Darknet et blanchiment d’argent : le PDG de Bitzlato plaide coupable
La crypto, c’était mieux avant ! C’est sûrement ce que doivent se dire les criminels de tous poils qui utilisaient tranquillement la cryptomonnaie pour blanchir leur argent sale au milieu des années 2010. Mais depuis quelque temps, la fête est finie et les polices du monde entier scrutent maintenant avec attention tout ce qu’il se passe sur les blockchains. Elles saisissent des portefeuilles et trainent devant les tribunaux tous ceux qui se pensaient à l’abri derrière l’anonymat de leurs écrans. C’est le cas du fondateur de l’exchange Bitzlato qui est actuellement en prison aux États-Unis après avoir été très léger, et c’est un euphémisme, sur les contrôles d’identité des personnes utilisant les services de sa plateforme. La justice parle du blanchiment de 700 millions de dollars issus du Darknet et de rançongiciels. Plongeons ensemble dans le pire de la crypto.
La justice américaine veut taper fort sur cet exchange aux pratiques plus que douteuses
Dans le dossier de presse rendu public par le bureau du procureur du district est de New-York, la description des activités de Bitzlato est sans équivoque et la culpabilité des mis en cause ne fait pas vraiment de doute. La justice américaine a d’ailleurs déjà des certitudes avant même la tenue du procès et elle les étale au grand jour. Extrait :
« En raison des procédures déficientes de connaissance du client (KYC), Bitzlato est devenu un paradis pour l’argent du crime et pour les fonds destinés à être utilisés dans des activités criminelles. La plus grande contrepartie de Bitzlato dans les transactions de cryptomonnaie était Hydra Market, un marché en ligne de stupéfiants, d’informations financières volées, de documents d’identification frauduleux et de services de blanchiment d’argent. Hydra était historiquement le marché le plus important du Darknet. »
Bureau du procureur du district est de New-York – Source : communiqué de presse
La justice estime à environ 700 millions de dollars les sommes provenant d’activités illégales qui sont passées sur Bitzlato pour être blanchies, dont au moins 15 millions de dollars issus de ransomware (ou rançongiciels en bon français). Officiellement basé à Hong-Kong, l’exchange a lourdement péché en matière de vérification d’identité de ses utilisateurs, ouvrant ainsi la porte à l’argent des criminels du monde entier. Les dirigeants le savaient-ils ? En ont-ils finalement profité ? Ou sont-ils des victimes de leur manque de vigilance ? La justice américaine a clairement un avis sur la question.
Le dirigeant de Bitzlato plaide coupable de blanchiment d’argent
Tout d’abord, le principal mis en cause, Anatoly Legkodymov, un ressortissant russe, a décidé de plaider coupable, ce qui semble indiquer qu’il était bien au courant de ce qu’il se passait sur sa crypto bourse. Ensuite, devant le juge new-yorkais Eric N. Vitaliano, l’ex-PDG de Bitzlato avait déjà renoncé aux 23 millions de dollars saisis sur la plateforme il y a quelques mois, en même temps qu’il fermait définitivement son entreprise. Enfin, cette fois-ci, il accepte carrément de plaider coupable et voici la réponse du procureur :
« Le plaidoyer de culpabilité de Legkodymov aujourd’hui confirme qu’il était bien conscient que Bitzlato, son exchange de cryptomonnaies, était utilisé comme un tourniquet ouvert par des criminels désireux de profiter de ses contrôles laxistes sur les transactions monétaires illicites. L’accusé pensait peut-être qu’en opérant depuis l’étranger, le KYC serait optionnel, mais cette procédure et cette condamnation démontrent le contraire. »
Bureau du procureur du district est de New-York – Source : communiqué de presse
L’équipe de procureurs en a profité pour lancer un appel aux criminels qui seraient tentés d’utiliser la cryptomonnaie pour recycler leur argent sale : la justice américaine opère partout et utilisera tous les outils disponibles pour contrecarrer ce type de projet.
Cette opération a d’ailleurs été menée conjointement par la National Cryptocurrency Enforcement Team, par le Bureau des affaires internationales du ministère de la Justice américain et par l’attaché juridique du FBI en France. Le Département de la Justice américain souhaite également remercier la Division Cyber du Parquet de Paris et le Commandement du Cyberespace de la Gendarmerie Nationale. Il s’agit d’un bel exemple de collaboration internationale pour mettre fin aux agissements des escrocs sans frontières.