« La position de la SEC n’est pas raisonnable ». Ces mots sont issus d’une ordonnance de protection déposée par Binance US contre la SEC le mois dernier après une énième attaque du régulateur américain. Les services de Gary Gensler accusent la société BAM, entité administrative de Binance US, de cacher des choses et de ne pas vouloir en dévoiler d’autres, en un mot de faire obstruction à la recherche de la vérité. De son côté, les avocats de Binance cherchent à montrer que la Security and Exchange Commission ratisse bien trop large et qu’elle n’a en réalité rien à reprocher à BAM ou à Binance.
Le dernier épisode en date de ce bras de fer est le dépôt d’une plainte de la SEC envers BAM pour exiger que la société lui fournisse les documents qu’elle demande depuis le mois de juin. Touché, mais pas coulé, Binance commence tout de même à montrer des signes de faiblesses, et le régulateur se verrait bien lui porter l’estocade. Explications.
La SEC ne lâche pas sa proie et lance une nouvelle procédure
La passe d’arme entre Binance US – BAM – et le gendarme de la bourse américaine vient peut-être de prendre un nouveau tournant avec une nouvelle plainte déposée le 14 septembre dernier. La SEC liste en effet toute une série de faits qui tendrait à prouver que Binance serait de mauvaise foi et que l’exchange ferait tout pour cacher certains chiffres ou certains mouvements financiers. Ceci est bien entendu l’interprétation des services de Washington, que réfutent les porte-paroles de la crypto bourse. Voici quelques extraits du dossier judiciaire publié la semaine dernière :
« À la date de ce dépôt, BAM n’a produit qu’un peu plus de 220 documents. Beaucoup sont des captures d’écran illisibles de comptes bancaires, des documents sans dates ni signatures, des lettres d’avocats et des tableaux qui semblent avoir été préparés aux fins de ce litige, sans aucune preuve à l’appui ou vérification par une personne proche du dossier confirmant l’exactitude des informations. »
Les avocats de la SEC en rajoutent ensuite une couche à propos de l’entité nommée Ceffu qui est supposée, selon ces mêmes avocats, contrôler les actifs des clients. Binance devait fournir des informations à ce sujet, mais il semble que ce ne fut pas le cas. Le régulateur y voit anguille sous roche et exige des explications.
Les volumes sur Binance US réduits au pain SEC
La SEC veut voir des livres de comptes, des documents bancaires, quelque chose qui montre où sont les actifs des clients, comment ils sont sécurisés et surtout le montant des avoirs totaux pour savoir s’ils couvrent les dépôts. Bref, on pourrait dire que le régulateur fait simplement son boulot, même si pour Binance, il s’agit plutôt d’un acharnement, voire d’un abus d’autorité, d’où sa propre plainte du mois dernier. Mais le temps passant, l’étau se resserre autour de la plateforme de CZ qui commence à pâtir de la situation. Après les différents départs de la semaine dernière qui n’auraient, selon le patron, rien à voir avec la situation, ce sont maintenant les volumes d’échanges qui commencent à subir le FUD carabiné.
C’est ainsi que le 9 septembre, le volume d’échange sur la plateforme américaine de Binance a atteint un plus bas jamais enregistré avec 2,97 millions de dollars, à comparer avec les 230 millions un an plus tôt. On connait la propension de Changpeng Zhao à ignorer les mauvaises nouvelles et à se concentrer sur le travail, mais cela risque de ne plus suffire à rassurer les utilisateurs, voire les investisseurs.
On souhaite tout de même bon courage au juge qui va devoir se pencher sur ce dossier, car le passif entre les deux organisations commence à être long et la justice n’a même pas le temps de statuer sur une plainte qu’une autre est déjà déposée. L’avenir de Binance aux États-Unis se décidera donc probablement dans une salle de tribunal et vraisemblablement dans celui du district de Columbia, à deux pas seulement du Congrès où Gary Gensler en personne, a eu tant de mal à expliquer sa position.
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