100 nœuds & 1 milliard de dollars pour le GlobalCoin de Facebook
Depuis quelques heures, il est possible à tout un chacun d’entrevoir la vision qu’a Mark Zuckerberg du concept de « décentralisation ». En effet, confirmant que le modèle du GlobalCoin – qu’on s’apprête à adorer ou à détester – sera sans précédent, quelques éléments commencent à fuiter : le futur réseau du stablecoin de Facebook pourrait reposer sur un réseau de 100 nœuds, chacun coûtant la coquette somme de 10 millions de dollars.
Un ticket d’entrée sélectif
The Block citait ainsi hier soir certaines informations relevées initialement par le média The Information : le voile semble se lever à la fois sur l’architecture interne de la future blockchain du GlobalCoin, mais également sur son mode de gouvernance.
Ainsi, Facebook serait actuellement en train de monter une fondation, laquelle aurait vocation à piloter son projet de stablecoin backé par un panier de devises fiat. La formalisation et la composition de cette structure compteraient ainsi parmi les raisons des multiples rencontres énergiques menées par la société californienne ces derniers mois, qui l’ont vu discuter autant avec des leaders de solutions de paiement qu’avec des représentants de Banques Centrales européennes.
Le deal ? Les partenaires sélectionnés de Facebook se verront proposer d’opérer un des nœuds du réseau, ceux-ci étant au nombre de 100, pour la modique somme de 10 millions de dollars l’unité. Cette « petite contribution » offrira aux heureux souscripteurs la possibilité d’envoyer un représentant au sein de la fondation ad hoc (dotée, on l’espère, de quelques pouvoirs de décision sur le réseau).
Si l’intégralité de ces 100 premiers nœuds trouve preneurs (et soyez assurés que tel sera probablement le cas), c’est 1 milliard de dollars qui rentreront dans les caisses de la future fondation. Et comme les choses sont bien faites, 1 milliard c’est également le montant de la levée de fonds que Facebook a proposé à des investisseurs institutionnels il y a quelques mois. Mark a pour ainsi dire le sens du timing.
“L’Etat Facebook”
Copiant éhontément le business model de sociétés comme Flashmoni/Flash4People (humour), il semble que Facebook prévoie également le déploiement de distributeurs physiques ATM assurant une conversion entre GlobalCoins et devises locales. Plus sérieusement, la nouvelle n’est en soi pas foncièrement étonnante, quand on se rappelle que Mark Zuckerberg a déjà expliqué par le passé à quel point les paiements sont d’une importance capitale dans la stratégie d’expansion de l’entreprise. Notons que cette expansion commence à questionner bien au-delà de la simple sphère crypto, de par les tenants et aboutissants d’une telle mainmise potentielle, que d’aucuns désignent même comme la création d’un “Etat Facebook”.
L’entreprise serait tellement avancée dans ses projets qu’elle s’apprêterait à annoncer officiellement son coin dans le courant de ce mois, tout en proposant à titre d’essai à ses employés travaillant sur le projet crypto de les rémunérer en GlobalCoin !
Des cadres sceptiques en interne
Pour autant, si Mark Zuckerberg est passé maître dans l’art de l’emphase, le patron ne ménage pas ses efforts, multipliant les entretiens et parcourant le monde, pour tenter de garantir le succès de son projet crypto. En effet, il sait que cette évolution ne viendra pas sans résistances.
Et justement, en ce qui concerne les oppositions, quelques voix dissonantes commencent à se faire entendre, y compris en interne. Ainsi, toujours selon The Information, Sheryl Sandberg, chef de l’exploitation, et David Wehner, directeur financier, auraient fait part de leur « scepticisme à l’égard de cette initiative ». Ce type de déclaration, à contre-courant, fait un peu tache dans le contexte de la communication millimétrée entourant le « Projet Libra » depuis un an.
Quoi qu’il en soit, ceux qui s’interrogeaient sur le projet de Facebook peuvent commencer à rassembler les pièces du puzzle. En effet, la réponse de Mark Zuckerberg paraît de plus en plus claire : la “décentralisation” du géant au pouce bleu ressemblera bien à un Conseil d’Administration 2.0 pour riches investisseurs.