Facebook aurait envisagé d’utiliser Bitcoin avant de se décider pour Libra
Le battage médiatique a été tel qu’il n’y a presque pas besoin de rappeler le lancement officiel du projet Libra de Facebook en juin dernier, ni d’ailleurs l’hostilité des États qui s’en est suivie. Facebook aurait peut-être finalement mieux fait de rester sur sa première pensée : utiliser Bitcoin (BTC) comme monnaie sur son écosystème de réseaux sociaux.
Pourquoi l’idée de Libra n’est venue qu’après celle de Bitcoin
Bill Barhydt est le CEO de la plateforme d’investissement Bitcoin appelée Abra. Lors d’un épisode du podcast What Bitcoin Did animé par Peter McCormack, M. Barhydt a partagé quelques confidences qu’il aurait reçues d’employés de Facebook.
Il a ainsi révélé que, selon ces employés, Facebook aurait à l’origine envisagé d’utiliser Bitcoin pour les transactions sur ses différents réseaux sociaux : WhatsApp, Messenger et Instagram.
La société de Mark Zuckerberg aurait toutefois considéré qu’elle n’avait « pas d’autre choix » que de développer sa propre cryptomonnaie. Car aux yeux de Facebook, le Bitcoin n’aurait pas été en mesure de soutenir la montée en charge de transactions dans une telle configuration.
« Idéalement, d’après mes discussions, ils auraient préféré utiliser Bitcoin. Je pense qu’ils ont une forte croyance en son système. Mais si vous voulez y construire un système de transferts de fonds et un système de commerce transfrontalier et que vous avez 1,2 milliard d’utilisateurs, aujourd’hui, qu’arriverait-il au réseau Bitcoin ? Les frais de transactions exploseraient en flèche. », Bill Barhydt
Une ambiance électrique
Le CEO d’Abra a continué en expliquant que, bien sûr, Facebook a considéré le Lightning Network (LN), cette solution de seconde couche qui doit fortement améliorer le nombre de transactions par seconde sur le réseau Bitcoin, en soulageant la blockchain principale.
« Ce sont des gens intelligents. Ils ont examiné Lightning, ils ont examiné Bitcoin, ils ont bien réfléchi. Et ils sont arrivés à la conclusion que Bitcoin n’est pas optimisé pour être un véritable réseau de paiement mondial, Bitcoin correspond plus à une réserve de valeur pour le moment. »
Une justification pour le moins bancale
Pour autant, il peut paraître pour le moins simpliste de résumer la préférence affichée de Facebook pour Libra en prenant pour argent comptant ces diverses justifications.
If you honestly believe FB chose its own currency over BTC because of scaling issues, you are, for a lack of a better word, an idiot
FB could trivially use BTC as the underlying asset backing the token of their “scalable” blockchain. Just like they’d use fiat. They don’t want to https://t.co/eNljLzeAsE
— Udi | BIP-420 🐱 (@udiWertheimer) September 8, 2019
Comme l’a souligné – pour ne citer que lui – Udi Wertheimer, contributeur Bitcoin, la véritable question réside plus sûrement dans la volonté de Facebook de s’appuyer ou non sur un système qu’il contrôle de manière quasi-fédérative, plutôt que sur une blockchain publique totalement ouverte.
En effet, les discussions vont toujours bon train en ce qui concerne les possibilités d’utiliser la blockchain Bitcoin comme fondations à d’autres systèmes financiers classiques de seconde couche (comme l’envisageait Bakkt dans ses discussions avec Starbucks en août 2018) ou en tentant d’instituer un système de réserves fractionnaires sur le sous-jacent Bitcoin (un sujet moult fois débattu, notamment aux Etats-Unis).
En tout cas, après Jack Dorsey (CEO de Twitter), voilà un autre exemple de la pénétration de certaines des bases idéologiques sous-jacentes à Bitcoin parmi les géants de la tech. De là à s’y abandonner totalement, il n’y a qu’un pas… qui ne sera sans surprise pas franchi de sitôt par Facebook.