Sale temps pour les héritiers de Bitcoin : Ces 20 000 cryptomonnaies qui ne passeront pas l’hiver
Bitcoin vacille, mais tient bon, solide sur ses fondamentaux forgés pour changer le monde ; Ethereum tremble, mais résiste, même s’il est encore fébrile et épuisé au sortir de sa récente opération à cœur ouvert. Constituée du TOP 100 du marketcap, la cour du Roi des cryptomonnaies et du prince des tokens connaît quant à elle des fortunes diverses et tente, tant bien que mal, de résister aux frimas de cette année 2022 horribilis.
Et, face au blizzard, même les projets les plus solides et résilients en conviennent : les temps sont durs pour les multiples représentants de la monnaie magique d’Internet. Mais loin, des feux de la rampe médiatique, au-delà du grand mur du Nord et des 1000 premières places du classement des actifs crypto, que trouve t-on ? Plongée dans les tréfonds du marketcap entre illusions perdues, crypto-zombis et projets mort-nés.
Satyre à balles réelles
Il n’aura échappé à personne que si le marché crypto avait tout du pays de Cocagne en 2021, 2022 l’a rapidement transformé en un immense champ de tir à ciel ouvert pour les infortunés qui s’y seraient aventurés sur un malentendu, et sans les protections adéquates.
Les investisseurs les moins expérimentés ont bien évidemment été les premiers à tomber au champ d’honneur. Rapidement suivis cependant par certaines des plus grosses pointures de l’industrie, fauchées en pleine course, l’une par des effets de levier à sous-munitions, l’autre par une mine anti-personnelle truffée de shitcoins à tête de chiens mignons, aussi mortels que colorés, ou enfin plus simplement portée par un sentiment d’impunité et d’invulnérabilité aussi illusoire que fatal (on embrasse – ou pas – Alex et Do Kwon).
Shitcoins, shitcoins everywhere
Et en guise de munitions dans cet immense jeu à faire perdre de l’argent aux plus naïfs ou aux plus avides (ces deux caractéristiques étant souvent fournies en pack), des multitudes de cryptomonnaies, coins, ou tokens, aussi vite apparus que disparus, embarquant avec eux les rêves de fortunes faciles de leurs infortunés détenteurs.
« Les fantasmes d’enrichissement éclair sont provisoires, les shitcoins sont éternels » dirait le sage (si on en trouvait le moindre dans notre jeune industrie qui a parfois du mal à tirer des leçons de ses propres mésaventures, je vous rappelle que nous vivons dans un monde où LUNA Classic existe).
Quoi qu’il en soit, si l’investisseur lambda retient parfois mal les leçons (les plaies d’argent étant, parait-il, non mortelles, en poussant manifestement certains à se prendre pour Wolverine), la blockchain elle n’oublie rien. Il est ainsi des plus faciles d’aller observer soi-même l’état du champs de bataille et d’en constater l’étendue en se promenant simplement sur Coingecko ou CoinmarketCap.
Une brève histoire de la dominance
Avant d’aller plus loin, un petit rappel, sur les notions de capitalisation totale du marché et de dominance de Bitcoin et Ethereum.
La capitalisation totale du marché crypto est actuellement d’un peu moins d’un trillion de dollars. Ca fait 1000 milliards de dollars (1000 000 000 000 de $) ce qui n’est pas négligeable. Mais, cependant, en chute de 65 % rapporté à l’ATH (all time high) de 3 trillions de dollars datant d’à peine… 10 mois.
La situation n’est, bien sûr, pas propre au secteur crypto, c’est tout les compartiments financiers qui prennent cher ces derniers mois mais, convenons-en : ça tire un peu.
La dominance Bitcoin
La dominance Bitcoin est la part relative du taulier des cryptomonnaies rapportée au marché total. Elle est actuellement de 38% environ (soit 374 milliards de $). Passons à Ethereum qui avec 16% et 159 milliards de capitalisation est encore loin de « flipper » Bitcoin (même si ça fait quand même « flipper » certains maximalistes, faites ce que vous voulez de cette plaisanterie douteuse).
Pour les besoins de la démonstration, ajoutons enfin à cet ensemble le volume des principaux stablecoins, soit USDT, USDC, BUSD et DAI pour un total d’environ 140 milliards supplémentaires.
Total : 547 milliard de dollars. Soit 55% de l’ensemble de la masse cryptomonétaire en circulation. Le calcul est grossier, mais il vous donne une idée des forces en présence.
6 actifs cryptos (dont 4 stables) se partagent donc 55 % de l’ensemble de la valeur de l’industrie. Et, comme vous êtes bon en math, vous en avez immédiatement déduit que les 45 % qui restent sont partagés… entre tous les autres acteurs du marché. Et, vous allez vite voir que ce partage est tous sauf équilibré.
Milles milliards de shitcoins
CoinGecko suit actuellement les cours d’un peu plus de 13 000 cryptomonnaies.
Généreux, Coinmarketcap expose pour sa part les cours de 21 000 actifs (même si pour ce dernier, il est compliqué d’aller fouiller au-delà du rang 10 000, une forme de pudeur probablement).
Ce qu’il faut surtout noter, c’est que le marketcap, un peu comme une ville au XXIème siècle, se compose de différentes zones :
- Le centre historique, avec les grands monuments Bitcoin et Ethereum et les gros immeubles bourgeois du moment (actuellement Solana, Cardano ou Ripple) ;
- Les quartiers bobo résidentiel et d’affaires, en gros le top 100 marketcap (500 millions – 1 milliard de capitalisation), l’ambiance est animée, la croissance continue, y compris en conditions de marché pénibles, la coexistence est globalement pacifique ;
- Jusqu’au rang 500 (30 millions de marketcap environ), les quartiers se font plus populaires, plus contrastés. Les beaux endroits coexistent avec des terrains vagues. Le potentiel est parfois là, mais une dégradation est toujours à craindre ;
- Bordant ces zones, on tombe vite dans la banlieue chaude du rang 1000. Des environnements qui peuvent devenir périlleux, si vous n’en maitrisez pas les codes ;
- Enfin, au-delà du périph, lorsque vous dépassez le 2000ᵉ rang (moins d’un million de dollars de capitalisation) vous arrivez… à la campagne. C’est beau, pittoresque, calme. Mais, si vous êtes amateur d’action, le temps vous paraîtra probablement un peu long.
Arrêtons là cette comparaison pour nous intéresser surtout au fait qu’il existe encore tout un petit monde au-delà de ces cercles, constitué de plus de 10 000 autres actifs crypto-monétaires. Même si le terme « actif » aura rarement été aussi mal porté.
20 000 coins sous les mers
En effet, on rentre là dans la cour des miracles de l’écosystème crypto, voire dans son cimetière des éléphants. Y coexistent les projets de Finance Décentralisée mal conçus, les tokens malformés, inaptes à la survie en conditions réelles de marché, mais également les trop nombreux « scams », uniquement créés dans le but de siphonner les fonds des plus débutants. Y végètent également la myriade de projets et initiatives bien attentionnées, simplement coupables d’amateurisme, ou d’être sortis au mauvais moment, ou conseillés par les mauvaises personnes.
Bref, les tréfonds du marketcap sont un herbier où tout ce qui n’a pas fonctionné dans l’industrie, prend doucement la poussière.
Ah, détail amusant : à partir de la 3 917ème place, même Coingecko a arrêté de compter (notez quand même que la plateforme a fait l’effort d’aller vérifier jusqu’à la 18ᵉ décimale après la virgule l’éventuelle dernière petite trace de capitalisation de VersoView et Lixir Finance).
Quels enseignements tirer de cette énumération sommaire ? Pour croître et prospérer un actif crypto a besoin de racines profondes (un projet, une pertinence, une équipe…) d’un marché où grandir et se développer et enfin, en guise d’eau et de soleil, d’un accès à des liquidités régulières et de bonne qualité.
Apparemment simple, cette synthèse est finalement compliquée à réaliser, surtout quand la confiance se fait rare et l’argent encore plus.
Au final, le constat est aussi navrant que sans appel : même avec une conception large et tolérante de ce qu’est supposé être un « bon » projet crypto ou une cryptomonnaie « prometteuse », entre 95 et 99 % des actifs existants actuellement sont voués à rester – ou rejoindre – la grande décharge des illusions perdues. Quelques gagnants, plus de 20 000 perdants, ne vous reste plus qu’à choisir avec soin.