Banque de France : le sous-gouverneur donne son avis sur les cryptomonnaies
Denis Beau, sous-gouverneur de la Banque de France depuis juillet 2017, a tenu un discours sur les cryptoactifs au Official Monetary and Financial Institutions Forum (OMFIF) qui s’est tenu ce 15 octobre. Il a notamment appelé à une réglementation des cryptomonnaies à une échelle globale.
Les monnaies fiat auraient-elles peur d’être remplacées ?
Dans la retranscription de son discours donné au OMFIF mardi dernier, le sous-gouverneur de la Banque de France (BDF) tient un discours similaire à celui de la Commission européenne : il est pour lui vital d’établir des règles communes pour encadrer les cryptomonnaies.
Denis Beau s’inquiète en effet de l’impact que Bitcoin et les autres cryptomonnaies pourraient avoir à terme sur les politiques monétaires, en cas de franc succès :
« Avec l’émergence de ce que l’on appelle les « cryptoactifs » comme le Bitcoin et les « stablecoins », nous pouvons voir se développer de nouveaux actifs de paiement qui peuvent concurrencer et éventuellement, selon leurs promoteurs, remplacer la monnaie commerciale et la monnaie de banque centrale comme actifs de transaction au centre de nos systèmes de paiement ».
Pour éviter cela, le sous-gouverneur de la Banque de France pense que les régulateurs doivent se mettre d’accord à l’échelle mondiale :
« (…) les régimes [réglementaires] nationaux devraient s’inscrire dans un cadre réglementaire plus large, à adopter au niveau global. Il est en effet nécessaire d’assurer une cohérence d’ensemble pour prévenir l’arbitrage réglementaire, [en respectant le] principe [selon lequel] « à mêmes activités, mêmes risques, mêmes règles » (…) ».
Méfiance envers Libra et les CBDC étrangères
Même si, pour l’instant, Denis Beau considère que l’utilité d’un « euro tokénisé » pour les particuliers lui semble « faible », il accepte pour autant le fait qu’une telle monnaie numérique de banque centrale pourrait :
« (…) éviter que l’offre monétaire ne soit assurée que par des structures de paiement privées (par exemple, Libra) ou par une monnaie numérique de banque centrale n’appartenant pas à la zone euro (…) ce qui présenterait des risques pour la sécurité et la stabilité financière ».
Le sous-gouverneur est d’ailleurs nettement plus favorable à une monnaie numérique « de gros » : c’est-à-dire, échangeable uniquement au niveau des banques. Cette dernière serait d’ailleurs intéressante, si ce n’est souhaitable, selon lui.
Les débats s’annoncent complexes entre corps de régulation, alors même que la question de l’émission d’un crypto-euro géré par la BCE est sur le devant de la scène dernièrement.