Craig S. Wright : faux Satoshi ou vrai Faketoshi ?

Depuis qu’il s’est autoproclamé comme étant le « véritable Satoshi Nakamoto », Craig S. Wright alimente la polémique. Alors que ses frasques l’ont séparé de ses anciens alliés et ont vu la création du Bitcoin Satoshi Vision au succès discutable, il n’a fait que clamer haut et fort qu’il était Satoshi, en présentant des éléments comme autant de preuves irréfutables; pour autant, certaines figures de la cryptopshère ont récemment décidé de creuser cesdites preuves. Que cette figure tout aussi contestable fasse régulièrement la une des actualités de la cryptosphère peut sembler regrettable, mais il convient aujourd’hui de proposer un petit point sur les aventures de M. Craig S. Wright qui répète depuis plusieurs semaines vouloir faire reconnaître qu’il est bien Satoshi Nakamoto devant une cour de justice.

Le cas Holdonaut : Satoshi, un lanceur de chasse à l’homme ?

La torche du Lightning Network est un symbole qui a non seulement marqué la cryptosphère de par ses valeurs de transmission et de communion autour de ce grand village qu’est le monde, mais qui a aussi visé à démontrer l’avancée technologique que pourrait constituer LN pour Bitcoin.

Alors que ce flambeau atteignait ses tous derniers porteurs, approchant d’une belle conclusion, souvenons-nous que le Satoshi autoproclamé avait lancé une véritable chasse à l’homme contre Hodlonaut – le créateur de la torche LN, pour la simple raison que ce dernier avait osé dire que Wright n’était pas Satoshi.

Wright offrait alors 5000 $ en BSV aux chasseurs de primes qui pourraient révéler l’identité de Hodlonaut, ce qui nécessitait implicitement de violer la vie privée de ce dernier.

Depuis, le retour de bâton a été pour le moins rude, avec le délistage du BSV par Binance et Kraken notamment. Le mauvais karma, ça se paye, semble-t-il.

Menaces de poursuites judiciaires pour tous, partage pour personne

Dans la lignée de cette affaire, Craig Wright s’est lancé dans une frénésie procédurière qui l’a vu intenter procès sur procès à ceux qui contesteraient trop fortement qu’il puisse être le seul et unique Satoshi.

C’est notamment le cas de Peter McCormack, qui a eu droit à une première injonction lui demandant des excuses publiques à ce sujet. Ne se laissant pas impressionner par la menace judiciaire, McCormack à répondu par la négative aux demandes d’excuses. Et Wright a depuis déposé une requête en justice.

Notons donc que ces deux exemples illustrent d’une bien belle façon une franche tendance au partage et et l’universalité, tout naturellement très similaire à celle qui semblait sous-tendre la création du Bitcoin par Satoshi Nakamoto. Une broutille sans doute, alors que les multiples dépôts de brevets relatifs à « Bitcoin » (entendre Bitcoin SV) se poursuivraient selon les thuriféraires de cet actif, une démonstration supplémentaire de l’esprit open-source propre à Bitcoin.

Affaire Kleiman : Wright sur le banc des accusés

Plus récemment, une affaire qui remonte à février 2018 braque à nouveau les projecteurs sur M. Wright : un frère de Dave Kleiman (décédé en 2013) a intenté des poursuites contre Craig S. Wright au sujet de la propriété de 550 000 à 1,1 millions de bitcoins (!), alléguant que Wright aurait fraudé la succession de ces bitcoins, ainsi que profité de droits de propriété intellectuelle indus.

Dans le cadre de ce procès à son encontre, Craig S. Wright devait dernièrement produire la liste de la totalité de ses adresses bitcoin au 31 décembre 2013, afin de prouver ses allégations. Chic, une autre bonne occasion de démontrer enfin qu’il est Satoshi ? Pour le coup, il semblerait que ce soit raté.

Selon des spécialistes de Wizsec Security, cités par Cryptoslate, la liste d’adresses fournie par Wright serait un simple « copier-coller paresseux de la blockchain ».

Wright a affirmé « qu’il ne se souvenait pas des adresses précises qui prouveraient qu’il avait extrait les premiers blocs sur la blockchain de Bitcoin », une situation que l’on image bien inconfortable.

Wizsec Security n’a pas tardé à détailler ses affirmations sur son blog : la liste des adresses données par Wright correspond exactement aux 70 premières adresses des blocs de récompense de Bitcoin, après son bloc genesis (le tout premier bloc).

Pour rajouter au burlesque, Mark Lundeberg – un développeur de Bitcoin Cash – explique que dans ce copier-coller des 70 premières adresses figure le bloc 64 : « un bloc qui n’a certainement pas été miné à l’aide du même logiciel que les blocs de Satoshi ».

Alors que M. Craig S. Wright semble sur tous les fronts, certains de ses adversaires historiques ne démordent pas et cherchent à démontrer de façon définitive l’inadéquation des déclarations de ce dernier. Citons pour exemple l’imposante liste de Jameson Lopp sur toutes ces contradictions supposées (et il y en aurait vraiment beaucoup !), qui vaut clairement le coup d’œil. Verra-t-on un jour s’éteindre le feu de cette crypto-controverse ? Qui sait, peut-être que ce sera ce cher John McAfee qui finira par donner réellement un coup de main dans cette chasse à la souris satoshesque.

Rémy R.

Issu d’une formation universitaire en Sciences, je m’intéresse aux blockchains et à Bitcoin depuis 2013 et en ai même miné à l’époque. La bulle qui s'en est suivie m'en a détourné, mais je m'y suis replongé depuis 2017 et les étudie depuis avec passion.