Bitcoin : L’Europe reste silencieuse sur la réserve stratégique de Donald Trump

Deux salles, deux ambiances. « Nous travaillons pour nous assurer que l’euro numérique coexiste avec l’argent liquide, en répondant aux préoccupations en matière de confidentialité en le rendant pseudonyme et de nature similaire à l’argent liquide ». Ces mots sont ceux de Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne qui a confirmé lors d’une conférence de presse que l’euro numérique serait bien lancé au mois d’octobre prochain et qu’il s’agissait d’une priorité pour les institutions européennes.

Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que l’ordre exécutif de Donald Trump concernant cette fameuse réserve stratégique de bitcoins n’ait pas fait réagir outre mesure les responsables européens qui ont manifestement d’autres chats à fouetter.

La décision de Donald Trump n’a pas fait réagir les responsables européens

Le 7 mars dernier, le Président des États-Unis a signé un ordre exécutif demandant à son administration de mettre en place une réserve stratégique en Bitcoin en utilisant les BTC saisis dans le cadre de procédures judiciaires. Cette décision a été largement commentée par l’ensemble de la cryptosphère et même au-delà, mais elle n’a pas provoqué de réaction officielle de la part de l’UE, ou si peu.

Pour Anastasija Plotnikova, cofondatrice et PDG de la société de réglementation blockchain Fideum, cela n’a rien d’étonnant tant le processus législatif est long et complexe en Europe :

« Habituellement, il existe un processus législatif ou exécutif très clair pour ajouter différents actifs aux trésoreries nationales et, dans de nombreux cas, il ne s’agit pas d’un vote actif ou d’un soutien de la banque centrale pour faire avancer les choses. »

Anastasija Plotnikova, cofondatrice et PDG de la société de réglementation blockchain Fideum – Source : Cointelegraph

Les institutions européennes se concentrent sur l’euro numérique

De plus, toujours selon Mme Plotnikova, la BCE est historiquement opposée à Bitcoin et à son utilisation comme actif de réserve, ce qui ferme de fait la porte à toute initiative de ce type de la part d’un pays membre.

Enfin, pour James Wo, fondateur et PDG de la société de capital-risque DFG, la priorité de l’Europe est ailleurs et il s’agit évidemment de son euro numérique :

« Cela découle de la position ferme de la BCE contre la détention de Bitcoin dans ses réserves, comme l’a réitéré la présidente de la BCE, Christine Lagarde. Cela souligne aussi l’accent mis par l’UE sur l’euro numérique, bien que la récente panne du système de paiement Target 2 (T2) de la BCE, qui a causé des retards importants dans les transactions, ait soulevé des inquiétudes quant à sa capacité à superviser une monnaie numérique alors qu’elle lutte avec les opérations quotidiennes. »

James Wo, fondateur et PDG de la société de capital-risque DFG – Source : Cointelegraph

Si la présidente de la BCE a reconnu quelques difficultés techniques dans la mise en place de l’euro numérique, elle a néanmoins confirmé que tout serait prêt pour le mois d’octobre prochain.

Enfin, elle a également précisé que des garanties seraient mises en place pour protéger la vie privée des utilisateurs et éviter toute dérive de la part des autorités. Vous aurez donc bien compris qu’en ce qui concerne la réserve américaine en bitcoins ou l’hypothèse – farfelue – d’une réserve de même genre au sein de l’Union des 27, il faudra repasser.