GUSD : Gemini peut geler les fonds, selon un concurrent

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Trop de surprise tue la surprise – Le 11 septembre, Alex Lebed publiait une revue du code du smart contract sous-tendant les Gemini Dollars (GUSD), lâchant une véritable bombe dans la cryptosphère : le stablecoin émis par l’entreprise privée Gemini, officiellement agréé par les sacro-saints régulateurs américains, serait en fait malléable à merci par cette même entreprise. Surprenant à en tomber de sa chaise.

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Gemini fait évidemment ce qu’il veut de ses crypto-bonds

S’appuyant sur le code disponible à l’adresse suivante, Alex Lebed détaille par le menu les différents droits de modification du smart contract et de gestion de la “transférabilité” des tokens GUSD.

Pour aller à l’essentiel, résumons qu’il identifie que le modificateur public onlyCustodian est capable de littéralement tout modifier dans le smart contract. Et qui est ce onlyCustodian modifier ? On vous le donne en mille : il s’agit de Gemini.

USD on the blockchain, Central Bank on the blockchain too

Ainsi, Gemini serait bien le seul et unique maître à bord : l’entreprise serait capable d’émettre n’importe quelle quantité de tokens, de modifier les conditions de l’implémentation du smart contrat dans des laps de temps de 48 h, conservant ainsi la mainmise sur tous les tokens en existence.

L’argument du stablecoin régulé pourrait être à double tranchant

Même si dans les faits, la situation n’a rien de surprenante, l’auteur pointe du doigt le risque que représente le fait de convertir ses avoirs fiduciaires de la sorte : ce serait se mettre à la merci du bon vouloir de Gemini.

Mais pas seulement : Gemini étant une entreprise régie par les lois américaines, et le token étant “régulé” officiellement, les agences gouvernementales pourraient bien avoir leur mot à dire sur l’utilisation autorisée ou non de ces tokens. Et à terme, influer sur le caractère réellement remboursable des GUSD en USD.

Une review à relativiser

Pour autant, de deux choses l’une, qu’il faut bien garder en tête. Tout d’abord, la pratique en soi n’a rien de bien étonnante. C’est sans doute même une des conditions que l’on peut très clairement s’attendre à voir exigée, à terme, par les différents régulateurs avant qu’ils accordent un statut de “stablecoin régulé”. De plus, et pour rappel, Gemini n’est pas la seule entreprise de la stable-tendance à s’arroger ce type de droits exclusifs : Tether Ltd, émettrice des USDT, fait déjà de même. Et plus encore, elle a de son côté déjà dû recourir à ses droits de préemption sur les tokens : une faille avait été découverte au niveau de son système d’émission, et l’entreprise avait dû provoquer un hard fork dans l’urgence pour geler les avoirs détournés.

Déposant réclamant la convertibilité de son stablecoin favori

Enfin, l’auteur de l’étude n’est pas non plus d’une neutralité absolue : il fait partie du projet de stablecoin “décentralisé” StableUnit et se trouve donc en situation de concurrence violente tandis que les stablecoins continuent à se développer.

En définitive, oui, Gemini peut geler vos précieux GUSD, tout comme Tether peut geler vos précieux USDT. Comme si la stabilité des stablecoins n’étaient pas assez précaire, voilà donc une analyse qui vient ébruiter un secret de polichinelle : quand on réintroduit un tiers de confiance dans l’équation, blockchain ou pas, il reste un tiers de confiance.

Sources : StableUnit ; Tether ; Good Audience ; Bitcoin.com ; Etherscan || Images from Shutterstock

Grégory Mohet-Guittard

Je fais des trucs au JDC depuis 2018. En ce moment, souvent en podcast et la tête dans le nuage.

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