L’apprentissage de la démocratie – Après les remous provoqués par la décision de la Fondation Arbitrum de s’attribuer l’équivalent d’un milliard de dollars en jetons $ARB, la DAO était appelé à voter pour trancher le litige. Et n’en déplaise aux opposants au projet, c’est avec une large majorité que l’AIP-1.05 a été rejeté par les détenteurs de jetons qui ont participé au vote. Au-delà du cas précis de cette décision, c’est l’équilibre des pouvoirs entre fondation et DAO qui pose question dans ces nouvelles formes de démocratie 2.0. Retour sur les derniers jours dans la galaxie Arbitrum.
Des membres de la DAO tentent de s’opposer à la Fondation Arbitrum…
Au départ de la contestation d’une partie de la DAO d’Arbitrum, il était question de la décision de la fondation de s’attribuer 700 000 jetons $ARB pour créer un budget administratif (AIP-1). Devant la réaction plutôt négative des détenteurs de jeton, la fondation a donc décidé d’organiser plusieurs votes pour régler le différend.
Mais c’est une proposition venant de membres de la DAO qui a fait parler ce weekend, avec l’AIP-1.05. Il s’agissait de proposer à la communauté le retour des fonds. Mais surtout de se positionner sur un excès d’autorité de la fondation Arbitrum si on en croit le texte soumis au vote :
« La proposition porte sur la restitution des 700 000 $ARB injustement alloués à la Fondation. Ce qui s’est passé avec l’AIP-1 était un dépassement évident du pouvoir de la DAO sur les ressources de trésorerie. [le vote d’aujourd’hui] est un geste symbolique pour démontrer que ce sont les détenteurs de la gouvernance qui contrôlent en définitive le DAO et non le fournisseur de services Arbitrum ou la Fondation. »
…mais ils ne sont pas suivis par la majorité qui préfère le statu quo
Mais les résultats n’ont pas été à la hauteur des espérances de ces frondeurs ! En effet, le texte est finalement rejeté par 84% des votants, soit 118 millions de voix contre. Les « pour » représentent 14,5% avec 21 millions de voix et sont donc balayés par une large majorité. Notons enfin que 1,5% de la DAO s’est abstenu. Les réactions des opposants au projet n’ont pas tardé à fleurir sur les réseaux sociaux. Et notamment certaines baleines en $ARB qui ont justifié leur position en expliquant que ce vote servait « un jeu de pouvoir et qu’il était inutile ».
Cette autre millionnaire en jetons du projet Arbitrum a tenu à calmer le jeu en philosophant sur l’épisode :
« Il y a un équilibre que nous devons essayer d’atteindre entre plaider pour la décentralisation et empêcher les progrès dans l’écosystème. Je crois que la décentralisation sous sa forme idéale est encore introuvable dans cette industrie. »
Il sera très intéressant de suivre les évolutions de ces embryons de démocraties participatives pour voir quelles dynamiques seront à l’œuvre. Les DAO seront-elles une forme de dictature de la majorité sans restriction ? Certaines décisions indispensables à la survie du projet seront-elles prises malgré le désaccord apparent d’une partie de la communauté ? Ce débat revoit inévitablement aux questions posées dans nos démocraties modernes où même les gouvernements légalement élus peinent parfois à convaincre de leur légitimité face aux protestations dans la rue. En attendant, les DAO continuent de faire parler d’elles et restent une forme novatrice d’expression décentralisée.
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