboursement ultérieur par une voie le plus souvent longue et complexe).
Mais ce qui retiendra surtout l’attention et fera rire (jaune), c’est que l’exchange est présenté sous son nom provisoire : GTX
Et n’y voyez aucune maladresse ou la moindre erreur d’appréciation s’agissant de la proximité sémantique avec FTX, les initiateurs de la chose sont même fiers d’eux et expliquent dans leur documentation « que après le “F”, on trouve le “G”! ». Espérons que dans les 25 millions, les intéressés aient prévu l’embauche d’un conseiller com et marketing.
Une plateforme baptisée « comme FTX, mais c’est différent », un token fumeux, le tout porté par des affairistes sur le retour dont on aurait préféré qu’ils restent discret et silencieux dans leurs luxueux appartements de Dubaï… décidément l’ensemble ne peut que donner confiance pour l’avenir de l’initiative GTX (même si ne doutons pas que le projet soit malgré tout capable d’attirer les foules, la petite histoire crypto étant un éternel recommencement).
Ah, et dernière minute, la plateforme partenaire CoinFlex, sous le feu des critiques, notamment de la part de sa propre communauté, a fini par se dissocier partiellement de ce dossier sulfureux, parlant de « blague » s’agissant de ce nom de baptême qui n’a pas fini de faire parler de lui.
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