FMI : les crypto-actifs « ne posent pas de risques majeurs »

Le FMI – Fonds Monétaire International a publié la semaine dernière son Global Financial Stability Report, dans lequel il consacre une partie aux cryptomonnaies. Le rapport procède en trois temps. Tout d’abord se pose la question de la qualification des crypto-actifs : nouvelle classe d’actifs ou moyens de paiement ? Viennent ensuite l’évaluation des risques posés par les devises numériques et l’inévitable volet sur le blanchiment d’argent. Cette dernière partie sera volontairement exclue, dès lors qu’elle n’est qu’une redite de nombreux avis sur les risques liés au blanchiment d’argent.

Crypto-actifs : nouvelle classe d’actifs et d’intermédiaire d’échange

FMI cryptoLe FMI rappelle que les devises numériques comme les devises fiats peuvent être échangées entre elles, utilisées comme moyen de paiement ou comme réserve de valeur. Toutefois, pour l’institution, leur utilité en tant que produit d’investissement est limitée. L’absence de maturité des cryptomonnaies et des plateformes de change, couplée à l’incertitude réglementaire qui plane au-dessus d’elles n’en fait pas des produits de choix pour les investisseurs traditionnels.

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En outre, le FMI estime que les devises numériques sont encore loin de remplir les trois fonctions de base d’une monnaie. En effet, la plupart fonctionnent bien comme réserve de valeur. Mais leur utilisation comme moyen d’échange est limitée. Enfin, du fait de leur volatilité élevée, elles ne peuvent pas être utilisées comme unités de compte. C’est-à-dire que l’on ne peut pas les utiliser comme une mesure commune de la valeur des biens et services échangés.

Ces lacunes pourraient disparaître avec une adoption plus large, ce qui exercerait une pression concurrentielle sur les devises fiat.

Crypto-actifs : quels risques pour la stabilité financière ?

Le rapport ouvre le volet sur la stabilité financière en affirmant :

« Il est impossible de savoir dans quelle mesure les crypto-actifs peuvent transformer l’infrastructure financière, et si la plupart d’entre eux sont susceptibles de disparaître comme dans les épisodes passés d’innovation technologique (comme l’ont fait de nombreuses entreprises technologiques pendant le boom de la fin des années 1990). » Global Financial Stability Report du FMI

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Pour que cette transformation ait lieu, et soit pérenne, les crypto-actifs devront gagner la confiance des investisseurs. Selon le FMI, cela passe par une régulation globale, mais aussi de répondre aux éternelles questions comme celle de savoir si les cryptomonnaies sont des securities ou des commodités. Selon la publication, les cryptomonnaies « ne posent pas de risques majeurs« , à moins d’être massivement adoptées par les particuliers sans régulation.

Toujours selon l’institution, le principal risque posé par les crypto-actifs résulte du « trading avec effet levier« . Ce dernier est impliqué dans la plupart des instruments financiers traditionnels comme les contrats à terme ou les ETFs – Exchange Traded Funds.

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Par ailleurs, le FMI estime qu’une trop forte décentralisation du système bancaire pourrait être néfaste. En effet, les systèmes bancaires modernes, bien qu’ayant de nombreux torts, comprennent de nombreux garde-fous. Comme la gestion de la liquidité par les banques centrales ou la protection du consommateur. Et la décentralisation du système en une myriade de blockchains supposerait la disparition de ces garde-fous.

Toutefois, il nous semble que la vision du FMI est limitée. Pourquoi de telles réglementations et mécanismes de protection ne pourraient-ils pas être appliqués au crypto-actifs ?

Sources : FMI ; IMF ; Cointelegraph || image from Shutterstock.com

Thomas G.

Financier et juriste, je suis passionné par les cryptomonnaies depuis leur apparition sur le Deepweb. Fervent supporter du Bitcoin, je suis convaincu que les devises numériques joueront un rôle déterminant dans l'avenir de nos sociétés. Je m'intéresse tout particulièrement aux aspects financiers et législatifs des cryptomonnaies.