STO : l’absence de marché secondaire dédié comme obstacle principal

Le modèle traditionnel des ICO a trouvé ses limites en 2018, miné de l’intérieur par de multiples scams, un amateurisme patent et un manque de statut réglementaire et fiscal des jetons émis par les start-ups blockchain. Cependant, une nouvelle ère s’est ouvert ces derniers mois : celle des STO (Security Token Offering). Il semble cependant que ces nouvelles opérations se heurtent déjà à un problème sérieux : l’absence d’un marché secondaire propre.

ICO versus STO

Il n’est pas inutile de reprendre les différences fondamentales existant entre l’ICO (Initial Coin Offering) et la STO (Security Token Offering). Si dans les deux cas, il s’agira de l’émission d’un jeton (token), sur une blockchain, c’est dans la nature juridique et financière dudit jeton que se cache le distinguo fondamental : le produit d’une STO représente à l’heure actuelle ce que le domaine de la cryptomonnaie est capable de produire de plus proche d’une action traditionnelle.

Ainsi, alors même qu’un token d’utilité (ou utilitaire) n’a pas vocation à offrir le moindre pouvoir à son détenteur sur la marche de l’entité qui l’émet, un token de sécurité pourra être assorti d’un pouvoir de décision, de parts sociales, d’un intéressement aux bénéfices… Les observateurs du secteur estiment qu’il s’agit véritablement là du fameux point de bascule vers une possible « tokenisation » du capital des entreprises.

Quoi qu’il en soit, si le flux des ICO s’est considérable tari, on constate depuis 6 mois une explosion des STO.

Problème : il semble ne pas encore exister de réel marché pour ce nouveau produit financier.

Un manque de marché secondaire

Selon le média The Block, reprenant une étude de Greenwich Associates, si les STO séduisent par leur proposition de valeur, 64% des investisseurs hésitent à franchir le pas en raison de l’absence d’un marché secondaire dédié à ces nouveaux vecteurs d’investissements.

« Bien que les titres de capital-investissement soient considérés comme l’application par excellence des jetons de sécurité, 64 % des dirigeants de sociétés de gestion de blockchain et de sociétés FinTech interrogés par Greenwich Associates affirment que l’absence de marché secondaire constitue le principal obstacle aux investissements dans ces marchés. » Étude de Greenwish Associates, sur la perception des STO en juin 2019.

Dans le cadre de cette étude, 114 responsables du secteur ont été sondés sur les STO, sous l’angle de la promesse initiale : soit le statut de « Killer App » de la blockchain, de nature à provoquer une adoption financière massive.

Las ! en dépit d’un optimisme unanime (les jetons de sécurité sont qualifiés comme de nature à permettre les augmentations de capital, ou éliminer en partie les erreurs humaines), 64 % des participants estiment que le principal obstacle aux investissements est l’absence de liquidité du produit des STO, faute de place de marché dédié.

Une réglementation aléatoire

Au-delà de ce point en particulier, l’étude démontre également à quel point le combat de la réglementation est loin d’être gagné, faute d’un champ de bataille unifié.

En effet, les participants à l’étude ont également souligné les autres défis auxquels font face les STO, le problème le plus grave étant le manque de clarté de la réglementation (63 %), et les disparités de définition financières et fiscales à l’international.

Essentiellement menée en terres anglo-saxonnes, l’étude rappelle ainsi que « les États-Unis continuent d’utiliser  la décision de la Cour suprême de 1946 pour décider quand une offre est de type “security” ».

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