Le prisonnier le plus riche des États-Unis. On doit cette information plutôt cocasse au média américain Fortune qui a trouvé un angle original pour couvrir une des informations les plus importantes de cette journée du 1er mai : Changpeng Zhao a été condamné à quatre mois de prison ferme pour violations des lois américaines sur le blanchiment d’argent en tant que PDG de Binance. Après des mois d’audience, de débats et après le verdict de novembre dernier, on attendait maintenant de savoir quelle serait sa peine et elle fut finalement bien plus légère que prévu.
On doit cette mansuétude surprenante du tribunal au comportement exemplaire de l’accusé durant toute la procédure, mais surtout aux nombreuses lettres de soutien qui ont été envoyées au juge pour soutenir Changpeng Zhao. Retour sur un verdict plus clément que prévu.
La justice américaine lui inflige quatre mois de prison pour violation des lois américaines sur le blanchiment
Pendant deux heures et demie, le tribunal a débattu pour savoir quelle devait être la juste peine à infliger à celui qui a « omis de mettre en œuvre des contrôles efficaces contre le blanchiment d’argent en tant que PDG de Binance ». Durant les débats, le procureur Kevin Mosley a cherché à démontrer que Changpeng Zhao avait délibérément menti et qu’il méritait une peine exemplaire, comme le démontre certaines de ses punchlines qui resteront dans les annales de cette affaire :
« Si M. Zhao ne risque pas l’incarcération après avoir délibérément et volontairement planifié de violer la loi américaine pour construire le plus grand exchange crypto au monde et s’enrichir dans le processus… alors personne ne risque l’incarcération. »
Kevin Mosley, procureur des Etats-Unis – Source : The Block
Mais alors que l’on avance dans les débats, une petite musique commence doucement à monter dans le tribunal et tout le monde se rend compte que CZ n’est finalement pas la personne malveillante que le ministère public essaye de confondre. Et devant cette réalité et face aux arguments présentés par la défense, le procureur continuera d’insister et de faire valoir ses arguments :
« Beaucoup de très bonnes personnes font quand même de mauvaises choses et violent quand même la loi. »
Kevin Mosley, procureur des Etats-Unis – Source : Coindesk
Mais c’est trop tard, les débats ont définitivement basculé en faveur de l’accusé qui n’en finit plus de s’attirer la sympathie du tribunal et surtout du juge Richard Jones.
La bonne volonté et la réputation de Changpeng Zhao jouent pour lui devant le tribunal
Devant un procureur médusé, ce dernier finira même par faire la déclaration suivante :
« Pour être honnête avec vous, monsieur, tout ce que je vois sur votre histoire et tout ce que l’on dit de vous est de nature à atténuer les faits. »
Richard Jones, juge en charge du dossier Changpeng Zhao – Source : Coindesk
Le juge fait référence aux nombreuses lettres de soutien en faveur de l’accusé qu’il a parcouru tout le week-end et du haut de ses 74 ans, le juge Jones reconnait « qu’il n’a jamais vu ça » ! Les avocats de la défense se sont immédiatement engouffrés dans cette brèche pour enfoncer le clou et rappeler « la coopération extraordinaire de CZ avec les autorités américaines », ainsi que son « passé vierge de toute condamnation criminelle » pour finalement insister sur « les activités philanthropiques de leur client ».
Le juge reconnaitra alors la valeur de celui qui a risqué « toute sa fortune pour faire de Binance un succès » mais il nuancera tout de même le tableau en rappelant qu’il a probablement pêché par orgueil :
« Le simple fait que vous puissiez inscrire votre nom à côté de la plus grande opération crypto de la planète ne vous donne pas le pouvoir discrétionnaire de choisir les réglementations à suivre ou non. »
Richard Jones. juge en charge du dossier Changpeng Zhao – Source : Coindesk
Le juge condamnera finalement l’ex-patron de Binance à seulement 4 mois de prison. Aussitôt le verdict prononcé, CZ a pris la plume pour remercier tous ceux qui l’ont soutenu et pour rappeler ses engagements futurs en matière d’éducation. Il se réjouit que « l’industrie entre dans une nouvelle phase de régulation » et rappelle que « la conformité est importante pour le secteur ». Avant de lâcher un ultime et légendaire « Les fonds sont SAFU ! ». Jusqu’au bout, CZ aura su cultiver son flegme légendaire et sa sympathie manifestement contagieuse. Plutôt élégant pour celui qui était considéré n’y a pas si longtemps comme l’ennemi public numéro 1 des USA.
