Le pétrole tombe sous zéro, Bitcoin s’en fiche
C’est LA nouvelle de ces dernières 24h : les contrats à terme sur le pétrole devant expirer en mai sont passés en territoire négatif. Derrière ce phénomène « historique », puisque inédit, se cache l’hyper-spéculation présente sur tous les marchés, que ce soit celui des matières premières ou des cryptos. Nous allons voir ensemble pourquoi le pétrole semble ponctuellement souffrir plus que Bitcoin dans cette crise sanitaire qui se transforme en crise économique.
L’excès de spéculation au départ de tout krach
Ce lundi 20 avril, les prix du baril pétrole WTI ont connu une chute absolue. La situation économique mondiale, à l’arrêt à cause du coronavirus, et les stocks de pétrole proches d’être remplis à ras bord, sont venus se conjuguer à l’expiration des contrats à terme (futures) sur le pétrole pour le mois d’avril.
Les traders avaient ainsi jusqu’à hier soir pour acheter ou vendre des barils de pétrole, livrés physiquement au mois de mai. Cette perspective leur a brûlé les doigts au point d’être prêts à payer jusqu’à 40 $ par baril pour s’en débarrasser (comprendre -40 $ le baril de pétrole WTI).
Comme l’explique le site ZeroHedge, ce qu’il s’est passé hier est une accumulation inédite de facteurs défavorables. Non seulement les spéculateurs qui avaient acheté les contrats à terme se sont trouvés dans l’impossibilité de revendre les barils (aucune demande en face), mais en plus, la réserve de stockage propre à la bourse du NYMEX WT – où se négocient ces futures – était proche de la saturation.
Que croyez-vous qu’il allait se passer quand les traders/spéculateurs ont réalisé qu’ils allaient se retrouver avec de vrais barils de pétrole sur les bras, peut-être pour un bon moment ?
Ils ont PANIQUÉ bien sûr ! Et pas qu’un peu :
Entre les petits boursicoteurs qui ont réalisé tardivement qu’il s’agissait de livraisons physiques de barils, une fois le contrat arrivé à maturité, et ceux qui ont réalisé les frais exorbitants que leur coûterait le stockage avant de revendre ces barils : tous les éléments d’un panic sell étaient réunis.
Pourquoi Bitcoin s’en est mieux sorti le 12 mars dernier ?
Il y a peu, le fameux « jeudi noir » du 12 mars, Bitcoin (BTC) a failli connaître un sort similaire au pétrole. En effet, ce jour-là, dans la continuité du krach boursier engendré par la peur du coronavirus, le cours du bitcoin s’est lui aussi violemment effondré de 7 900 $ à 3 600 $.
Là aussi, la spéculation sur les produits dérivés, en particulier grâce aux effets de levier sur BitMEX, auraient pu rapprocher le roi des cryptos du 0 absolu.
Bien qu’il soit considéré comme une matière première, Bitcoin a toutefois cet énorme avantage sur le pétrole qu’il a un coût de stockage quasi nul, de par sa nature numérique. Même en prenant en compte le besoin de garde sécurisée (indispensable pour les institutionnels), avec des wallets Bitcoin dédiés et du cold storage, les coûts pour stocker des BTC ne sont juste pas comparables à ceux du pétrole.
Contrairement au baril de pétrole, il est donc plus qu’improbable de voir un jour le Bitcoin coter en-dessous de zéro. Mais que ce soit ce récent crash du prix du baril, ou le crash du 12 mars sur Bitcoin, ces deux événements constituent de bons exemples de ce que peut subir un actif soumis à la folie spéculative.