Médicament ou drogue ? Peu après son incarcération dans une prison de Brooklyn, Sam Bankman-Fried (SBF) avait rapidement protesté de ne pas avoir assez de beurre de cacahuète et de menus végans derrière les barreaux. L’ex-patron de FTX avait également demandé à cette occasion ses 3 à 4 doses quotidiennes d’Adderall. Un médicament déjà plus que controversé aux États-Unis, et surtout considéré comme une drogue dans beaucoup de pays. La capacité de témoigner de SBF pourrait cependant dépendre de s’il obtient (ou non) encore plus d’Adderall.
Se concentrer ou se droguer ? Aux États-Unis, ça passe, mais pas ailleurs
Vous avez sans doute entendu parler de la grave crise de santé publique qui touche les États-Unis depuis une dizaine d’années : la crise des opioïdes. Il faut dire que le pays est beaucoup moins regardant que d’autres quant à certains médicaments créant de fortes addictions (pouvant conduire à l’overdose mortelle).
Bien que l’Adderall ne soit pas un opioïde, il présente aussi un grand problème d’addiction. Car si cette amphétamine est autorisée en Amérique du Nord pour le traitement du trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH), l’Adderall est considéré comme un psychotrope illégal dans de nombreux pays (où sa simple possession peut entraîner des peines de prison).
Pour en revenir au procès de Sam Bankman-Fried, son cabinet d’avocats a adressé une lettre au juge Lewis Kaplan ce 15 octobre 2023. Comme nous allons le voir ci-dessous, la demande concernant l’Adderall qui y est formulée va être déterminante pour la suite du procès, suivant la réponse du juge.
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Sam Bankman-Fried ne témoignera que si sa dose d’Adderall passe de 10 à 20 mg
Lors de son incarcération en août dernier, Sam Bankman-Fried avait obtenu grâce à ses avocats la possibilité de continuer son traitement (qu’il « prenait depuis 3 ans ») consistant en des comprimés d’Adderall de 10 mg, 3 à 4 fois par jour.
Mais son procès pour de multiples fraudes commises envers les clients de FTX est venu perturber la prise de ses amphétamines :
« Comme cela a été discuté avec la Cour vendredi, depuis le début du procès, M. Bankman-Fried a reçu une dose [de 10mg d’Adderall] entre 4h00 et 6h00 avant d’être transporté au palais de justice. Dose qui se dissipe au moment où le procès commence à 9h30. Il ne reçoit pas d’autre dose avant de retourner à son centre de détention, entre 20h00 et 21h00 environ le soir. »
La cohorte d’avocats de SBF craint ainsi que leur client ne soit « pas capable de se concentrer » pour son témoignage devant la Cour du district Sud de New York ce lundi, à moins d’avoir une plus forte quantité de son psychotrope :
« (…) La proposition actuelle est d’administrer à M. Bankrnan-Fried une dose de 20 mg d’Adderall à libération prolongée pendant 12 heures dans la matinée, avant qu’il ne soit transporté à la Cour de justice pour son procès, le lundi 16 octobre. »
Si ce n’est pas possible, ou que cette surdose « ne produit pas ses effets désirés », les avocats de Sam Bankman-Fried demande d’ajourner au mardi 17 octobre le témoignage de leur client. Après les nombreux témoignages accablants des deux premières semaines de procès, notamment celui de Caroline Ellison (ex-CEO d’Alameda) sur les 10 milliards de dollars « empruntés » aux clients de FTX, on comprend que SBF ait besoin de « se concentrer » pour continuer à plaider non coupable devant la Cour.
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