La Turquie déclare la guerre à Bitcoin
Il veut mettre la guerre au Bitcoin – Depuis que l’Homme a constaté qu’il était physiquement en capacité de jeter un caillou sur son voisin, la guerre a toujours fait partie du développement naturel de notre espèce. Et si depuis les temps les plus anciens, les tactiques, les technologies et la forme des affrontements ont sans cesse évolué, une constante est cependant demeurée intacte : la nécessité d’un adversaire identifiable. Un paramètre que le président Turc semble avoir oublié l’espace d’un instant, lui qui vient de déclarer qu’il était « en guerre contre Bitcoin » (spoiler : c’est perdu d’avance).
La Turquie, meilleure ennemie de Bitcoin
Vous connaissez la fameuse maxime, « D’abord ils vous ignorent, ensuite ils se moquent de vous, puis ils vous combattent et enfin vous gagnez ». Le président Turc Erdogan semble s’être avoir mis en application une version allégée de cette doctrine en se propulsant direct, et sans crier gare à la phase du combat, une mécanique qui d’une manière générale correspond assez à sa manière de faire en matière de géopolitique.
Alors bien-sûr, contrairement, mettons au Salvador par exemple, la Turquie n’a jamais été à proprement parler un territoire crypto-friendly, moins encore depuis que la Lire nationale tend à s’effondrer, poussant une partie de la population à s’intéresser aux crypto-actifs, perçus comme plus fiables, et moins sujet à l’inflation que leur propre monnaie. Résultat, une politique dure en matière d’interdiction de toute activité en rapport avec les crypto, dont les rares exchanges turcs ont déjà fait les frais. Le courroux de l’exécutif local se comprend : voir sa propre population se détourner de la monnaie fiat du quotidien pour se précipiter vers Bitcoin, quitte à le payer en mars dernier au cours délirant de 100 000 $ a de quoi froisser l’orgueil des plus fragiles.
Pour autant, jamais le niveau d’agressivité n’avait été aussi élevé qu’il y a quelques heures, alors que, de propos rapportés par Blomberg, le président Tayyip Erdogan répondait aux questions d’un étudiant sur le sujet de monnaies électroniques :
« Nous sommes en guerre contre le bitcoin. Nous luttons contre les cryptomonnaies et nous nous battrons pour les détruire »
Bitcoin, combien de divisions ?
Inutile de vous précipiter afin de stocker pates et papier-toilette dans la perspective proche d’un conflit global qui verrait s’affronter l’armée turque et des légions d’Asic vengeurs sur différents théâtres de conflit.
Comme c’est assez la mode ces temps-ci, ce type de rodomontade est en réalité surtout le symptôme d’une prise de conscience générale par les cercles de leaders politiques, à l’échelle de la planète, que Bitcoin et là pour durer et qu’il a désormais largement débordé des petits cercles d’initiés pour commencer sa conquête du monde.
Une conquête qui dans tous les cas relève plus de la stratégie du cheval troyens que de la brutalité d’un Gengis Khan, une conquête douce, une personne à la fois, un bloc après l’autre, à la mesure du tic-tac de la blockchain Bitcoin.
Et l’ire du président Turc ne doit rien au hasard, elle intervient alors même que la Banque centrale turque procède actuellement à des phases de test concernant sa future Monnaie Numérique de Banque Centrale. Le type d’actif qui pourtant doit tout à Bitcoin et ses technologies, mais qui n’assumera jamais le moindre lien de parenté avec l’illustre ancêtre. Le ministre turc du Trésor et des Finances, Lutfi Elvan expliquait d’ailleurs encore récemment avec le plus grand sérieux : « Il ne faut pas confondre la monnaie numérique avec la cryptomonnaie. D’ailleurs, nous sommes profondément préoccupés par les cryptomonnaies. ».
Ainsi, dans sa guerre chimérique, et au-delà des posture martiales, le président Turc n’a pas le moindre territoire à bombarder, pas de populations à déporter, ni le moindre adversaire identifié avec lequel signer un armistice. Et dans cet affrontement sans soldat, sans armées et où la violence est vaine, Bitcoin a déjà gagné, même si ses adversaires du moment n’en ont pas encore vraiment conscience.