Breaking : Les Bahamas révèlent détenir tous les actifs de FTX depuis 5 jours
À quoi joue le gendarme financier des Bahamas ? – Dans un dossier de faillite dont les ramifications sont tentaculaires et les enjeux financiers potentiellement colossaux, c’est à une sorte d’abordage sauvage que viennent de procéder les autorités de régulation caribéennes. Le gendarme financier de la petite nation insulaire vient, en effet, de faire savoir que, non seulement le gouvernement aurait récupéré l’ensemble des actifs financiers de la plateforme FTX. Mais que de surcroit l’opération se serait déroulée il y a plusieurs jours, d’une manière qu’on devine rocambolesque.
Coup de théâtre dans le dossier de la faillite FTX
Rapporté notamment par The Block dans la nuit, la Securities Commission of The Bahamas (le gendarme financier local) a fait savoir par communiqué de presse que l’institution gouvernementale avait désormais sous son contrôle « tous les actifs numériques » de FTX.
Un énième rebondissement dans ce dossier hors norme dont on peine à croire qu’il a débuté il y a moins d’une semaine avec l’effondrement retentissant de l’ex-numéro 2 de l’industrie crypto.
La commission indique en outre que ce contrôle des fonds de FTX (aucun montant ni détail n’est précisé) est en réalité effectif depuis le 12 novembre. L’opération de mise sous séquestre est présentée comme s’étant déroulée sous le contrôle de la Cour Suprême des Bahamas, sous couvert du Digital Assets and Registered Exchanges Act de 2020.
Le document souligne enfin que le régulateur entamera bientôt des échanges avec ses homologues internationaux « de multiples juridictions », afin de porter assistance aux créditeurs, clients et actionnaires de FDM (FTX Digital Market, le consortium incluant FTX et certaines de ses filiales et sociétés affiliées).
Un message qu’on pourrait percevoir globalement comme positif (un régulateur financier est en possession des biens des utilisateurs spoliés, ce qui est toujours préférables à les laisser à la fantaisie d’un Sam Bankman-Fried de plus en plus instable). Mais une démarche qui pourrait fort être source de crispations côté américain.
FTX : Une faillite qui aiguise les appétits
On remarque dans le communiqué de presse de la SCB une mention rapide, mais pour le moins inhabituelle, qui renvoie très directement à l’actualité.
En effet le régulateur caribéen prend soin de préciser « qu’il ne reconnait pas en l’état que FDM rentre dans le cadre de la mise sous protection du chapitre 11 du Tribunal des Faillites US ».
On vous expliquait récemment en quoi consiste ce statut américain particulier – Celsius en a bénéficié également en des temps bien trop récents – qui permet notamment à une entreprise en difficulté de continuer ses opérations, sous le contrôle de l’autorité judiciaire US.
Sauf que, ce que dit en substance le gendarme financier des Caraïbes, c’est que si FTX doit faire faillite, ce sera sous sa juridiction, et sûrement pas en territoire américain.
Et pour enfoncer le clou de la provocation, le régulateur de la petite île à la fiscalité douce mais à la poigne de fer, souligne donc avec ce communiqué que, de toute façon, son gouvernement contrôle en réalité les fonds de FTX depuis… plus de 5 jours. Une révélation choc et un gant sèchement envoyé à la figure des autorité américaines, donc.
Les Bahamas, en plein double-jeu ?
On le voit, les enjeux sont tels que se livrent ouvertement, mais très probablement surtout en coulisses des luttes de pouvoir dont on imagine probablement pas la violence.
Les fake news se mêlent ainsi aux informations contradictoires sur fonds de guerre de communication. On se souviendra notamment que les Caraïbes se sont vus reproché d’avoir exercé des pressions afin que FTX ouvre les retraits prioritairement… à ses ressortissants.
Si la nation insulaire a depuis démenti, assurant se soucier des utilisateurs victimes dans leur globalité, le mélange des genres laisse un goût amer à la communauté internationale des utilisateurs lésés qui se sentent exclus de grandes manœuvres occultes qui leurs échappent.
Enfin, de façon plus anecdotique (et pour bien matérialiser toute l’importance de la temporalité), on apprenait que la Police Royale des Bahamas ouvrait une enquête le 13 novembre sur l’effondrement de FTX. Autrement dit 24 heures après que les autorités se soient rendues maîtres des fonds de l’exchange, ce qui n’est pas sans poser la question du cadre juridique dans lequel se sont opérées les opérations de saisies dans ce dossier décidément hors-normes à tous les égards.
Difficile encore de discerner les conséquences de ce bras de fer entre régulateurs, d’autant plus pugnaces que les sommes et les intérêts en jeux sont mirobolants. Une question se pose également de manière lancinante : dès lors que la mise en faillite de FTX sur le territoire US est invalidée, quid de la réalité du rayon d’action de son nouveau CEO John RAY, mis en place par un tribunal américain à l’autorité désormais contestée ? Pour les plus mauvaises des raisons, le dossier FTX n’a décidément pas fini de faire parler de lui.