KYC, KYT – Le fournisseur d’analyse blockchain Chainalysis a annoncé une nouvelle relative au Lightning network de Bitcoin, applaudie certainement de deux mains par les régulateurs, mais qui n’est pas sans poser des questions importantes quant au risque de dénaturation progressive des projets cryptos.
Chainalysis et KYT : les transactions sur Lightning Network examinées à la loupe
Les transactions sur la solution de couche 2 de bitcoin, le Lightning Network, pourront bientôt être surveillées via le logiciel Know Your Transaction (KYT) de Chainalysis. Ce dernier a annoncé dans un communiqué du 10 décembre 2021, qu’il supportera le réseau à partir de février 2021.
Les fonctionnalités proposées par le KYT vont de la détection de « modèles d’activité à risque », des adresses sanctionnées ou des transactions suspectes, au gel des dépôts et des retraits provenant / ou vers des adresses sur liste noire. Le KYT est censé aider les organisations, notamment les fournisseurs de services d’actifs virtuels comme les bourses de cryptomonnaies, à mettre en œuvre leur politique de lutte contre le blanchiment, pour se conformer aux normes en vigueur dans ce domaine.
Cette surveillance des transactions sur le Lightning Network est bien évidemment une bonne nouvelle pour les régulateurs qui fantasment sur un contrôle total dans un avenir proches des transferts en cryptomonnaies. Ce contrôle accru bénéficie-t-il pour autant aux utilisateurs des blockchains supportées par Chainalysis ?
L’ombre des banques sur les projets cryptos : les paiements en bitcoin sous surveillance
Une partie de la cryptosphère avait lourdement critiqué Cardano (ADA), lorsque le projet avait révélé son partenariat avec le fournisseur d’analyse blockchain Coinfirm. La collaboration visait à donner la possibilité « à chaque bourse, dépositaire et toute autre tierce partie de suivre clairement l’historique des ADA détenus dans leur portefeuille. » Elle permet également à Cardano de se conformer au cadre réglementaire, notamment aux dispositions contre le blanchiment d’argent.
Weiss Crypto, la filiale de la société de notation financière Weiss Ratings, avait exprimé publiquement son désaccord, allant jusqu’à affirmer que l’ADA voulait purement et simplement suivre la trace des banques.
La cryptosphère doit encore trouver le savant mélange qui permettra aux projets qui le composent, de ne pas sacrifier la décentralisation au nom de la conformité réglementaire. La satisfaction des attentes de régulateurs, la lutte contre les transferts de fonds issus d’activités criminelles, est en train d’importer dans l’écosystème certaines pratiques des banques, allant de la surveillance au gel d’avoirs par une personne tierce – quid dans ce cas d’une décentralisation effective ?
Le Lightning Network est une solution de couche 2 de bitcoin lancé en 2018, qui est supposée résoudre les problèmes de scalabilité du réseau. Il permet des transactions infiniment plus rapides, plus ombreuses simultanément et à moindres frais. Le LN est ainsi particulièrement adapté aux paiements en bitcoin au quotidien. Le portefeuille bitcoin officiel Chivo du Salvador utilise le Lightning Network. L’adoption du réseau ne cesse de progresser au fil des mois. Les données de Chainalysis indiquent qu’un peu moins de 3 600 BTC sont verrouillés dans les canaux publics du Lightning Network au 1er décembre 2021, contre 468 BTC au 1er janvier 2021.
Le Lightning Network bénéficiera ou tombera – c’est selon – sous la surveillance de Chainalysis et de ses clients utilisant sa solution KYT à partir de février 2022. A quand une chute de l’anonymat conféré par Monero (XMR) ? En attendant, d’autres projets comme NYM continuent de susciter des espoirs quant à un monde numérique de demain où le respect de la vie privée redeviendrait une forme de normalité.
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