Je t’aime, moi non plus – Le géant de la cryptomonnaie Binance fait depuis quelques mois un véritable tour du monde en essayant de prêcher sa bonne parole. Israël, Thaïlande, Europe, Canada et même Paris à l’automne dernier, Changpeng Zhao – dit CZ – ne ménage pas sa peine pour convaincre les régulateurs du bien fondé des ambitions de sa compagnie. Après avoir été mis à la porte de certains pays européens, Binance revient par la fenêtre ! Retour sur le psychodrame que nous ont joué le régulateur britannique et l’iconique CEO ces derniers mois.
Episode 1 : Binance se fait gronder par la FCA et fait profil bas
Les protagonistes de cette histoire sont donc le CEO de Binance et la FCA ( Financial Conduct Authority) – l’équivalent de l’AMF en France (autorité des marchés financiers). Tout commence en juin 2021 quand la FCA annonce que Binance Markets Limited – l’entité britannique de Binance – n’a aucune autorisation de mener ses activités dans le royaume. Cette interdiction concerne uniquement les produits financiers comme les contrats à terme et les options – qui sont soumis à une régulation spécifique – mais cela jette un froid dans les relations. La FCA déclare :
“Le cabinet supprimera, ou lorsque cela n’est pas possible, donnera des instructions pour la suppression de toute promotion publicitaire et financière qu’il a actuellement en direct, quelle que soit la forme qu’ils prennent d’ici la fermeture des bureaux le 30 juin 2021.”
Un porte-parole de Binance répondra :
“ça [l’avis de la FCA] n’a aucun impact direct sur les services fournis sur Binance.com”.
L’histoire d’amour tourne au vinaigre. Cz est vexé, la FCA tourne le dos et les activités de Binance continuent mais au ralenti.
>> Venez vous exposer au Bitcoin aux côtés de Binance, l’acteur leader du secteur (lien affilié) <<
Episode 2 : Binance a une aventure dans le dos de la FCA
La FCA est très stricte sur l’octroi des licences pour les sociétés qui souhaitent vendre des produits financiers. Seule une poignée a eu droit au précieux sésame. Et tel une reine qui cherche un roi pour agrandir son royaume, Binance va “épouser” Eqonex…qui détient les autorisations de la FCA via une entité nommée Digivault. Les bans ont été publiés en début de semaine.
Fin de l’histoire ? Pas du tout ! Car ce mariage – apparemment – arrangé fait beaucoup parler et certains le trouvent entaché d’irrégularités. Binance utilise une société qu’elle vient d’acquérir – Bifinity – pour racheter Eqonex via un prêt de 36 millions de dollars. Légal ou illégal ? LA FCA ne peut pas trancher mais d’après eux ça sent le mariage blanc et les menaces tombent :
«La FCA a également le pouvoir de suspendre ou d’annuler l’enregistrement des crypto-actifs d’une entreprise. Ceci pour un certain nombre de motifs (…), y compris lorsqu’une entreprise ne s’est pas conformée aux obligations en vertu du Règlement sur le blanchiment d’argent.»
Réponse de l’intéressé :
«Nous (en) prenons note avec intérêt et nous nous réjouissons de poursuivre le dialogue avec la FCA.»
Episode 3 : la FCA lui pardonne mais le garde à l’œil
Le 3 mars denier, Cz était à Westminster à Londres pour participer à un diner mondains. Des députés, des Lords, des responsables du trésor et du 10, Downing Street – bureau du Premier ministre – était invités à la soirée. Ils ont religieusement écouter le discours d’un roi – de la crypto.
Il a reconnu avoir «fait des erreurs pour faire de Binance ce qu’il était maintenant» et a ajouté qu’il souhaitait désormais «s’engager de manière plus proactive avec les régulateurs». Un invité de la soirée – qui souhaite garder l’anonymat – a confié au média TheBlockCrypto «c’était comme s’il était ici en train de faire une offensive de charme» et un autre a ajouté que la présence des officiels «indique à quel point le gouvernement prend cela au sérieux».
La FCA a publié une ultime déclaration stipulant qu’elle pouvait retirer le statut enregistré «si elle n’est pas satisfaite” pendant qu’une personnalité anonyme affirmait que Cz cherchait la conformité «d’une manière beaucoup plus sérieuse qu’auparavant». Les amants ont l’air de s’être rabiboché et le contrat de mariage semble maintenant envisageable.
Ils se marièrent et eurent beaucoup de clients ? On sait que les histoires d’amour finissent mal – en général – gageons que cette entente de raison déjoue la fatalité. Binance est jusqu’à nouvel ordre la plus grande plateforme mondiale de cryptomonnaies et sa présence en Europe ne doit rien au hasard. Cela représente pour elle un marché au potentiel énorme, auquel elle a bien envie de vendre sa blockchain new look.
Binance a désormais atteint une taille critique suffisante pour être en mesure de rendre coup sur coup dans ce genre d’escarmouche sur fonds de conquête de Bitcoin à l’échelle internationale. Pour vous inscrire sur l’exchange et vous faire votre propre opinion, c’est par ici.
