Ce petit malin pense savoir comment neutraliser Bitcoin (BTC)

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Bitcoin inarrêtable, Bitcoin invulnérable, Bitcoin résilient… si la robustesse de l’aîné des cryptomonnaies est souvent mise en avant dans la narrative classique qui entoure l’héritage de Satoshi Nakamoto, le flash crash subi par le réseau il y a quelques jours – dont tout indique qu’il a été causé par un événement unique – porte un coup à la réputation du patron du continent crypto. Si l’événement en lui-même permet de rappeler à quel point le réseau, aussi décentralisé et distribué soit-il, demeure malgré tout très localisé géographiquement, il est également l’occasion pour certains de se poser une question simple : quels leviers faudrait-il activer pour mettre le réseau Bitcoin hors-ligne ?

Le pire du milieu

Il y a quelques jours, en plein cœur d’un week-end jusque là tranquille, le cours du Bitcoin dévissait soudainement, faisant perdre près de 10 000$ à la reine des cryptomonnaie. La chute du roi ébranlait l’ensemble de la cour des altcoins, et à quelques exceptions près, c’est tout le marketcap qui dévissait en l’espace d’une heure, concédant entre 20 et 30% de pertes en moyenne.

Assez rapidement, tous les regards se tournaient vers la Chine. En effet, il s’avérait après recoupements que si Bitcoin avait trébuché si brusquement, c’était en partie en raison d’un enchaînement de circonstances, ayant abouti à la mise hors ligne passagère de nombreuses installations de minage de BTC, tout particulièrement dans la région du Xinjiang, fief historique de nombreux mineurs, associée à un mouvement de semi-panique d’investisseurs les yeux rivés sur le hashrate.

C’est ainsi une explosion initiale dans une mine de charbon locale – bien réelle celle-là – qui dans le cadre d’un effet papillon des plus traditionnels aboutissait finalement à la fermeture par précaution de nombreux data centers de la région et, in fine, à une prévision de chute historique du taux de hashrate du réseau Bitcoin (qui ne s’est pas vraiment vérifiée en pratique, puisque la puissance de calcul ne devait finalement varier “que” de 20% à la baisse, comme l’expliquait Larry Cermak, le contributeur de The Block).

Autrement dit, incarnation d’une globalisation poussée à son paroxysme, un supposé coup de grisou chinois a possiblement provoqué quelques minutes plus tard des fluctuations sensibles de tensions artérielles chez des dizaines de milliers de traders amateurs et pro confondus à travers la planète, tous réunis par des sentiments faisant fi des barrières culturelles : l’angoisse et l’incompréhension face à l’inattendu.

Chute du taux de hashrate Bitcoin le 17 avril 2021

En bref, sans même compter la gueule de bois du dimanche matin sur le front du cours de Bitcoin, un rappel aussi désagréable que brutal du fait que quand les mineurs chinois s’enrhument, c’est tout le réseau Bitcoin qui grelotte, une situation bien loin on en conviendra des idéaux de décentralisation portés par la vision initiale de Nakamoto.

Et pire, certaines voix commencent à se faire entendre pour mettre en avant que, finalement, il pourrait ne pas être si difficile de mettre Bitcoin à terre, au prix d’un peu de coordination. Une rengaine que l’on commence à connaître, et dont on se permettra cependant de douter.

Mettre Bitcoin sur off, mode d’emploi

Dans un récent live, Curtis Spencer un des patrons d’Electric Capital a indiqué la marche à suivre qui selon lui permettrait, au prix d’efforts somme toute raisonnables et d’un peu de coordination internationale, de lourdement compromettre l’architecture Bitcoin.

Interrogé à l’occasion d’un panel sur le sujet de la réglementation des actifs crypto – c’est tendance – Curtis feint de s’interroger : « Le bitcoin pourrait-il vraiment être arrêté par le gouvernement ? ». Et à cette question simple, il apporte une réponse directe :

« Si les États-Unis arrêtent tous les mineurs américains, puis que le Kazakhstan arrête tous les mineurs chez eux – ce genre de chose impacterait 80 à 90 % du taux de hachage assez rapidement »

L’intéressé dresse un parallèle avec une attaque directe du réseau – dont il estime que les états-nations seraient globalement capables de la mener à bien – pour souligner que paradoxalement, ne pas actionner les manettes qui permettraient “d’éteindre Bitcoin” est plutôt le signe d’une absence d’hostilité des gouvernements pour Bitcoin, que la plupart se verraient plus réguler – et taxer bien évidemment – que foncièrement mettre à bas.

Par ailleurs, Curtis observe que la tendance de fonds des régulateurs semble se constituer d’une prise de conscience quant au fait qu’il est impossible d’interdire ou de réellement entraver Bitcoin, sans se priver simultanément du colossal potentiel d’innovation associé à son approche technologique.

La proposition aura au moins le mérite d’ouvrir le débat, même si elle paraîtra bien naïve aux yeux d’un nombre certain de connaisseurs bitcoiners. Rappelons que la question de la possibilité ou non pour un Etat de tuer Bitcoin revient régulièrement agiter la sphère médiatique, et bien souvent même à chaque semi-variation à la baisse d’un hashrate perçu comme la seule protection du Bitcoin face à l’hostilité du monde, alors même qu’elle n’est qu’une métrique parmi d’autres (certes importante), souvent mal (et vite) interprétée.

Est-ce que des gouvernements seraient en mesure de significativement entraver Bitcoin ? C’est à l’heure actuelle discutable. De plus, alors que l’écosystème crypto se développe à grande vitesse et devient de plus en plus mainstream, est-ce que ces mêmes gouvernements y verraient un réel intérêt dans le cadre d’une balance risques/avantages ? On peut en douter.

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Ex-rédacteur en chef du Journal du Coin j'apporte ma petite pierre à l'édifice financier global qui émerge sous nos yeux. Les insultes, scoops, propositions de sujets, demandes en mariage et autres corbeilles de fruits sont à livrer sur mes différents comptes sociaux. Vous pouvez également venir discuter sur le groupe FB associé à l'initiative Tahiti Cryptomonnaies

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