Procès Sam Bankman-Fried : pas de fraude, simplement de « grosses erreurs »

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C’est pas moi, c’est les autres. En fin de semaine dernière, le très attendu interrogatoire de Sam Bankman-Fried a enfin débuté. Un évènement au centre de toutes les attentions afin de savoir comment l’ex-PDG de FTX allait pouvoir mener sa ligne de défense basée sur la non-culpabilité. Et, cet exercice s’est révélé assez poussif sous la direction de son avocat principal, Marc Cohen, visiblement adepte du noyage de poisson. Toutefois, une stratégie semble se détacher de ce flot de révélations obscènes. Et, c’est de toute évidence en pointant ses collègues du doigt pour chaque faute commise que le milliardaire déchu espère échapper à des décennies d’emprisonnement.

Sam Bankman-Fried, ou le déni de responsabilité

Le procès de Sam Bankman-Fried ressemble à une farce de mauvais goût menée par de jeunes irresponsables aux pouvoirs démesurés. Et, ce sentiment n’a fait que se renforcer à l’arrivée du principal accusé dans cette affaire. Car au fil des questions posées, l’impression de voir un adolescent se faire gronder s’est rapidement imposé de façon assez désagréable.

En effet, Sam Bankman-Fried accepte bien volontiers le fait d’avoir commis de « grosses erreurs » dans le cadre de sa gestion de la plateforme FTX. Néanmoins, il réfute dès son arrivée à la barre toute volonté de frauder qui que ce soit. Et afin d’étayer cette thèse surréaliste, il va passer les heures suivantes à tenter de mettre la responsabilité de ce fiasco sur le dos de ses ex-collègues.

Sam Bankman-Fried, ou le déni de responsabilité
Sam Bankman-Fried reporte la responsabilité sur ses ex-associés et collègues

Et, la première cible de ses attaques n’est autre que Caroline Ellison, ex-PDG d’Alameda Research. Car selon Sam Bankman-Fried, cette dernière « était une bonne manager ». Mais elle « ne s’était pas assez concentrée sur la gestion des risques ». Tout comme Gary Wang et Nishad Singh présentés comme responsables de la mise en place du découvert illimité d’Alameda. Cela suite à ce qui est présenté par la défense comme une incompréhension des directives de SBF destinées à corriger ce bug.

Car finalement, Sam Bankman-Fried ne faisait que superviser ses collègues et associés comme l’aurait fait un simple conseiller. Et, ces derniers étaient tous en capacité de prendre leurs propres décisions. Sa seule véritable erreur étant de ne pas avoir mis en place une équipe dédiée aux risques pour la plateforme FTX.

L’ex-PDG de FTX n’aurait fait que de « grosses erreurs »

Des déclarations difficiles à croire, compte tenu du nombre d’affirmations inverses de la part de ses ex-collègues et associés. Une impression renforcée dès la seconde journée de son interrogatoire, lorsque la question des dons de campagne a été abordée. Car Sam Bankman-Fried a tout simplement nié en bloc le fait d’avoir demandé à son entourage d’effectuer ce type d’opérations, bien souvent illégales.

D’autres révélations ont également eu lieu, cette fois au sujet de la relation très étroite entretenue entre la plateforme FTX et le réseau Solana. En effet, Sam Bankman-Fried avait annoncé en janvier 2021 sur Twitter vouloir racheter toutes les cryptomonnaies SOL d’un trader. Ce dernier affirmant alors que le jeton était surévalué à 3 $ (prix actuel : 33,50 $).

« J’achèterai autant de SOL que tu en as, en ce moment, à 3$. Vends-moi tout ce que tu veux. Ensuite, va te faire foutre. »

SBF

Mais SBF possédait déjà des cryptomonnaies SOL, renommée à cette époque le « Sam Coin ». En effet, il a révélé lors de son procès qu’il en avait acheté bien avant cette affaire au prix unitaire de 0,20 $. Un portefeuille qu’il pensait avoir financé à l’époque avec des « fonds provenant des bénéfices d’exploitation d’Alameda ».

Est-ce qu’une accumulation trop importante de « grosses erreurs » ne finit pas par constituer une fraude avérée ? La question mérite d’être posée dans le cas du procès de Sam Bankman-Fried. Car être le PDG d’une entreprise valorisée en milliards de dollars implique de prendre – et surtout d’assumer – ses responsabilités. Et accumuler les preuves d’incompétence, même sous la supervision d’avocats, est tout sauf une circonstance atténuante…

Hugh B.

Passionné depuis de nombreuses années par l’univers décentralisé des cryptomonnaies et le développement du Web3 j’attache une grande importance à la vulgarisation pour rendre les choses compréhensibles et accessibles à tous. Je suis également un auteur publié.

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