Cryptomonnaie : La banque des banques (BRI) teste un outil pour surveiller les stablecoins
Je vous ai à l’œil ! Au mois d’avril dernier, la Banque des Règlements Internationaux (BRI) souvent appelée la banque des banques (centrales) avait publié un rapport sur les cryptomonnaies indexées sur des devises nationales : les stablecoins. Consciente de leur succès grandissant à travers la planète, la BRI ne pouvait rester sans rien faire et sa direction annonçait alors réfléchir à un corpus de textes qui serait soumis ultérieurement aux juridictions nationales et internationales afin d’encadrer ce secteur et « d’éviter des risques systémiques ». Aujourd’hui, on apprend que cette instance internationale est en train de tester avec la Banque centrale du Royaume-Uni un système baptisé Pyxtrial pour surveiller les réserves de stablecoins et celles des actifs tokenisés à travers le globe. Voyons ça ensemble.
La BRI et la Bank of England lancent le projet Pyxtrial…
Dans le document de 56 pages rendu public par la BRI, on apprend tout d’abord qu’il ne s’agit à ce stade que d’une preuve de concept, c’est-à-dire une preuve de faisabilité ou ce que les américains appellent a proof of concept. Les auteurs rappellent en effet qu’il existe encore des contraintes techniques, mais que c’est surtout au niveau règlementaire que de nombreux obstacles sont présents. En effet, le projet Pyxtrial est supposé surveiller et monitorer des actifs qui sont toujours en cours de règlementation dans de nombreux pays du monde et il est trop tôt pour passer à cette étape.
En attendant, la solution Pyxtrial est développée conjointement par les équipes de la BRI et par celles de la Bank of England et elle se compose d’un modèle de données et d’une interface de programmation de base de données et d’applications. Pyxtrial est pensé pour collecter des données toutes les heures à partir des différentes blockchains et des plateformes hébergeant les stablecoins. Ces données sont ensuite comparées aux données des émetteurs de ces mêmes stablecoins.
… pour surveiller les réserves de stablecoins et celles des actifs tokenisés
L’idée de croiser les données venant directement des réseaux et celles fournies par les émetteurs permettra de combler les éventuelles erreurs, oublis ou omissions venant des émetteurs en question. Il y a effectivement comme un air de suspicion dans l’air que la BRI ne cache pas vraiment quand elle aborde le sujet même des cryptoactifs supposés être sous sa propre surveillance :
« Pyxtrial n’évalue pas la qualité des actifs, la rigueur des évaluations des actifs ou la qualité des sources de données utilisées. »
Projet Pyxtrial : Monitoring the backing of stablecoins – Source : bis.org
Il reste donc un travail règlementaire à faire pour s’assurer de la qualité globale de ces produits financiers, mais la BRI est déjà prête à les surveiller de près. Et cela pourrait ne pas se limiter aux seuls stablecoins puisqu’il est aussi question des actifs tokenisés sur les blockchains, ce que l’on appelle les RWA. Pyxtrial a été pensé pour être robuste et flexible et pourra s’adapter comme ses concepteurs le rappellent :
« Pyxtrial est conçu pour que ses composants techniques [..] soient modulaires et réutilisables. C’est destiné à être adapté aux besoins réglementaires spécifiques et intégré dans les systèmes existants, tout en ayant la flexibilité d’être amélioré à l’avenir. »
Projet Pyxtrial : Monitoring the backing of stablecoins – Source : bis.org
La banque des banques est donc en train de développer un outil automatisé à destination des régulateurs et des autorités du monde entier qui pourront ainsi surveiller l’ensemble des transactions qui concerneront les stablecoins et les actifs tokenisés sur les blockchains publiques. La BRI, sous l’impulsion de son patron Agustín Carstens, n’a jamais caché son hostilité et ses craintes à l’égard des cryptomonnaies en général et après le projet Atlas, Pyxtrial trouvera toute sa place dans l’arsenal de l’institution de Bâle.