Minage de Bitcoin « vert » ou vulgaire Greenwashing ? L’industrie entre deux-eaux

Greenidge Generation Holdings, l’exploitant de la centrale à énergie fossile minant du Bitcoin dans l’état de New York, prévoit de compenser les émissions produites par ses appareils en achetant des crédits de compensation carbone à partir du 1er juin. Véritable avancée écologique, ou nuage de fumée (carbonée) ?

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L’hypocrisie du capitalisme à la rescousse de Bitcoin

La consommation énergétique de Bitcoin est un sujet brûlant au sein de la cryptosphère. La semaine dernière un sénateur new-yorkais a ainsi proposé rien de moins une interruption du minage dans l’État pour déterminer l’impact de cette activité sur l’environnement.

Dans le même temps, Greenidge, un mineur de BTC local a fait savoir que l’entreprise s’inscrirait désormais dans une démarche de « verdisation » de son minage.

« Greenidge achètera volontairement des crédits de compensation carbone provenant d’un portefeuille de projets étatsuniens de réduction des gaz à effet de serre. Chaque projet a été examiné et certifié par l’un des trois répertoires de projets de compensation reconnus, l’American Carbon Registry (ACR), le Climate Action Reserve (CAR) et Verra, ce qui garantit que tous les projets financés par Greenidge réduisent les émissions ou augmentent la séquestration des gaz à effet de serre d’une manière réelle, permanente et vérifiable. »

Communiqué de presse de Greenidge Generation Holdings

Avec ces investissements, Greenridge obtiendra des crédits carbone exprimés en tonnes de CO². Pour chaque crédit acheté, la centrale pourra émettre une tonne de CO² qui sera considérée comme contre-balancée par le crédit en question. Autrement dit, la production de bitcoins par Greenridge ne deviendra pas plus (ou moins) « verte » qu’elle ne l’était déjà. Simplement, la société disposera d’un crédit carbone lui assurant que son ardoise énergétique sera compensée par ailleurs.

Le protocole de Kyoto au secours du protocole crypto

La notion de crédit carbone est apparue pour la première fois au sein du Protocole de Kyoto – qui n’est pas un protocole cryptographique – visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre. Depuis sa mise en place, ce système s’attire de nombreuses critiques. En effet, l’achat de crédit carbone permet aux entreprises de se donner bonne conscience et d’améliorer leur image en payant une autre entreprise pour compenser les dommages que son modèle économique engendre.

De plus, le fait de payer pour réduire son empreinte carbone est un luxe majoritairement réservé aux entreprises prospères dans des pays développés. Les entreprises émergentes dans des pays en développement n’ont pas toujours les fonds nécessaires pour acheter ces précieux crédits.

L’utilisation de ces crédits pour compenser les émissions permet d’afficher une neutralité carbone sans remettre en cause les projets n’étant pas vertueux. La pratique de la compensation carbone n’est pas fondamentalement mauvaise. Pour autant, la spéculation sur les crédits et l’assouplissement des règles initiales du Protocole de Kyoto lui ont fait perdre une partie de son intérêt.

L’annonce de Greenidge concernant la compensation carbone intervient alors qu’une nouvelle vague d’attention médiatique attise la controverse autour de la consommation d’énergie de Bitcoin. En début de semaine, Elon Musk a suspendu le paiement en bitcoins pour Tesla en raison de préoccupations environnementales. Pas sûr que le genre d’artifice qu’incarne pour beaucoup la notion de crédit-carbone soit suffisant pour redorer l’image de pollueur qui continuer à coller à la peau de l’industrie du minage de bitcoins.

Thomas G.

Financier et juriste, je suis passionné par les cryptomonnaies depuis leur apparition sur le Deepweb. Fervent supporter du Bitcoin, je suis convaincu que les devises numériques joueront un rôle déterminant dans l'avenir de nos sociétés. Je m'intéresse tout particulièrement aux aspects financiers et législatifs des cryptomonnaies.